Banja Luka (en cyrillique : Бања Лука) ou Banjaluka (Бањалука), est une ville de Bosnie-Herzégovine et la capitale de l'entité de la république serbe de Bosnie. Au recensement de 1991, la ville intra muros comptait 143 079 habitants[2] et sa zone métropolitaine, appelée ville de Banja Luka (Град Бања Лука) et correspondant à une ex-municipalité du pays, 195 692 habitants[3]. Selon les premiers résultats du recensement bosnien de 2013, la ville intra muros compte 150 997 habitants et sa zone métropolitaine 199 191[4].
Banja Luka est située au Nord-Ouest de la Bosnie-Herzégovine, en république serbe de Bosnie (Republika srpska), sur les bords du Vrbas (192 km), à l'endroit où ce cours d'eau perd ses caractéristiques de rivière de montagne en entrant dans la plaine qui va la mener jusqu'à sa confluence avec la Save. La plus grande partie de la région appartient au bassin versant du Vrbas, tandis qu'une petite partie de son territoire se trouve à l'ouest du bassin de la Gomjenica, un affluent droit de la rivière Sana. Près de la ville, le Vrbas reçoit les eaux de trois de ses affluents : la Suturlija, la Crkvena et la Vrbanja.
Le centre de Banja Luka s'élève à une altitude de 163 m. En revanche, en fonction de ses caractéristiques géomorphologiques, géologiques et hydrographiques, le territoire de la Ville peut être divisé en quatre secteurs : un bassin à fond plat, des terrasses alluviales, des collines entourant la vallée et, au sud, les Alpes dinariques. À 25 km au sud-est de la ville se dresse le mont Manjača qui culmine au pic de la Velika Manjača (1 236 m) et au sud-ouest le mont Čemernica qui culmine au pic du Goli vis (1 339 m)[5]. Dans le secteur de la Čemernica, le Vrbas coule dans des canyons.
La région de Banja Luka est particulièrement exposée aux risques de tremblement de terre. Elle en a connu en 1884, 1935, 1969 et 1981. Le plus important d'entre eux a été celui des 26 et 27 octobre 1969 ; d'une amplitude de 7, 8 et 9 sur l'échelle de Mercalli, il a causé des dommages sur 15 municipalités (Banja Luka, Čelinac, Laktaši, Prnjavor, Gradiška, Kotor Varoš, Kneževo, Srbac, Ključ, Jajce, Prijedor, Sanski Most, Novi Grad et Dubica)[6]. Pour célébrer le 40e anniversaire de cet événement, une conférence internationale sur l'ingénierie parasismique s'est déroulée à Banja Luka du 26 au 28 octobre 2009[7]. Entre 1996 et 2008, trois séismes de force 5 sur l'échelle de Mercalli se sont produits sur le territoire de la ville, deux en 1998 et un en 2001[8].
Climat
Le climat de Banja est de type continental tempéré. Ouverte au nord vers la plaine pannonienne, la région subit en hiver l'influence de l'anticyclone de Sibérie avec ses masses d'air froid, tandis que la présence des Alpes dinariques dans le sud du territoire de la ville, y modère l'effet du climat méditerranéen. Pour la période de 1961 à 1985, la température moyenne annuelle était de 10,5 °C. Janvier était le mois le plus froid avec une température moyenne de −0,6 °C et juillet le mois le plus chaud avec une température moyenne de 20,4 °C. La température la plus élevée enregistrée à la station de Banja Luka a été de 41,4 °C le 14 août 1957 et la température la plus basse a été de −27,4 °C le 5 février 1958[9].
Pour la période 1961-1985, les moyennes de température et de précipitations s'établissaient de la manière suivante[9] :
Relevés à la station météorologique de Banja Luka (163 m)
Mois
Janv
Fév
Mars
Avr
Mai
Juin
Juil
Août
Sept
Oct
Nov
Déc
Année
Températures maximales moyennes (°C)
3,4
6,6
12,0
17,1
21,9
25,0
27,0
26,6
23,0
17,2
10,9
4,8
16,3
Températures minimales moyennes (°C)
-4,9
-2,4
0,9
4,6
8,9
12,5
13,4
13,2
10,0
5,3
1,8
-2,8
5,0
Moyennes des précipitations (mm)
73,25
68,46
75,5
89,83
96,92
113,87
96,71
98,17
86,63
71
91,45
82,79
1044,58
Les données de 1996 à 2008 établissent la moyenne annuelle des températures à 11,7 °C, avec un pic en juillet à 22 °C et un creux en janvier à 0,4 °C. Pour la même période, Banja Luka a connu en moyenne 1 896,67 heures d'ensoleillement par an, 138 jours de pluie, avec une moyenne de précipitations annuelle de 1 053,32 mm ; on a également pu y décompter en moyenne 46 jours d'enneigement et 56 jours de brouillard[10].
Pour la période 1996-2008, les moyennes de température et de précipitations s'établissaient de la manière suivante[10] :
Relevés à la station météorologique de Banja Luka (163 m)
Mois
Janv
Fév
Mars
Avr
Mai
Juin
Juil
Août
Sept
Oct
Nov
Déc
Année
Températures moyennes (°C)
0,4
3,0
7,0
11,7
17,1
20,8
22,0
21,5
15,9
12,1
7,1
1,2
11,7
Moyennes des précipitations (mm)
69,0
61,6
73,1
101,1
94,8
103,9
83,2
69,7
121,8
76,4
103,1
95,9
1053,32
Histoire
Préhistoire et Antiquité
Le site de l'actuelle ville de Banja Luka est occupé depuis la Préhistoire, ainsi qu'en attestent les fouilles archéologiques réalisées dans le périmètre de l'actuelle Forteresse Kastel, située en plein centre-ville ; quelques vestiges y ont été mis au jour remontant au Paléolithique, comme des outils en silex datés du gravettien. Le Néolithique y est représenté par des poteries caractéristiques des cultures de Baden et de Vučedol. On y a également retrouvé quelques artéfacts datant de l'âge du bronze et de l'âge du fer[11].
Les découvertes effectuées dans la forteresse Kastel et dans la région signalent une importante activité pendant la période romaine, du IIe au VIe siècle. Le secteur était habité par la tribu illyrienne des Oseriati[11] ou, selon d'autres sources, par celle des Maezaei[12] et faisait partie de la province de Pannonie supérieure. Les sources thermales de Gornji Šeher, aujourd'hui un faubourg de Banja Luka, de Slatina et de Laktaši étaient déjà exploitées par les Romains. À l'emplacement de l'actuelle forteresse Kastel, une localité portant le nom de Castra commença à se développer, assurant diverses fonctions, notamment celle d'un castrum (ou camp militaire) ou d'une mansio (gîte d'étape). Autour du camp se trouvaient une colonie civile et un relais de poste (statio). Située aux confins des provinces de Dalmatie et de Pannonie, la localité se trouvait sur la route reliant Split (Salona), au bord de la mer Adriatique, à l'actuelle ville de Gradiška (Servitium/Serbinum)[11].
Après la chute de l'Empire romain d'Occident, aux VIe et VIIe siècles, des tribus slaves s'installèrent dans la région[13]. Castra fut détruite et, à sa place, fut établie une nouvelle localité. En revanche, ce qu'il advint exactement du site pendant la plus grande partie du Moyen Âge n'est pas clairement établi[11].
Si le sort du site même de l'actuelle Banja Luka reste incertain, celui de sa région est beaucoup mieux documenté. Du VIIe siècle au XIIe siècle, elle échappa le plus souvent au contrôle de l'Empire byzantin et se trouva régulièrement sous la domination des rois de Hongrie ; au IXe siècle, la rivière Vrbas (ou la rivière Una), devint la frontière occidentale de la Serbie médiévale. Au milieu du XIIe siècle, le territoire de l'actuelle ville de Banja Luka fit partie des possessions du ban Borić, le premier ban de Bosnie. À partir du milieu du XIIIe siècle, les sources écrites se réfèrent à la région en lui donnant le nom de Donji Kraji et, dans les dernières décennies de ce siècle, la région fut contrôlée par les bans de Bosnie Prijezda Ier[14], Prijezda II et Étienne Ier Kotroman, tous trois appartenant à la dynastie des Kotromanić.
À la fin du XIIIe siècle, la région fit partie de la župa (comté) de Zemljanik et son importance est attestée par les forteresses qui y furent bâties le long du Vrbas et dans ses canyons, servant à protéger la frontière orientale de la župa et à héberger les nobles familles féodales Croato-Bosniennes des Hrvatinić et des Vojsalić. Parmi ces forteresses figurent celles de Kotor (1323), aujourd'hui Kotor Varoš, de Zvečaj (1404), Bočac (1446) et de Greben[14]. À la fin du XIVe siècle, la région de Donji Kraji fut un moment contrôlée par le roi Tvrtko Ier de Bosnie mais, au début du XVe siècle, elle passa entre les mains du puissant féodal Hrvoje Vukčić, membre de la famille des Hrvatinić. De nombreuses nécropoles, comportant des monuments funéraires appelés stećci (au singulier : stećak), dispersées sur tout le territoire de Zemljanik, montrent que la région était densément peuplée à cette période. Parmi les nécropoles les plus importantes, on peut citer celles de Lusići, Plavšići, Prodole, Gornje Ratkovo et Grčka Gradina (à Lužije), chacune comptant entre 80 et 120 stećci et attestant ainsi de la prospérité de la population[14]. En 1378, un monastère franciscain s’installa à Petrićevac, aujourd'hui un quartier de Banja Luka.
L'avancée progressive des Ottomans dans les Balkans au cours du XVe siècle conduisit à la chute du royaume de Bosnie en 1463. En revanche, la région de Banja Luka, protégée par le royaume de Hongrie, résista encore à la conquête pendant quelques décennies, faisant alors partie de la Banovine de Jajce. La ville de Banja Luka est mentionnée pour la première fois dans une charte signée le 6 février 1494 par le roi de Hongrie Vladislas II Jagellon ; son nom viendrait des mots « ban », désignant un dignitaire médiéval et luka, désignant une vallée ou une prairie. Banja Luka fut conquise par les Turcs en 1521.
Banja Luka connut son véritable expansion pendant la période ottomane. La ville fut d'abord intégrée au sandjak de Bosnie, une subdivision du pachalik de Roumélie, une subdivision administrative qui englobait toutes les parties occidentales de l'Empire[15]. La Roumélie fut par la suite subdivisée en plusieurs pachaliks de moindre étendue, chaque pachalik ayant à sa tête un pacha. Banja Luka devint la capitale du sandjak de Bosnie en 1553[16] et, après la création du pachalik de Bosnie en 1580[15] ou 1583[16], la ville en fut la capitale entre 1583 et 1639, ce qui accéléra son développement[17].
L'une des personnalités de Banja Luka les plus importantes de cette époque fut Ferhat-pacha Sokolović, qui marqua la ville de son empreinte. Il était membre de la puissante famille serbe des Sokolović, à laquelle appartenait aussi le grand vizirMehmed-pacha Sokolović et l'archevêqueMakarije Sokolović, le cousin de Mehmed-pacha, patriarche orthodoxe serbe de Peć. En 1574, Ferhat-pacha fut nommé bey de Bosnie. Le 22 septembre 1575, il remporta une importante bataille sur le général autrichien Herbert Ausperger, au cours de laquelle il s'empara de son fils Wolf qu'il rendit à l'Autriche contre une rançon de 30 000 ducats. Ferhat-pacha se servit de cette somme pour construire la mosquéeFerhadija, une médersa, une tour de l'horloge (en BCMS : sahat kula) et une fontaine, créant ainsi la première čaršija de la ville. Entre 1579 et 1587, il fit ainsi construire 216 bâtiments dans la ville. Pour assurer l'entretien de tous ces édifices, il signa un acte de donation le . Ferhat-pacha fonda également la localité de Donji Šeher, aujourd'hui un faubourg de Banja Luka connus sous le nom de Srpske Toplice[16]. Dans son entreprise urbanistique, il fut soutenu par de nombreux dignitaires ottomans, comme son ami Hasan defterdar, ministre des Finances du pachalik de Bosnie, cosignataire avec lui de la donation de 1587 et fondateur de la mosquée Arnaudija[18]. Après sa mort, en 1590, Ferhat-pacha se fit enterrer à Banja Luka.
Dès la fin du XVIe siècle, l'Empire ottoman dut affronter périodiquement les troupes de la dynastie autrichienne des Habsbourg. Banja Luka devint ainsi une position stratégique. En 1587, Ferhat-pacha avait fait construire un arsenal à Donji Šeher, qui fut transformé en forteresse sous le règne du sultan Mehmed III (1595-1603) ; elle resta en usage jusqu'en 1739 puis fut démolie par la suite. En 1660, le voyageur ottoman Evliya Çelebi, de passage à Banja Luka, y mentionne deux forteresses, l'une à Donji Šeher et l'autre à Gornji Šeher, mais sans donner davantage de détails. La même année fut créée la capitainerie de Banja Luka, un secteur de protection militaire renforcée. En août 1688, au cours de la deuxième guerre austro-turque, la ville fut brièvement occupée par les armées de Prince Louis de Bade ; incendiée, elle fut rapidement reconstruite. Avec le traité de Karlowitz (aujourd'hui Sremski Karlovci), signé en 1699, la Sublime Porte dut céder de vastes territoires au nord de la Save et du Danube. En 1701, le cadi de Banja Luka reçut l'ordre de construire des ateliers pour fabriquer des munitions et des canons. Le prince Ernest-Frédéric Ier de Saxe-Hilburghausen, à la tête d'une partie de l'armée impériale, assiégea en vain la ville en 1704[19]. À l'époque de Numan-pacha Ćuprilić (1712-1714), la forteresse Kastel fut renforcée et prit la configuration sous laquelle on la connaît aujourd'hui. En 1737, lors de la guerre austro-turque de 1735-1739, les troupes autrichiennes avancèrent une nouvelle fois jusqu'à Banja Luka ; l'armée autrichienne conduite par Hildburghausen mit le siège devant la forteresse mais elle fut prise à revers par le vizir Ali-pacha Hekimoglu qui lui fit subir des pertes importantes et la força à se replier. La forteresse fut alors à nouveau renforcée. La guerre se termina par le traité de Belgrade et aucune pénétration autrichienne n'eut lieu jusqu'en 1878[11].
Période austro-hongroise et Première Guerre mondiale (1878-1918)
Oblitération de 1882 - Poste militaireBanja Luka en 1903
L'année 1878 marqua un véritable tournant dans l'histoire de Banja Luka. Après la défaite de l'Empire ottoman dans la guerre russo-turque de 1877-1878 et à la suite du congrès de Berlin, la Bosnie et l'Herzégovine furent placées sous le contrôle de l'empire d'Autriche-Hongrie, ces régions restant officiellement intégrées à l'Empire ottoman[24] ; dès la fin d'octobre 1878, les Autrichiens avaient en fait occupé toute la Bosnie et son territoire fut réorganisé. Au moment où les Autrichiens entrèrent dans la ville, elle comptait 10 000 habitants et avait l'allure d'une ville orientale. La période austro-hongroise fut caractérisée par d'importants changements dans la ville qui s'occidentalisa et s'industrialisa. De larges artères furent ouvertes, comme l'actuelle rue Kralja Petra. L'approvisionnement en eau, le système d'égouts et l'éclairage électrique furent améliorés. Un hôpital fut ouvert en 1879 et le lycée de Banja Luka fut créé en 1895. Une voie ferrée relia à la ville à Vienne et à Budapest. L'industrie se développa notamment avec la création d'une manufacture de tabac et l'usine de transformation du bois Bosna holc. Le premier recensement officiel eut lieu le et la ville comptait alors 13 566 habitants[25].
Sur le plan politique, l'occupation austro-hongroise a connu le développement d'une résistance au régime, surtout après l'annexion pure et simple du pays le ; 148 procès politiques contre des Serbes pour « atteinte à la souveraineté de la Double Monarchie » furent engagés dans toute la Bosnie-Herzégovine, dont 60 à Banja Luka. Ce climat conduisit à l'instauration de la loi martiale en 1912 et à des mesures d'exception en 1913 ; tous ces événements devaient déboucher sur l'assassinat de l'archiduc François-Ferdinad en 1914 et au déclenchement de la Première Guerre mondiale[26]. Au cours de cette période, le poète et tribun Petar Kočić, né à Stričići sur le mont Manjača, près de Banja, exerça une grande influence sur les mouvements de libération, notamment avec son journal Otadžbina (« Patrie »), créé en 1907[27].
Au début de la guerre, les autorités austro-hongroises arrêtèrent toutes les personnalités serbes de premier plan de la ville de Banja Luka, en les accusant de trahison. Elles ne furent libérées que grâce à l'intervention du roi d'EspagneAlphonse XIII et par l'intermédiaire de sa mère Marie-Christine d'Autriche, qui appuya sa demande auprès de la cour de Vienne ; encore aujourd'hui, une rue du centre de la ville porte le nom de ce souverain. Banja Luka fut finalement libérée par l'armée serbe le .
De l'entre-deux-guerres à la fin de la Seconde Guerre mondiale
Après la Première Guerre mondiale, Banja Luka fut intégrée au royaume des Serbes, Croates et Slovènes qui, en 1929, devint le royaume de Yougoslavie et, selon la loi sur l'organisation du royaume, le territoire yougoslave fut divisé en neuf grandes régions appelées banovines. Banja Luka devint alors la capitale de la Banovine du Vrbas[28]. Cette période est marquée pour la ville par les réalisations urbanistiques et architecturales du ban (gouverneur) Svetislav Milosavljević (1882-1960), avec la construction de nombreux bâtiments publics, comme le Banski dvor et l'actuel Palais municipal, le théâtre ou le musée. Sous son impulsion de nombreuses écoles, routes et usines furent réalisées, ainsi que des ponts et des parcs. Lorsqu'il quitta Banja Luka le , environ 10 000 habitants de la ville se rassemblèrent spontanément pour lui adresser un adieu solennel[29]. Dès cette époque, les idées révolutionnaires commencèrent à se répandre, notamment au sein de l'association Pelagić et dans le Club des étudiants et Banja Luka devint progressivement le centre organisationnel de l'antifascisme dans la région.
Après la Seconde Guerre mondiale, Banja Luka fut intégrée à la république socialiste de Bosnie-Herzégovine, l'une des entités composant la république fédérale socialiste de Yougoslavie. Parmi les événements majeurs de cette période, il convient de citer le tremblement de terre des 26 et , d'une amplitude de 5,4 à 6 sur l’échelle de Richter et de 7, 8 et 9 sur l'échelle de Mercalli, qui affecta également les municipalités voisines de la ville ; à Banja Luka, il a provoqué la mort de 15 personnes et la destruction de nombreux bâtiments[6],[35]. Des contributions en provenance de toute la Yougoslavie permirent le redressement de la ville, notamment avec la construction d'immeubles modernes pour accueillir les sinistrés.
Histoire récente
L'effondrement de l'ex-Yougoslavie communiste provoqua, comme partout, une flambée nationaliste dans la région. En 1992, la Bosnie-Herzégovine proclama son indépendance et parallèlement l'actuelle république serbe de Bosnie était instituée, avec comme capitale de facto la ville de Banja Luka. La guerre de Bosnie-Herzégovine éclata le . La ville proprement dite ne fut pas directement touchée par les combats mais cette période fut néanmoins marquée par la guerre. Au début, en 1992, elle dut subir un blocus de la part des forces croato-musulmanes[36], coupée du reste du monde aussi bien par voie de terre que par voie aérienne, la ville fut privée de son alimentation en oxygène médical ; douze bébés, prématurés, trouvèrent ainsi la mort dans une maternité. La mort de ces 12 enfants fut à l'origine de l'opération corridor[36], qui mit fin au blocus. En 2008, le monument des douze bébés fut élevé pour honorer le souvenir de ces enfants morts dans leur incubateur[37].
Manifestation après la déclaration d'indépendance du Kosovo
En 1993, seize mosquées furent détruites en quelques jours par des milices serbes, parmi lesquelles la plus belle mosquée de la ville, la mosquée Ferhadija, construite au XVIe siècle[38]. Les tensions entre les diverses nationalités devinrent extrêmes et, en 1994, les Bosniaques, les Croates et les Roms furent persécutés, ce qui entraîna un important exode de la population non serbe[39], le porte-parole du secrétaire d'État américain Mike McCurry déclarant : « Nous avons des informations sérieuses montrant qu'un nettoyage ethnique est en cours à Banja Luka »[40]. Le New-York Times, qui rapportait ces propos, faisait état de 560 000 personnes ayant fui la région de Banja Luka (au sens large) tandis que, parallèlement, 875 000 Serbes s'y seraient réfugiés, fuyant les zones contrôlées par les Bosniaques[40]. Des camps d'internement furent créés par les autorités serbes de Radovan Karadžić à proximité de la ville, comme ceux de Manjača, Trnopolje et Omarska[38] (Nettoyage ethnique de Prijedor (1992-1993)).
Histoire contemporaine
La guerre s'acheva par les accords de Dayton en 1995 ; l'entité de la république serbe de Bosnie fut reconnue et sa capitale située à Istočno Sarajevo, « Sarajevo Est », mais la ville de Banja Luka en resta la capitale de facto, abritant toutes les institutions importantes de la république.
Interrompu par la guerre, le développement économique de la ville reprit son essor[41] et de nombreuses institutions culturelles ou associations virent alors le jour. En 2001, la pose de la première pierre pour la reconstruction de la mosquée Ferhadija provoqua une grande agitation chez certains extrémistes serbes[42],[43],[44]. De même, la déclaration d'indépendance du Kosovo, survenue le , a été l'occasion de nombreuses manifestations dans la ville. En revanche, les autorités religieuses de la ville tentent d'apaiser les tensions, à l'exemple du mufti de Banja Luka Edhem Čamdžić qui déclarait en 2004 : « Il est naturel que les peuples regrettent ce qu'ils ont fait de mal et soient fiers de ce qu'ils ont fait de bien », ajoutant « La justice va jaillir comme une source qui jaillit sur les hommes. On ne peut pas l'arrêter »[45].
Banja Luka est considérée comme une des sept « villes officielles » de Bosnie-Herzégovine (en serbe, en bosnien et en croate : službeni gradovi Bosne i Hercegovine), statut qu'elle partage avec Bihać, Istočno Sarajevo, Jajce, Mostar, Sarajevo et Zenica[46], les autres villes importantes du pays étant officiellement désignées comme des « localités urbaines » (gradsko naselje). L'expression Ville de Banja Luka, avec une majuscule, désigne le territoire métropolitain de la ville de Banja Luka intra muros (avec une minuscule), qui, pour les autres localités urbaines, porte le nom de municipalité (en serbe : општина et opština ; en bosnien et en croate : općina)[46]. Sur le plan administratif, la Ville (comme la municipalité) se situe juste au-dessous de l'entité que constitue la république serbe de Bosnie, une des deux entités officielles de la république de Bosnie-Herzégovine.
À un niveau administratif inférieur, le territoire de la Ville est divisé en 56 communautés locales (mjesne zajednice), qui dans la ville intra muros correspondent à divers quartiers et en dehors de la ville à des faubourgs ou à des villages[47]. Certaines communautés locales périurbaines englobent des villages plus petits ou des hameaux.
Le quartier de Borik (Borik I et Borik II), avec ses 11 862 habitants[2], situé à l'est du Centar, est bordé au sud et à l'ouest par le Vrbas (rive gauche)[49] ; c'est un quartier résidentiel moderne construit pour l'essentiel après le tremblement de terre de 1969, notamment pour accueillir les sans logis ; il abrite également un parc aquatique. Le quartier d'Obilićevo, autrefois connu sous le nom de Mejdan, comptait 19 090 habitants en 1991[2] ; situé sur la rive droite du Vrbas, il est lui aussi un quartier résidentiel moderne. Sur la même rive droite, figure le quartier de Starčevica (12 738 habitants) et sur la rive gauche ceux de Kočićev vijenac, autrefois appelé Hiseta (7 864 habitants)[50], ou Pobrđe (2 565 habitants)[51]. Lauš, qui comptait 10 910 habitants en 1991[52], est une zone pavillonnaire, organisée autour de son église Saint-Jean-Baptiste. Le quartier de Paprikovac est une zone résidentielle constituée de pavillons et de petits immeubles ; le centre médical de Banja Luka y est situé. Un autre quartier historique de la ville est celui de Petrićevac, dont le centre est l'église des Saints-Apôtres-Pierre-et-Paul.
Banja Luka est entourée d'un certain nombre de faubourgs, un peu plus éloignés du centre-ville. Au Sud-Est se trouve celui de Rebrovac, où se trouvent notamment les bâtiments de l'usine Krajina GP Banja Luka l'une des plus importantes de la ville. Vrbanja située à 6 km à l'est du centre de Banja Luka et est traversée par deux voies de communication importantes : la voie ferrée Banja Luka - Doboj et la route nationale M4 (Banja Luka - Kotor Varoš- Doboj). Le faubourg de Srpske Toplice, qui, avant la guerre de Bosnie-Herzégovine portait le nom de Šeher Donji et Gornji Šeher, est un des cœurs historiques de la ville remontant à l'époque ottomane, de même que l'actuel faubourg de Novoselija, qui, avant les destructions de 1993, comptait trois mosquées construites aux XVIe et XVIIe siècles. Le faubourg de Banj brdo, situé au sud de Banja Luka, est une colline boisée qui domine la ville. Toujours à l'est, s'étend le faubourg de Česma ; qui, à l'ouest de son territoire, reçoit la confluence des rivières Vrbas et Vrbanja[53]. Le faubourg de Trapisti est essentiellement constitué d'un parc forestier. Au nord de Banja Luka se trouve le faubourg de Lazarevo, autrefois connu sous le nom de Budžak (Буџак) ; ce faubourg était autrefois un village indépendant, aujourd'hui intégré à Banja Luka ; après le tremblement de terre de 1969, de nombreux logements provisoires ont été construits à Lazarevo, ce qui lui vaut aujourd'hui le surnom de « ville des baraques ». Parmi les autres faubourgs les plus importants de la Ville, on peut citer ceux de Srpski Milanovac (Tunjice), Zalužani et Priječani. Un autre faubourg de Banja Luka, Trn, est situé dans la municipalité de Laktaši.
Les fonctions de chacune des institutions municipales sont définies par le statut de la ville de Banja Luka (en serbecyrillique : Статут Града Бања Лука ; en serbe latin : Statut Grada Banja Luka)[54].
En tant que ville, Banja Luka possède un maire (en serbe : gradonačelnik) élu pour quatre ans au suffrage universel direct ; il est assisté dans ses fonctions par un maire adjoint (zamjenik gradonačelnika) qui le remplace en cas d'absence prolongée. En tant que chef de l'exécutif, le maire propose des décisions à l'Assemblée de la ville, il lui soumet un budget, veille à l'exécution des décisions de l'Assemblée mais aussi coordonne les relations avec les autres villes ou municipalités du pays et s'occupe des relations internationales. Depuis décembre 2020, le maire est Draško Stanivuković[55].
Le pouvoir législatif est représenté par l'Assemblée de la ville (Skupština Grada), élue pour quatre ans en même temps que le maire. Elle est composée de 31 membres, ainsi répartis[56] :
Évolution historique de la population dans la ville
Évolution démographique
1971
1981
1991
158 736
183 618
195 692
Pyramide des âges de la ville (1991)
Pyramide des âges de la ville
Pyramide des âges de la ville de Banja LUka en 1991 (population totale : 195 692- n.c. 4 737[57]
Hommes
Classe d’âge
Femmes
1 527
75 et plus
2 409
1 189
70-74
1 889
2 462
65-69
3 529
4 186
60-64
4 880
5 644
55-59
5 960
6 142
50-54
6 373
5 103
45-49
5 330
7 354
40-44
7 252
8 357
35-39
8 285
8 080
30-34
8 165
7 963
25-29
7 572
7 697
20-24
7 039
7 866
15-19
7 461
7 630
10-14
7 294
7 296
5-9
6 964
6 232
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Répartition de la population par nationalités dans la ville (1991)
En 1991, sur un total de 195 692 habitants, la population de la zone métropolitaine de Banja Luka comptait une majorité de Serbes (54,59 %), avec d'importantes minorités de Croates (14,83 %) et de Musulmans/Bosniaques (14,59 %) ; ceux qui refusaient de se reconnaître dans une catégorie ethnique ou religieuse se définissaient comme Yougoslaves et représentaient 12,09 % de la population[2],[52] :
Répartition de la population par nationalités dans la Ville de Banja Luka
La ville est également le siège du diocèse catholique de Banja Luka (en croate : Banjalučka biskupija), créé le par la bulleEx hac augusta du pape Léon XIII. Il est suffragant de l'archidiocèse de Vrhbosna et, depuis 1985, il est administré depuis 2023 par Mgr Željko Majić, qui succédé alors a Mgr Franjo Komarica[67]. La ville abrite la cathédrale catholique romaine Saint-Bonaventure. Une première cathédrale a été construite entre 1885 et 1887 dans un style néogothique mais, détruite lors du tremblement de terre de 1969, elle a été remplacée par un édifice moderne bâti en 1972 et 1973, avec un clocher érigé en 1990 ; elle a été dédicacée en 2001, lors du 120e anniversaire de l'établissement du diocèse[68]. Le diocèse est divisé en cinq paroisses : la paroisse de la Visitation de la Sainte Vierge Marie à Banja Luka, la paroisse Saint-Antoine à Petrićevac, la paroisse Sainte-Thérèse de l'enfant Jésus à Presnače, la paroisse de l'Assomption de la Sainte Vierge Marie à Trapisti et la paroisse de Budžak (aujourd'hui Lazarevo)[69]. À la suite des événements survenus lors de la guerre de Bosnie-Herzégovine, la population catholique de Banja Luka et de sa région est en nette diminution[70]. En dehors de la cathédrale, deux églises seulement subsistent aujourd'hui : l'église de la Visitation-de-la-Sainte-Vierge-Marie et la grande église de l'Assomption-de-la-Sainte-Vierge-Marie, qui sert à la fois d'église pour les moines trappistes et pour les fidèles de la paroisse ; d'autres églises, détruites en 1995, sont en cours de reconstruction[70]. Divers ordres religieux sont présents sur le territoire de la ville comme les franciscains à Petrićevac, les trappistes à Delibašino Selo, les sœurs de la charité de Saint-Vincent de Paul à Banja Luka et les sœurs adoratrices du sang du Christ à Budžak[69]. En 2003, Banja Luka a reçu une visite pastorale du pape Jean-Paul II[67]. Parmi les autres communautés chrétiennes, on peut citer la présence dans la Ville de l'Église grecque-catholique ukrainienne[71] ou de l'Église adventiste.
Avant la guerre de Bosnie-Herzégovine, la communauté musulmane représentait entre 14 et 19 % de la population de Banja Luka. En 1993, de nombreuses mosquées de la ville ont été détruites et une grande partie de la population musulmane s'est installée dans la Fédération de Bosnie-Herzégovine[réf. nécessaire]. Aujourd'hui les musulmans sont dirigés par le mufti de Banja Luka, Ehem efendi Čamdžić, qui dépend du riyasat de Bosnie-Herzégovine dont la plus haute autorité est Mustafa Cerić, le grand mufti (reis-ul-ulema) de Bosnie[72],[73]. Avant la guerre, la ville comptait 16 mosquées, toutes détruites en 1993 ; sept d'entre elles sont aujourd'hui en reconstruction[74].
Parmi les autres institutions culturelles, on peut citer le centre culturel Banski dvor (Kulturni centar Banski dvor) ou le centre culturel Geto[92]. Ville à la population diverse, Banja Luka est le siège d'un Centre culturel croate (Hrvatski Kulturni Centar ; en abrégé : HKC)[93] et d'une Association des minorités nationales de la République serbe (Savez nacionalnih manjina Republike Srpske)[94]. De nombreuses associations animent la vie culturelle de Banja Luka, comme les associations folkloriques Masleša (Folklorni ansambl Masleša)[95] et Čajavec (Folklorni ansambl Čajavec), créé en 1952[96], la Société culturelle et éducative ukrainienne Taras Ševčenko (Kulturno-prosvjetno udruženje Ukrajinaca Taras Ševčenko)[97] ou l'orchestre de percussions de Banja Luja (Tamburaški orkestar Banja Luka)[98], ainsi que le chœur Jedinstvo.
Le plus ancien édifice de Banja Luka est la forteresse Kastel. Sans doute d'origine romaine, cet ensemble militaire a été réorganisé après la conquête ottomane ; renforcée de 1712 à 1714 par Numan-pacha Ćuprilić et agrandie dans l'esprit des travaux de Vauban, la forteresse a pris la forme d'un trapèze allongé, avec des murailles, des bastions et des tours, tandis que la partie occidentale fut entourée de douves[100].
La période ottomane est d'abord marquée par les constructions de Ferhat-pacha Sokolović, qui fut bey du pachalik de Bosnie à partir de 1574. Ce dignitaire fit construire 216 édifices dans la ville entre 1579 et 1587, comme la mosquée Ferhadija, ainsi nommée en son honneur et qui fut construite en 1579, sans doute par un élève de l'architecte Mimar Sinan, le créateur du style classique ottoman[101],[102] ; détruite en 1993, cette mosquée est aujourd'hui en cours de reconstruction ; à proximité s'élevait une tour de l'horloge (en bosnien : sahat kula), caractéristique de l'architecture ottomane dans les Balkans[103]. L'autre mosquée importante de la ville est la mosquée Arnaudija, commanditée par Hasan defterdar, le ministre des Finances du pachalik de Bosnie et édifiée en 1594 et 1595 ; cette construction s'inscrivait dans le plan de Ferhat-pacha d'urbaniser la partie basse de la ville actuelle de Banja Luka, le long de la route qui menait de la colline de Lauš à la rivière Vrbas[104]. D'autres édifices datent de cette période, comme la mosquée de Behram-beg, construite à la fin du XVIe siècle ou au début du XVIIe siècle dans l'actuel faubourg de Novoselija[105], la mosquée de Gazanfer-bey (ou Gazanferija), datant de 1578[106]. La mosquée de Mehdi-bey Imamović, située dans le quartier de Hiseta (aujourd'hui Kočićev vijenac) et construite au début du XVIIe siècle[107]. La mosquée de Potok, située près de la ville, date elle aussi de 1630[108] et la mosquée de Hadži Zulfikar (ou Tulekova) a été édifiée en 1760[109]. La ville abrite de nombreux turbes (tombeaux ottomans), comme celui de Halil-pacha, originaire de Lijevčanin, près de Banja Luka, successeur de Fehrat-pacha et amiral de la flotte turque[110]. Quelques demeures de dignitaires ou de riches particuliers subsistent encore de cette période, comme la maison du pacha Đumišić[111], la maison Kapidžić, qui remonte à la fin du XVIIIe siècle ou au début du XIXe siècle[112] ou la maison Šeranić, construite à la fin du XVIIIe siècle[113].
La rue Gospodska
De nombreux édifices remontent à la période austro-hongroise de l'histoire de Banja Luka. La maison impériale (en serbe : Carska kuća), située au centre-ville, a été construite entre 1878 et 1883, avec des murs de briques enduits de mortier et peints typique de l'architecture d'Europe centrale[114] ; elle abrite aujourd'hui les Archives de la République serbe. L'ancienne gare de Banja Luka, construite à la fin du XIXe siècle abrite aujourd'hui le musée d'art moderne de la République serbe de la ville[115]. De cette époque la ville conserve plusieurs ensemble architecturaux, notamment ceux des rues Kralja Petra et Mladena Stojanovića ; la rue Kralja Petra, l'artère principale du centre-ville, avec ses arbres plantés en 1882, est bordée de belles villas ; on y trouve aussi une petite gare datant de la même époque et aujourd'hui transformée en restaurant. La rue Gospodska, l'une des plus pittoresques de Banja Luka, possède de nombreuses maisons construites au tournant des XIXe et XXe siècles ; elle est devenue une rue piétonne dotée de boutiques élégantes et, par excellence, le lieu de rendez-vous de la ville[116].
En plus de ses musées et de son architecture, Banja Luka possède un certain nombre de sites qui peuvent être appréciés des touristes.
La ville est réputée pour ses nombreux espaces verts, comme les parcs Mladen Stojanović et Petar Kočić. Le faubourg de Banj brdo est situé sur une colline qui s'élève à une altitude de 431 m, au sud du centre-ville, sur la rive droite du Vrbas ; cette colline boisée constitue un lieu de promenade pour les habitants de Banja Luka ; le site offre un vaste panorama sur la ville et les hauteurs avoisinantes ; on y trouve le monument aux combattants morts pour la Krajina de Bosnie (1941-1945)[119]. Le faubourg de Delibašino Selo (en serbecyrillique : Делибашино Село), situé à 5 km au nord-est de la Banja Luka, permet de suivre l'évolution industrielle de la ville. Les moines trappistes s'y sont installés en 1869 et y ont fondé un monastère. Ils y ont également construit tout un complexe artisanal et industriel, en fabriquant notamment de la bière, du fromage ou des pâtes alimentaires. L'ensemble était complété par une centrale hydroélectrique, un moulin, une usine de textiles, un atelier d'imprimerie, une briqueterie, une boulangerie etc. Encore aujourd'hui, il est possible de visiter le monastère, la brasserieBanjalučka pivara et le pub Zlatna krigla, « La Chope d'or », ainsi que la vieille centrale hydroélectrique Le zoo de Banja Luka et le parc forestier de Trapisti, situés à proximité, sont des lieux de promenade appréciés des habitants de la ville[20].
L'église en bois de Tovilovići
Sur le territoire de la ville de Banja Luka un certain nombre d'édifices ont été construits, qui peuvent intéresser les amateurs d'histoire et d'architecture, comme le monastèreorthodoxe de Krupa na Vrabsu, dédicacé au prophète Élie ; sans doute fondé en 1317 par des moines venus du monastère de Krupa en Dalmatie, plusieurs fois détruit et reconstruit, il est situé à 25 km de Banja Luka sur la route de Mrkonjić Grad, à proximité des ruines de l'ancienne forteresse médiévale de Greben[120]. Le hameau de Tovilovići, sur le territoire du village de Krupa na Vrbasu, possède une vieille église en bois dédiée à saint Nicolas. Le monastère de Gomionica, quant à lui, dont l'origine remonte au XVe siècle abrite des édifices comme l'église de la Visitation-de-la-Vierge, l'ancien konak du monastère, une partie de l'ancien mur d'enceinte, une ancienne fontaine dans le cimetière monastique et l'ancien cimetière du village[14]. Entre Banja Luka et Jajce se dresse la forteresse de Bočac, construite à la fin du XVe siècle, et, à 10 km au sud de la ville, se trouvent les ruines de la forteresse de Zvečaj, mentionnée pour la première fois en 1404[116].
Les alentours de Banja Luka offrent toutes sortes de possibilités pour les amis de la nature, comme le Parc national de Kozara, créé en 1967 et propice à la randonnée[121],[122]. Le site Ramsar du lac de Bardača, sur le territoire de la municipalité de Srbac, est situé à proximité de la ville[123]. La chasse et la pêche figurent parmi les activités sportives développées dans la région. Les eaux de la rivière Vrbas abondent en carpes, brochets et poissons chats. En dehors de sa partie septentrionale, le territoire de la Ville de Banja Luka est entouré de collines ou de montagnes couvertes de forêts ; on peut, notamment y chasser des canards sauvages et des oies. La forêt de Trapisti abrite un grand nombre de faisans et de lapins. En plus de la chasse ou de la pêche, la région propose diverses activités sportives comme le rafting, le kayak, le parapente, l'alpinisme ou la spéléologie, particulièrement développés dans les gorges du Vrbas.
D'autres sports sont représentés dans la ville. Le Bokserski klub Slavija est un club de boxe fondé en 1960 ; son premier président fut Gojko Krstanović et il a accueilli des sportifs comme Marijan Beneš, Anton Josipović et Radovan Bisić[129]. La ville compte aussi quatre clubs de kick boxing, dont le Kik boks klub Draženko Ninić, ainsi nommé en l'honneur de Draženko Ninić, un sportif, qui vit à Banja Luka et qui a été champion du monde de coup de pied bas (en anglais : low kick) de la WAKO en 2008[130] et champion du monde de la WKA dans la même discipline en 2009[131]. Le Ronilacki klub BUK Banja Luka, un club de plongée, a commencé ses activités en 1976[132]. Le Motor klub Maršal a été créé en 2001[133]. Banja Luka possède en outre un club de rafting, le Rafting Klub Kanjon, qui organise des activités sportives sur le Vrbas[134] mais qui se préoccupe aussi de l'équilibre écologique de la rivière[135] ; parallèlement à ses activités locales, le club coordonne les activités de la Fédération de rafting de Bosnie-Herzégovine[136] ; dans ce cadre, il a contribué, en coopération avec la municipalité de Banja Luka, à l'organisation des Championnats du monde de rafting 2009 qui se sont tenus dans la ville[137]. Les compétitions se sont déroulées dans les canyons du Vrbas et sur la rivière Tara. D'autres compétitions comme le championnat d'Europe de canoë-kayak slalom 2011 ont eu lieu sur le Vrbas. Le club d'handibasket de la ville, le KKI Vrbas Banja Luka, accueille, pour sa première participation à une coupe d'Europe, la phase finale de l'EuroCup 4 (ou Challenge Cup), en mai 2016 (quatrième division européenne)[138].
Parmi les installations sportives de la ville, on peut citer le Gradski stadion (en serbecyrillique : Градски стадион), qui sert à l'entraînement et aux matchs du FK Borac ; il dispose d'une capacité de 12 000 places, dont 4 000 assises et 8 000 debout[139]. La Salle Borik (Dvorana Borik) a ouvert ses portes le ; elle est la salle attitrée du RK Borac et du KK Borac mais accueille aussi d'autres manifestations sportives ; elle dispose de 3 000 places assises[140] ; de nombreux événements y sont organisés, concerts, foires ou réunions politiques ; pendant la guerre de Bosnie-Herzégovine, elle a également abrité de nombreux réfugiés[141]. La ville dispose en plus de plusieurs courts de tennis, notamment ceux du parc Mladen Stojanović et de Borik[142], ainsi que d'un auto-motodrome situé à Zalužani[143]. Une piscine olympique a été inaugurée à Banja Luka le [144]. Depuis 2007, la ville accueille l'arrivée de deux épreuves de cyclisme sur route, classée à l'UCI Europe Tour : Belgrade-Banja Luka I et II.
À l'époque de la république fédérale socialiste de Yougoslavie, Banja Luka a connu un important essor économique ; en revanche, même si la ville ne fut pas directement touchée par les combats de la guerre de Bosnie-Herzégovine (1992-1995), son économie a été affectée par une importante crise. Après la guerre, et notamment depuis 2000, la cité a renoué avec la croissance, marquée par l'installation de firmes internationales comme Siemens, PepsiCo ou le groupe serbe Delta[41]. La ville a accompagné et prolongé ce mouvement avec la création de trois organismes en 2003[145] : le Centre pour le développement et la promotion des villages (en serbe : Centar za razvoj i unapređenje sela), l'office du tourisme de la ville de Banja Luka (Turistička organizacija Grada Banja Luka) et l'Agence pour le développement de la ville (Gradska razvojna agencija)[146].
La métallurgie est représentée par la société Jelšingrad livnica čelika (JLG) créée en 1937 ; elle est spécialisée dans le moulage de pièces en acier dont plus de 90 % sont destinées à l'exportation[153]. La société Krajina GP, quant à elle, travaille dans le secteur de la construction ; elle propose la conception et la réalisation d'immeubles résidentiels, publics ou de structures industrielles mais elle s'occupe aussi de génie civil, avec la construction de ponts et de viaducs[154] ; parmi ses réalisations récentes à Banja Luka, on peut citer le centre hospitalier (Klinički centar) du quartier de Paprikovac, la gare ferroviaire (Željeznička stanica), les usines ou entrepôts de Jelšingrad livnica čelika et de Vitaminka, ou encore le centre commercial Boska ; l'entreprise a également travaillé à la reconstruction de la cathédrale du Christ-Sauveur[155] et elle travaille actuellement à la construction de l'Aleja Centar, un complexe qui mêle des immeubles résidentiels et des immeubles d'affaires[156].
De nombreuses autres sociétés ont leur siège dans la ville. La Banjalučka pivara, la « Brasserie de Banja Luka », dont l'origine remonte à 1873[157], produit notamment de la bière vendue sous la marque Nektar[158]. Vitaminka, créée en 1947, est une entreprise du secteur agroalimentaire qui transforme des légumes et des fruits[159] ; son capital est détenu à plus de 75 % par la société suisse Kreis-Industriehandel AG[160]. Srpske Pošte est une société spécialisée dans les services de télécommunication intégrés ; elle propose notamment des services Internet mais aussi des services postaux traditionnels comme le traitement du courrier et des colis ; la société opère à travers un réseau de 262 succursales présentes dans tout le pays[161]. Meridian est une société de transport international de fret, qui propose aussi des services logistiques ; elle dispose de deux entrepôts, l'un à Banja Luka, l'autre à Novi Grad, ainsi que de 13 succursales réparties dans toute la Bosnie-Herzégovine[162]. Čistoća travaille dans le domaine du traitement des déchets urbains, notamment des déchets dangereux, de leur collecte jusqu'à leur élimination[163]. Boska RK travaille dans le secteur du commerce de détail et Tržnica, une autre entreprise commerciale, travaille aussi bien dans le commerce de gros que dans le commerce de détail[164]. Telekom Srpske, qui a son siège à Banja Luka, est un des plus importants opérateurs de télécommunications de Bosnie-Herzégovine, que ce soit pour les téléphones fixes et mobiles ou pour internet ; le capital de la société est détenu à hauteur de 65 % par la compagnie serbe Telekom Srbija[165],[166].
Les Nezavisne novine ont été fondées par Željko Kopanja en décembre 1995[183] ; ce « Journal indépendant » est considéré par certains comme le plus indépendant de la République serbe. L'actuel premier ministre de la République serbe Milorad Dodik lui a apporté son soutien[184], notamment en lui fournissant des fonds pour son lancement. En 2001, il était publié à 11 000 exemplaires[183] et, en 2008, entre 20 000 et 25 000 exemplaires[185]. Les Nezavisne novine (le « Journal indépendant ») ont été le premier journal de la république serbe de Bosnie à publier des articles sur les crimes de guerre commis par les Serbes en Bosnie-Herzégovine[186], juste après la guerre de Bosnie-Herzégovine. Il a également mis en lumière la corruption et les détournements de fonds pratiqués dans la République. En octobre 1999, son directeur Željko Kopanja a été victime d'un attentat à la bombe où il a perdu ses deux jambes. En 2002, Željko Kopanja a obtenu un prix de la liberté de la presse[187].
Outre Glas Srpke et les Nezavisne Novine[188], deux titres Press[189] et Focus[190] paraissent dans la ville.
Banja Luka dispose d'un réseau d'écoles maternelles géré par le Centre pour l'éducation préscolaire (en serbecyrillique : Центар за предшколско васпитање и образовање ; en serbe latin : Centar za predškolsko vaspitanje i obrazovanje), soit 18 établissements répartis dans 11 communautés locales du territoire de la ville de Banja Luka, urbaines et périurbaines[198],[199]. L'enseignement élémentaire, secondaire et supérieur, quant à lui, est placé sous l'autorité du ministère de l'Éducation et de la Culture de la république serbe de Bosnie[200]. La Ville possède ainsi 30 écoles élémentaires (Основне школе/Osnovne škole)[201] et 20 écoles secondaires (Средње школе/Srednje škole)[200]. Parmi ces dernières figure le lycée de Banja Luka qui a ouvert ses portes le [202] et qui, après le tremblement de terre de 1969 et la destruction des anciens bâtiments, a été installé dans des locaux modernes[203] ; depuis 2006, l'établissement prépare au baccalauréat international (BI)[204].
La faculté d'économie de l'université de Banja Luka
Certaines écoles secondaires sont plus spécialisées, comme l'école de construction (Грађевинска школа) l'école d'économie (Економска школа), l'école de génie électrique Nikola Tesla (Електротехничка школа Никола Тесла), l'école de médecine, l'école de musique Vlado Milošević (Музичка школа Владо Милошевић), l'école d'agriculture (Пољопривредна школа), l'école technique (Техничка школа), l'école de restauration, du tourisme et du commerce (Угоститељско-трговинско-туристичка школа), l'école des apprentis (Школа ученика у привреди), l'école de technologie (Технолошка школа), le Centre de formation pour l'éducation et la récupération de la parole et de l'audition (Центар за образовање васпитање и рехабилитацију слуха и говора) et le centre Protégez-moi (Центар Заштити ме)[205].
Dans le domaine de l'enseignement supérieur, Banja Luka abrite une importante université, créée le [206] et organisée en 16 facultés, correspondant à 45 programmes d'études[207] ; elle accueille 17 000 étudiants, encadrés par 600 professeurs et 400 assistants[208]. Lors de sa création l'université comptait cinq facultés : génie électrique[209], technologie, génie mécanique, droit et économie[210] ; la faculté de médecine y a été créé en 1978, la faculté d'agriculture en 1992, la faculté de sylviculture[211] et la faculté de philosophie en 1993, la faculté d'architecture et de génie civil[212] et celle des sciences en 1996[213] et l'Académie des arts en 1999[214]. Parallèlement à cette université publique, Banja Luka possède plusieurs établissements privés d'enseignement supérieur[215], comme l'université d'ingénierie d'affaires et de management[216], l'université paneuropéenne Apeiron, qui propose des études pluridisciplinaires et, notamment, dans le domaine de l'économie, du droit et de la santé[217] ou encore l'Université des hautes études commerciales, créée en 2005, où l'on peut étudier la finance, l'économie appliquée, l'écologie, le journalisme, les technologies de la communication ou le design[218]. Le Collège de communication Kapa Fi (Komunikološki koledž КФ), créé en 2000, est le plus ancien établissement privé d'enseignement supérieur de la ville[219].
La voie ferrée entre Banja Luka et Dobrljin a été inaugurée en 1873 et elle était à l'époque la plus moderne de Bosnie-Herzégovine[23]. La ville est aujourd'hui une des plaques tournantes de la société des Chemins de fer de la République serbe (en serbe : Željeznice Republike Srpske), qui comprend la moitié du réseau ferré du pays. La guerre de Bosnie-Herzégovine a endommagé ce réseau et la compagnie souffre d'un manque de matériel, ce qui occasionne une faible fréquence et une certaine lenteur dans les trajets. En revanche, depuis Banja Luka, il est possible de rejoindre les villes du nord de la Bosnie ou des villes comme Zagreb et Belgrade. Banja Luka possède un aéroport international (code AITA : BNX) ; construit en 1976, il se trouve à 23 km au nord de la ville sur le territoire du village de Mahovljani, dans la municipalité de Laktaši[222]. Il est desservi par la compagnie bosnienne B&H Airlines et par la compagnie serbe Jat Airways, qui y assurent trois vols par semaine en direction de Zurich et de Belgrade. Pour le moment, l'aéroport sert ainsi plutôt d'appoint pour les aéroports internationaux de Sarajevo et de Zagreb.
Sur le plan local, Banja Luka ne possède ni métro ni tramway. Les transports en commun sont assurés par plus de 30 lignes d'autobus qui relient le centre de la ville à ses différents faubourgs et aux localités situés sur le territoire municipal. La plus ancienne du réseau est la ligne no 1. Les taxis constituent aussi un moyen de déplacement courant. Un système de trolleybus devrait voir le jour fin 2009 ou début 2010.
Située sur la rivière Vrbas, Banja Luka dispose de plusieurs ponts, comme le Gradski most (Pont de la ville), le pont d'Incel, le pont de Česma, le pont vert (Zeleni most) ou ceux de Novoselija, Rebrovac et Venecija. Le plus récent d'entre eux a été inauguré le dans le quartier d'Ada ; il mesure 90 m de long pour une largeur de 14 m et dispose de pistes cyclables et de voies pour les piétions[223].
Un nombre important de personnalités ont vu le jour à Banja Luka : parmi les plus renommées, on trouve Ivan Franjo Jukić (1818-1857), moine catholique, écrivain et humaniste, ainsi que le poète Petar Kočić (1877-1916), qui, en pleine période austro-hongroise, fut un grand défenseur de la liberté des Slaves du Sud ou Veselin Masleša (1906-1943), héros de la Seconde Guerre mondiale. D'autres poètes, hommes ou femmes de lettres et philosophes ont illustré leur ville natale : Muhamed Filipović (né en 1929), Nasiha Kapidžić-Hadžić (1931-1995), Ismet Bekrić (né en 1943) ou Irfan Horozović (né en 1947). Deux acteurs réputés dans l'ex-Yougoslavie, Adem Čejvan (1927-1989) et Mustafa Nadarević (né en 1943), sont également nés à Banja Luka. Emir Krajišnik (né en 1954), originaire de Banja Luka est un peintre peintre, un sculpteur et un vidéaste vidéaste qui vit et travaille aujourd'hui essentiellement en Suède. L'historien de la littérature, spécialiste de langue et de littérature anglaises, et académicien Svetozar Koljević, né en 1930, est originaire de la ville.
↑ abcdef et g(bs + hr + sr) « Composition nationale de la population - Résultats de la République par municipalités et localités », Bulletin statistique, Sarajevo, Publication de l'Institut national de statistique de Bosnie-Herzégovine, no 234, .
↑ abcd et e(en) « Kastel fortress, the historic site », sur aneks8komisija.com.ba, Site de la Commission pour la préservation des monuments nationaux (consulté le ).
La version du 10 juillet 2010 de cet article a été reconnue comme « article de qualité », c'est-à-dire qu'elle répond à des critères de qualité concernant le style, la clarté, la pertinence, la citation des sources et l'illustration.