Inscrit MH (1971, rive droite (avant-poste, portions du mur fortifié), rive gauche (mur de jonction, bastion), écluse) Inscrit MH (1995, parois du système fortifié de vannes d'eau)
Le barrage Vauban, aussi appelé « Grande Écluse de fortification »[1], est un pont-écluse classé monument historique situé à Strasbourg. On lui a donné d'autres noms au cours de l'histoire : écluse aux farines[2], pont-casemate.
Histoire
Le barrage est construit de 1681 à 1688 par l'ingénieur français Tarade sur les plans de Vauban.
Face aux progrès de l’artillerie et des techniques de combat, les ponts couverts ne permettaient plus de défendre correctement le sud de la ville. On décida donc d’édifier, à quelques mètres en amont, une nouvelle construction capable de faire face aux nouvelles contraintes de la guerre « moderne ».
Après 1870, les autorités allemandes font surélever le barrage d'un étage et le recouvrent de terre et de gazon.
En 1966, la ville de Strasbourg aménage une terrasse panoramique sur le toit de l'édifice[4].
Le barrage Vauban fait l'objet d'une inscription au titre des monuments historiques depuis le [5].
En 2011, le barrage a fait l'objet d'une étude archéologique du bâti remarquable menée par le Pôle d'Archéologie Interdépartemental Rhénan sous la direction de Maxime Werlé couplé à une étude des documents d'archives[6].
Fonction
Baptisé « la Grande Écluse »[7], le barrage était censé, en cas d’attaque, en obstruant ses arches par fermeture des vannes, faire monter le niveau de la rivière l’Ill et inonder tous les terrains situés au sud de la cité, et donc les rendre infranchissables par l’ennemi.
Constituées principalement de champs et de vergers, ces zones, une fois noyées, devenaient de véritables marécages dans lesquels étaient censées s’embourber les troupes ennemies.
Structure
L’édifice est parfois nommé « Passage Vauban » ou « Pont Vauban » car il s’agit également d’un couloir menant d’une rive à l’autre de l'Ill. Ce « passage » comporte trois ponts-levis.
Deux escaliers intérieurs et un ascenseur pour les personnes à mobilité réduite permettent l’accès du public sur le toit du barrage qui fait office de terrasse et offre une vue panoramique sur les ponts couverts et la cathédrale.
Le barrage enjambe l'Ill, en amont des ponts couverts et de la Petite France, reliant la place Jean-Arp à la place du Quartier-Blanc. Il reliait les fortifications — aujourd’hui disparues — de la ville.
Sur les deux pointes situées devant les tours des ponts couverts, et en aval du barrage Vauban, on peut voir deux séries d’embrasures situées très près du niveau de l’eau ; il s'agit très certainement d’emplacements homologues aux batteries de rupture telles que l'on en trouve dans de nombreux ports de mer fortifiés, qui permettent de couler sur place des bateaux tentant d'investir la place.
Restauration
Entre 2010 et 2012, des travaux de restauration, de mise en valeur et de mise en sécurité ont été réalisés par la Ville de Strasbourg. L'architecte en chef des monuments historiques, Christophe Bottineau, a assuré la maîtrise d'œuvre de cette opération[8]. Celle-ci a entraîné la réfection complète de la terrasse et de l’étanchéité ; la création d’une toiture végétalisée remplaçant les talus de pleine terre existants ; la réfection de l’accès à la terrasse panoramique et son accessibilité aux personnes à mobilité réduite (mise en place de deux escaliers et d’un élévateur) ; la mise en sécurité et mise en propreté du niveau inférieur ; la restauration des façades, le remplacement des pierres altérées, le dessalement, le nettoyage et le jointoiement des parements[9].
Dominique Toursel-Harster, Jean-Pierre Beck, Guy Bronner, Dictionnaire des monuments historiques d’Alsace, Strasbourg, La Nuée Bleue, , 662 p. (ISBN2-7165-0250-1)
Strasbourg, Grande écluse de fortification, dite barrage Vauban pp. 440-441