Fils d'un pasteur, il suit de 1923 à 1929 les cours du lycée de langue allemande Stefan Ludwig Roth de Mediaș où il apprend (mal) le roumain[2], puis il commence des études de droit à Cluj, mais, mauvais élève « au comportement de voyou », il est exclu et devance l'appel pour le service militaire dans l'armée roumaine.
La Transylvanie connaît alors des conflits entre les différentes tendances politiques saxonnes. Au groupe conservateur, le Parti allemand, mené par Hans Otto Roth, s'oppose un courant pangermaniste dirigé par Fritz Fabritius. En 1935, du groupe de Fabritius se détache une fraction nazie : le Parti populaire allemand, mené par Alfred Bonfert et Waldemar Gust, que Schmidt suit. Les autorités roumaines interdisent cette organisation et le trio Bonfert-Gust-Schmidt forme alors le Nationale Arbeitsfront (Front national du travail)[3].
En 1938, Andreas Schmidt part à Berlin pour étudier l'agronomie. Il y épouse Christa Berger, fille du Brigadeführer SS Gottlob Berger, chef du Hauptamt Volksdeutsche Mittelstelle (VoMi, « Office central pour les Allemands ethniques », courroie de transmission nazie pour les minorités allemandes hors-frontières) : son témoin est Heinrich Himmler. En , Andreas Schmidt devient SS-Untersturmführer et est renvoyé en Roumanie avec la mission d'y nazifier la communauté allemande. D'importants moyens financiers lui sont alloués pour cela[4].
Le roi Carol IIcombat alors fermement l'extrême-droite dans son pays, fait tirer à vue sur les rassemblements de la Garde de fer (organisation roumaine nationaliste et antisémite) et ouvre ses frontières au gouvernement polonais et aux rescapés de l'armée polonaise après l'invasion germano-soviétique de septembre 1939 ; il met le Service maritime roumain à contribution pour transporter les forces polonaises à Alexandrie où elles intègrent les troupes britanniques. Cette politique fait dire à Hitler : « la Roumanie est comme les États-Unis : elle est officiellement neutre, mais en réalité elle nous livre une guerre froide »[5]. Dans ce contexte, Andreas Schmidt est nommé par le Troisième Reich représentant du Hauptamt Volksdeutsche Mittelstelle (VoMi), à la place de Wolfram Bruckner Volksgruppenleiter jugé trop tiède face au roi Carol II.
Le , la France et la Grande-Bretagne avaient garanti l'intégrité territoriale de la Roumanie, mais en la France s'effondre en une défaite sans précédent, l'Angleterre semble sur le point de succomber, l'URSS est une alliée objective de l'Allemagne nazie, et le prestige de celle-ci est au zénith. Carol II commence alors à « lâcher du lest », nomme des ministres pro-allemands et antisémites, offre à l'Allemagne des facilités économiques et laisse Andreas Schmidt recruter et enrôler 1 000 volontaires allemands de Roumanie dans la Waffen-SS[6].
En , par le Deuxième arbitrage de Vienne, Hitler redessine les frontières de la Roumanie et le , Schmidt est nommé VoMi-Leiter, SS-Obergruppenfuehrer par Werner Lorenz autrement dit leader de fait de la communauté allemande de Roumanie. Le coup d'état menant à la prise de pouvoir du maréchal Antonescu, autoproclamé « Pétain roumain » et « Conducător » (guide, chef)[7] et à l'abdication de Carol II, favorise encore plus les desseins d'Andreas Schmidt.
Après le déclenchement de l'« Opération Barbarossa » en juin 1941, Schmidt lui-même ne visite le front que pour encourager ses recrues, mais reste très actif à l'arrière, notamment sur le plan logistique et diplomatique. Il obtient du maréchal roumain que les Allemands de Roumanie qui le demandent puissent être exemptés de service militaire dans l'armée roumaine (qu'il qualifiait de « chaotique, corrompue, lâche et inefficace jusque dans l'extermination des juifs ») s'ils s'enrôlaient dans la Waffen-SS[8] et grâce à ses efforts, le , après la défaite de Stalingrad, Hitler et Antonescu signent un accord transférant les recrues germanophones de l'armée roumaine dans la Wehrmacht[9]. Environ 50 000 soldats, représentant 80 % des recrues germanophones, sont concernés.
La mission échoue, Schmidt est capturé et, comme tous les prisonniers allemands, y compris ceux originaires de la communauté allemande de Roumanie, il est remis aux Soviétiques conformément aux décisions du gouvernement allié de Constantin Sănătescu se conformant à l'ordre soviétique n° 7161[13]. Ses écrits, publiés chez Krafft & Drotleff de Sibiu, sont interdits par les nouvelles autorités[14],[15]. Lui-même est jugé en URSS et interné au Goulag où il meurt au bout de quatre ans de détention. Sa famille est expulsée vers l'Allemagne[16].
Écrits
Nationalsozialistischer Volkstumskampf (« La lutte culturelle populaire nationale-socialiste », 1942 et 1943)
Wir erziehen das neue Geschlecht! (« Éduquons la nouvelle génération ! », 1943)
Der Sieg des Sozialismus in Europa (« La victoire du socialisme en Europe », 1944)
↑Grigore Gafencu (trad. Andrei Niculescu, préf. Teodor Baconschi), Préliminaires de la guerre à l'Est : de l'Accord de Moscou (21 août 1939) aux hostilités en Russie (22 juin 1941, București, Curtea Veche, , 589 p. (ISBN978-606-588-175-4 et 606-588-175-9)
↑Johannes Frießner : Verratene Schlachten, die Tragödie der deutschen Wehrmacht in Rumänien ("Batailles trahies, la tragédie de la Wehrmacht en Roumanie"), éd. Holsten-Verlag, Leinen 1956.
↑« heinrich boll », sur www.cafeneaua.com (consulté le )
↑William Totok, Elena-Irina Macovei, (ro) « De la S.D. la Securitate, biografia secretă a lui Fritz Cloos », in: Caietele CNSAS N° 14, 2/2014, pp. 201–219, [1].
↑Winston Churchill, The Second World War, Bantam Books, N.Y. 1977 ; Documents on German foreign policy 1938-1945, Her Majesty’s stationary office, Londres 1956 ; Nicolette Frank, La Roumanie dans l’engrenage, Elsevier-Sequoia, Paris 1977 et Le Journal du général Sănătescu, éd. Humanitas, Bucarest 1999.
↑Sa femme Christa était morte en 1942 à Brașov : Adolf Schmidt : Donnersmarkt in Siebenbürgen. Familienbuch mit der Ahnentafel, éd. Siebenbürgischen Stiftung, Munich, 2001.
Bibliographie
Paul Milata, (de) Zwischen Hitler, Stalin und Antonescu : Rumäniendeutsche in der Waffen-SS, Böhlau, Cologne 2007, (ISBN978-3412-13806-6).