Les élections législatives doivent en principe avoir en lieu l'année suivante, mais Napoléon III préfère écourter le mandat de la première législature issue des élections de 1852[1]. Par ces élections, il veut ainsi montrer à la France et à l'Europe la popularité du régime[1].
Malgré une abstention élevée (35,5 % des inscrits[2]) qui s'explique entre autres par le refus des républicains et des orléanistes[1] de participer à ce qu'ils considèrent comme une mascarade et l'appui décisif apporté par le gouvernement aux candidats officiels, ces élections constituent le plus important succès électoral de l'Empire.
Face aux candidats officiels, soutenus par les services du ministre de l'intérieur, l'opposition est morcelée, y compris au sein de chacun de ses formations politiques, qu'elle soit légitimiste, orléaniste ou républicaine. Les royalistes sont en effet peu actifs après la tentative infructueuse, faite à Frohsdorf en 1853, d'alliance des légitimistes et des orléanistes. Malgré tout, contrairement à ceux-ci, les légitimistes se prêtent au jeu électoral et présentent des candidats[1].
La fraude est endémique. Le poète François Ponsard, candidat de l'opposition à Vienne, décrit ainsi le scrutin :
« Les maires, commissaires de police et gardes champêtres ont fait voter le bétail rustique comme ils ont voulu. On a arrêté les porteurs de mes bulletins et déchiré mes affiches ; on a pris mes bulletins dans la main et jusque dans les maisons des paysans en leur faisant toutes sortes de menaces ; on a promis aux maires des foires, des églises, des chemins et des secours pour les inondés de l'an dernier[3]. »
Malgré trois millions quatre cent mille abstentions qui ternissent ce succès, les candidats officiels remportent 85,7 % des suffrages exprimés (5 202 200 voix[4]). L'opposition s'est battue en ordre dispersé, entre d'une part les républicains et les libéraux (645 000 suffrages[4]) et d'autre part les légitimistes et cléricaux (151 000 voix). Ce sont les républicains qui engrangent des voix supplémentaires, notamment dans les grandes villes (progression de 15 000 voix à Paris). Lazare Hippolyte Carnot, Michel Goudchaux et Louis Eugène Cavaignac sont élus mais refusent de prêter serment et ne peuvent en conséquence siéger.
Elections complémentaires d'avril 1858
À Paris, les républicains décident de présenter des candidats[1], et le directeur du Siècle, Léonor-Joseph Havin, impose aux côtés des « vieux » de 1848 des nouveaux qui acceptent de prêter serment s'ils sont élus[1].
Malgré le succès massif des candidats officiels (90 % des suffrages exprimés), l'opposition républicaine progresse dans les villes. Elle échoue de justesse à Lille et obtient un siège à Lyon[1]. À Paris, ils obtiennent 5 des 10 circonscriptions électorales, dans le centre et l'est [1]. Avec les partielles de 1858, ils remportent 2 des 3 sièges vacants à Paris[1].
À la suite de cette progression relative de l'opposition républicaine, l'Empereur refuse de remettre en cause le suffrage universel comme le lui demande son entourage, en particulier le ministre d'État Fould[1]. Faire voter les campagnes est en effet, à l'époque, un moyen sûr de contrer l'opposition républicaine majoritairement présente dans les villes, d'autant plus que les soutiens apportés aux candidats officiels permettent de biaiser nettement les résultats.
Résultats détaillés
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Trouver des sources sur « Élections législatives françaises de 1857 » :
↑Vier, La Comtesse d'Agoult et François Ponsard d'après une correspondance inédite, 1843-1867, I, Paris, Armand Colin, 1960, cité dans Plessis 1979, p. 191.
↑ a et bFrédéric Salmon, Les résultats des élections et référendums en France - 1848-2018.
↑Notice biographie de Garnier-Pagès sur le site de l'Assemblée nationale
↑Pierre Milza, Napoléon III, Paris, Perrin, 2004, réédition collection Tempus, 2006, p. 320-321
Bibliographie
Alain Plessis, Nouvelle histoire de la France contemporaine, t. 9 : De la fête impériale au mur des fédérés, 1852-1871, Paris, Éditions du Seuil, coll. « Points. Histoire » (no 109), , 253 p. (présentation en ligne).
Édition revue et mise à jour : Alain Plessis, Nouvelle histoire de la France contemporaine, t. 9 : De la fête impériale au mur des fédérés, 1852-1871, Paris, Éditions du Seuil, coll. « Points. Histoire » (no 109), , 254 p. (ISBN2-02-000669-3).