5 janvier : le général d’Amade prend le commandement du corps expéditionnaire chargé de la pacification du Maroc à Casablanca[2] ; il dirige la répression et mène de sanglants combats en février et en mars contre les Chaouïa. Les effectifs sont portés à 14 000 hommes[3].
1er mai : Gabriel Angoulvant, nommé le , prend ses fonctions de lieutenant-gouverneur de Côte d'Ivoire[7]. Face à l’insurrection des Abé, des Baoulé et des Bété, il entreprend la pacification du pays (1908-1916) : opérations militaires, internements, amendes de guerre, regroupement de villages[8].
10 juin : le commandant du territoire de Tombouctou-Niamey Laverdure bat les Touareg Igouadaren, Kel-Temoulaït et Imdedren à Banéi et obtient leur soumission[11].
19 octobre : la Chambre Belge vote l’annexion du Congo fondé par le roi des Belges Léopold II, effective le 15 novembre[14]. La Belgique adopte une « charte coloniale » adoptant le principe de « la colonisation rationnelle ».
Création du Peoples Union, premier parti politique du Nigeria[17].
Création de l’association l’Aurore de Saint-Louis par de jeunes intellectuels sénégalais ayant étudié en Occident. Elle devient le Club des Jeunes Sénégalais en 1912 et se politise[18].
17 février, Mexique : Porfirio Díaz, interviewé par James Creelman, de la version américaine de la revue Pearson's Magazine, annonce qu’il accepte la présence d’un candidat d’opposition aux élections de 1910[19]. Un grand propriétaire terrien, Francisco Indalecio Madero, prend l’initiative de réclamer des élections honnêtes dans son livre paru en décembre « La Succession présidentielle en 1910 », qui connaît un vif succès. Il crée un parti anti-réélectioniste qui menace le régime, puis est emprisonné[20].
19 décembre : Juan Vicente Gómez évince par un coup d’État le dictateur Cipriano Castro au Venezuela et se maintient au pouvoir jusqu’à sa mort en 1935[24]. Le « tyran des Andes » s’impose aux autres caudillos et ouvre pour le Venezuela l’ère du pétrole, en distribuant des concessions aux compagnies britanniques et nord-américaines.
Asie et Pacifique
12 mars : début d'un mouvement de protestation contre les corvées et les impôts dans la province de Quảng Nam en Annam (dit « révolte des cheveux coupés »). Le mouvement, non violent, s'étend aux provinces de Quảng Ngãi, Thừa Thiên et à la ville de Hué. Il se radicalise et des manifestations tournent à l'émeute le 16 avril dans le Bình Định[25]. Le pouvoir colonial envoie des troupes et le mouvement est arrêté dans son extension à la mi-mai au Phú Yên, après la capture des meneurs à Nha Trang et à Phan Thiết, puis s'essouffle à partir du 15 juin[26].
3 avril : Arthur Ruppin arrive à Jaffa pour diriger le Bureau palestinien de l’Organisation sioniste et la Palestine Land Development Company (Hahsharat Hayishouv) pour l’acquisition, la vente et la mise en valeur de la terre en vue de l’installation de populations juives. Le 8 juin, il fonde une ferme expérimentale à Daleika, en Galilée, désormais appelée Kinneret[28]. Après la seconde vague d’émigration juive (1905-1907), il y a 85 000 Juifs en Palestine, soit 12 % de la population totale[29]. Parmi eux, de nombreux intellectuels et ouvriers russes, révolutionnaires et socialistes, ayant quitté la Russie après l’échec de la révolution de 1905, qui contribuent à créer les fondations de ce qui deviendra l’État d’Israël en 1948[30].
28 avril, Bali : chute de Klungkung. Après que le gouvernement néerlandais de Batavia a établi le monopole du commerce de l’opium (13 janvier), les Balinais se révoltent. Les troupes néerlandaises interviennent et le raja Dewa Agung Jambe II, réfugié au palais de Klungkung, est tué. Immédiatement ses six épouses se suicident (puputan), suivies par deux cents personnes de la suite du roi[32]. Un protectorat est imposé par les Néerlandais.
20 mai : création du Budi Utomo par des étudiants indonésiens de Batavia[34]. Ce mouvement d’intellectuels contribuera à la formation de plusieurs leaders du mouvement nationaliste.
28 juin : tentative d’empoisonnement au datura de la garnison française de Hanoï au Tonkin[36]. 80 soldats et 125 artilleurs du 9e Colonial sont empoisonnés par des artilleurs annamites obéissant aux révolutionnaires lettrés soutenus par la bande du Đề Thám[37].
3 juillet : début de la révolution des Jeunes-Turcs contre le gouvernement du Sultan ottoman (fin en 1909). Les 23-24 juillet, l’armée turque de Macédoine fait un coup d’État, obligeant le sultan à rétablir la Constitution de 1876 et à organiser des élections en octobre-novembre[39]. Les membres du Comité « Union et Progrès » rentrent d’exil et assument la charge du gouvernement. L’empire connaît des journées de liesse générale.
28 septembre : le dalaï-lama se rend à Pékin et rencontre de nombreux diplomates, y compris français, tout en réaffirmant (audience du 14 octobre) la position du Tibet vis-à-vis de l’impératrice Cixi – celle d’une relation de « chapelain-patron » et rien de plus[42].
2 décembre, Chine : le dernier empereur mandchou Puyi monte sur son trône, à l’âge de trois ans[44], sous la régence de son père, Chun, qui chasse Yuan Shikai en janvier 1909 pour venger son frère l’empereur Guangxu[45].
Déclaration du secrétaire d’État pour l’Inde, Lord Morley, qui fait valoir que l’intérêt du peuple indien est de voir se créer un corps médical indépendant, en encourageant le développement de la profession[46].
20 mars, Empire allemand : loi sur la colonisation interne (Ansiedlungsgesetz)[48]. Pour favoriser l’installation de paysans allemands dans les territoires polonais du Reich, dans le cas où les Polonais refuseraient de vendre leurs terres, le gouvernement se fait donner l’autorisation d’exproprier les récalcitrants. La procédure n’est pratiquement pas utilisée mais provoque le mécontentement des Polonais. La colonisation allemande ne progresse guère.
29 juin : réorganisation générale de la curie romaine par la constitution Sapienti consilio[55]. Réforme de la « Propagande » (Congrégation pour la Propagation de la Foi) qui devient Congrégation pour l’évangélisation des peuples, par le pape Pie X, qui permet à celle-ci de se consacrer au contrôle et à l’organisation des missions.
28-30 septembre : « Conférence internationale pour la protection du travail », réunie à Lucerne (Suisse)[59]. Elle interdit le travail industriel nocturne pour les enfants de moins de quatorze ans.
6 octobre : annexion de la Bosnie-Herzégovine par l’Autriche-Hongrie[39]. Après avoir obtenu l’accord de la Russie en échange de concessions dans les détroits, l’empereur François-Joseph d’Autriche annexe la Bosnie-Herzégovine, ce qui provoque une crise internationale. Le pays sera gouverné comme territoire commun des deux États de la monarchie austro-hongroise, sans être intégré à la Hongrie, qui ne tient pas à un accroissement des populations slaves.
↑Joseph-Roger de Benoist, Église et pouvoir colonial au Soudan français : les relations entre les administrateurs et les missionnaires catholiques dans la Boucle du Niger, de 1885 à 1945, Karthala Éditions, , 539 p. (ISBN978-2-86537-169-3, présentation en ligne)
↑Louise Müller, Religion and Chieftaincy in Ghana : An Explanation of the Persistence of a Traditional Political Institution in West Africa, LIT Verlag Münster, , 306 p. (ISBN978-3-643-90360-0, présentation en ligne)
↑Michèle Merger, Les entreprises et leurs réseaux : hommes, capitaux, techniques et pouvoirs, XIXe – XXe siècles : mélanges en l'honneur de François Caron, Presses Paris Sorbonne, , 838 p. (ISBN978-2-84050-122-0, présentation en ligne)
↑José Mario Contreras Valdez, Jesús Méndez Reyes, Poder público y poder privado : gobierno, empresarios y empresas, 1880-1980, UNAM, , 433 p. (ISBN978-970-32-2855-3, présentation en ligne)
↑Mireya Sosa de León, La crisis diplomática entre Venezuela y México 1920-1935 : visión histórica, Fondo Editorial Humanidades, , 393 p. (ISBN978-980-325-313-4, présentation en ligne)
↑Gabriel Hanotaux et Alfred Martineau, Histoire des colonies françaises et de l'expansion de la France dans le monde, vol. 5, Plon, (présentation en ligne)
↑Nguyên Thê Anh, Le mouvement de protestation de 1908 contre les corvées et les impôts au Centre Vietnam, Colloque « Echanges, Ethiques et Marchés, Europe-Asie, XVIIe – XXe siècles », La Rochelle, (présentation en ligne)
↑Thierry Fabre et Yadh Benachour, Comprendre la violence et surmonter la haine en Méditerranée : rencontres d'Averroès, vol. 9, Éditions Parenthèses, , 136 p. (ISBN978-2-86364-118-7, présentation en ligne)
↑Eva Telkès, L'université hébraïque de Jérusalem à travers ses acteurs : la première génération de professeurs, 1925-1948, Champion, , 364 p. (ISBN978-2-7453-0879-5, présentation en ligne)
↑Daniel Hémery, L'Indochine, les droits humains entre colonisateurs et colonisés, la ligue des Droits de l'Homme (1898-1954), vol. 88, Revue française d'histoire d'outre-mer, (présentation en ligne), p. 234
↑Marc Séguin et Benoît Villeneuve, Astronomie et astrophysique : cinq grandes idées pour explorer et comprendre l'Univers, De Boeck Supérieur, (ISBN978-2-7613-1184-7, présentation en ligne)
↑(en) Thê ́Anh Nguyêñ, Philippe Papin, Parcours d'un historien du Viêt Nam : recueil des articles, Paris, Indes savantes, , 1026 p. (ISBN978-2-84654-142-8, présentation en ligne)
↑L'expropriation : Recueils de la Société Jean Bodin pour l'histoire comparative des institutions, vol. 2, De Boeck Supérieur, (ISBN978-2-8041-3210-1, présentation en ligne)
↑José Estébanez Álvarez, Lecturas geográficas : homenaje al profesor José Estébanez Álvarez, Editorial Complutense, , 1730 p. (ISBN978-84-7491-577-8, présentation en ligne)