Après deux décennies de dictatures, le président Hernán Siles Zuazo récupérait une Bolivie en piètre situation économique frappée par l'hyperinflation. Celui-ci ne réussit pas à améliorer l'état du pays et les mécontentements des milieux ouvriers se faisaient de plus en plus importants. Bien qu'il devait terminer son mandat en 1986, Siles Zuazo décide donc de procéder aux élections de manière anticipée. Les principaux aspirants au poste, l'ancien président Víctor Paz Estenssoro et l'ancien président de factoHugo Banzer Suárez dirigeaient deux partis de droite (à degrés divers) et promettaient de profondes réformes visant à relancer l'économie bolivienne. La participation au scrutin est d'ailleurs importante. Les élections générales de 1985 marquent d'ailleurs le début d'une succession de présidences néolibérales durant vingt ans[1].
Système électoral
La Loi électorale de 1980 définit à son article 45 les personnes bénéficiant du droit de vote. Celui-ci se détaillant comme suit : « Sont citoyens les Boliviens hommes et femmes, majeurs de vingt-et-un ans s'ils sont célibataires ou de dix-huit ans s'ils sont mariés, peu importe leur instruction, leur occupation ou leur rente ».
Postes à pourvoir
Les listes étaient fermées et bloquées. En plus de l'élection du président et du vice-président, il se votait au cours du même processus électoral, les députés, les sénateurs, les maires et les conseillers municipaux.
Élection du binôme présidentiel
Tel que l'établit la Constitution de 1967, la Loi électorale de 1980 prévoit que le président et le vice-président doivent être élus à la majorité absolue du vote populaire, dans le cas contraire, il revient au Congrès national de choisir le président via un vote indirect[2].
Divisions électorales
Comme lors des élections antérieures, deux types de circonscriptions permettent l'élection des politiciens boliviens. D'un côté, la circonscription nationale afin d'y élire le président et le vice-président et de l'autre, les neuf circonscriptions départementales qui permettent l'élection des sénateurs et députés. Des maires et conseillers municipaux y furent également élus, des circonscriptions municipales existaient également à cette fin, celles-ci servaient par contre uniquement aux élections municipales.
En ce qui a trait au Sénat, il s'est maintenu la règle présente depuis les élections générales de 1979, selon laquelle chaque département élirait trois sénateurs. Quant à la Chambre des députés, la distribution de sièges est conforme à celle établie depuis les élections générales de 1980. Le tout se détaillant comme suit[3] :
Un total de dix-huit candidatures s'est présenté aux élections de 1985, soit le plus grand nombre de l'histoire politique bolivienne. Les règles afin de poser sa candidature pouvaient souffrir d'un manque de clarté ou leur application était défaillante. Ainsi, Jaime Paz Zamora, qui était vice-président lors de la période qui se concluait, a pu être habilité comme candidat à la présidence.
Résultats
Bien que l'Action démocratique nationaliste (ADN) ait gagné la première place au suffrage populaire, celle-ci ne constitue toutefois pas la première force parlementaire, en raison du fait qu'elle ait remporté la première place uniquement dans deux départements, soit ceux de La Paz et de Cochabamba. Même s'il obtient la deuxième place en ce qui a trait au suffrage populaire, le Mouvement nationaliste révolutionnaire (MNR) devient tout de même la première force parlementaire avec une majorité de sénateurs et plus de députés que l'ADN[4].
Les résultats des élections générales de 1985 laissent suggérer que la population recherche un gouvernement stable qui aura la fermeté et la capacité de résoudre les problèmes qu'apparemment la gauche n'a pas été capable de faire. Des partis comme le MNR et l'ADN font campagne en mettant l'accent sur les solutions à la situation économique et sociale actuelle et sur l'expérience gouvernementale dont ils bénéficiaient[4].
Le mécontentement vis-à-vis la gestion économique du gouvernement de gauche et le blocus parlementaire des partis de droite sont des raisons qui ont suscité un déplacement du vote vers la droite lors de ces élections, mais également un déplacement global du centre électoral vers la droite[4].
Après l'élection, les partis de gauche décident de soutenir Víctor Paz Estenssoro afin d'empêcher Banzer d'accéder au pouvoir lors de l'élection du président par le Congrès. Essayant d'éviter l'expérience de la période précédente, le MNR nouvellement élu cherche à stabiliser les relations entre l'exécutif et le législatif à travers le Pacte pour la démocratie, qui réunissait déjà les deux tiers des membres de la Chambre des députés et pratiquement tout le Sénat. Ce pacte a permis au système politique d'atteindre un ordre qui a mis exclusivement l'accent sur cette relation entre les pouvoirs et qui a survécu pendant près de deux décennies[4].
Résultats des élections générales boliviennes de 1985[5]
Le , le Congrès national se réunit pour élire le président de la République, procédure prévue par la Constitution lorsqu'aucun candidat n'obtient la majorité absolue lors du vote populaire[6]. Le candidat du MNR, Víctor Paz Estenssoro, est élu président de la Bolivie, obtenant l'appui de la majeure partie des groupes politiques.
↑ a et b(en) Union interparlementaire, Bolivie - Archive des résultats des élections parlementaires - 1985, Genève, 2 p. (présentation en ligne, lire en ligne), p. 1-2
↑(es) República de Bolivia, Constitución Política de Bolivia de 1967 con reformas de 1994, La Paz, (lire en ligne), art. 90