Selon les sources et le contexte, on observe plusieurs formes[2] :
Boso ou Bozo : mot d'origine bambara ayant parfois des connotations péjoratives.
Tye ou Tige : nom du groupe ethnique en tyeyaxo, le parler bozo de la zone de Dia et de Diafarabé.
Sorko, Sorogo ou Sarkawa : nom employé principalement par les bozo parlant le jenaama, la variété bozo aux alentours de Mopti et de Djenné en particulier. L'origine des sorko n'est pas parfaitement claire, mais ils se sont assimilés au peuple bozo.
Han : nom du groupe ethnique en kélenga, le parler bozo des alentours de Ké-Macina.
Kélenga : nom des bozo vivant entre Markala et Ké-Macina et parlant le kélenga.
Les Bozos ont appartenu à l’empire du Ghana et se sont installés sur les rivages du Niger au Xe siècle.
L’empire du Mali (XIIIe au XVe siècles), soucieux de contrôler les voies fluviales et de disposer de bateliers expérimentés, tenta de soumettre ces peuples de l’eau, et y arriva partiellement[3].
La plupart des Bozo du Mali se disent originaires de Dia, ville située au centre du Mali et considérée par beaucoup d'historiens comme la plus vieille ville habitée du pays.
Religion
Les Bozos sont principalement de confession musulmane, mais gardent une très forte tradition animiste. L’animal-totem des Bozos est le taureau. Son corps représente le fleuve et les cornes représentent les pirogues.
Mode de vie
Les Bozos sont un peuple qui reste de nos jours encore semi-nomade, déplaçant leurs habitations, selon les saisons et le niveau de l'eau, en amont ou en aval du fleuve pour certaines familles. Ils vivent souvent sur des îles temporaires créées par les joncs, voire les créent partiellement en asséchant les berges d'un îlot. Contraints de se sédentariser sous le règne de Cheikhou Amadou (1810-1844), le fondateur de l'empire du Macina, ils demeurent des nomades et retrouvent leurs paillotes pour quelques mois de pêche après la saison des pluies.
Les Bozos sont liés avec l’ethnie dogon par la parenté à plaisanterie. Dogons et Bozos se moquent réciproquement, mais parallèlement se doivent assistance, et pratiquent traditionnellement un intense commerce par troc de leurs spécialités respectives (poissons bozos contre oignons et outils forgés dogons). Les dogons sont les esclaves des bozos (exemple de plaisanterie). Ils ont aussi l'interdiction de fréquenter les Khassonkés sous peine de mourir.[réf. nécessaire][4]
Groupes
Il existe plusieurs sous-groupes chez les Bozo, dont les Sorogo, les Fuono-Sorogo, les Tié, les Kélinga[3].
Les Bozos sont avant tout un peuple de pêcheurs et passent une grande partie de la journée sur leur pirogue à pratiquer la pêche.
Les Bozos sont à l’origine de la création de la plupart des villes situées au bord du fleuve Niger telles que Djenné, Mopti… Leur peu d'intérêt pour le pouvoir et l'absence de griot en leur sein ont fait que ces villes ont été administrées par les autres ethnies, comme Bamako[réf. nécessaire][5],[6].
Notes et références
↑Didier Bergounhoux et Rinaldo Depagne, Mali. Les maîtres du fleuve, Éditions du Garde-Temps, Paris, 2005, 80 p. (ISBN2913545386)
↑Source RAMEAU, BnF[1] ainsi que Lars Sundström, Ecology and symbiosis: Niger water folk, Studia Ethnographica Upsaliensia XXXV, UPPSALA, 1972, p.48.
↑ a et bEveline Baumann, « Produire et consommer en milieu pêcheur du Delta Central du Niger », Rapport d'étape pour l'atelier du projet "études halieutiques" du Delta central du Niger, (lire en ligne)
↑Denis Douyon, « Le regard d’un ethnologue malien sur les archives du Fonds Marcel-Griaule », Ateliers d'anthropologie. Revue éditée par le Laboratoire d'ethnologie et de sociologie comparative, no 32, (ISSN1245-1436, DOI10.4000/ateliers.3062, lire en ligne, consulté le )
↑Bakary Kamian, « Une ville de la République du Soudan : San », Les Cahiers d'Outre-Mer, vol. 12, no 47, , p. 225–250 (DOI10.3406/caoum.1959.2125, lire en ligne, consulté le )
(en) Mary Jo Arnoldi, Bamana and Bozo puppetry of the Segou region youth societies : from the collection of Joan and Charles Bird, Dept. of Creative Arts at Purdue University, West Lafayette, (Ind.), 1976?, 24 p. (catalogue)
(en) Renata Anna Walicka Zeh, Building practice and cultural space amongst the Bambara, Senufo and Bozo of Mali : an ethnoarchaeological study, University of london, 2000, 284 p. (thèse)
Myeru Baa, La geste de Fanta Maa : archétype du chasseur dans la culture des Bozo (récits de Myeru Baa et Mahamadu Lamini Sunbunu traduits et édités par Shekh Tijaan Hayidara), CELHTO, Niamey, 1987, 201 p.
Laurent Boudier, Bernard Dulon et Pierre Robin, Bozo : masque et marionnettes du Mali, Collection Pierre Robin (exposition du 8 février au 31 mars 2007, Galerie Libéral Bruant), Ed. Héritage Architectural, Paris, 2007, 80 p. (ISBN2-915096-11-2)
Jean-Pierre Chauveau, Eyolf Jul-Larsen et Christian Chaboud (dir.), Les pêches piroguières en Afrique de l'Ouest : dynamiques institutionnelles : pouvoirs, mobilités, marchés, Karthala/IRD, Paris ; Christian-Michelsen Institute, Bergen, 2000, 383 p.
Jacques Daget et M. Konipo, « La pince-amulette chez les bozo », Notes africaines, 1951, no 51, p. 80-81
Germaine Dieterlen et Ziedonis Ligers, « Les tengere. Instruments de musique bozo », Objets et mondes, Paris, automne 1967, tome VII, fasc. 3.
Giles Coulon et Marie-Laure de Noray, Delta, Vivre et travailler dans le delta intérieur du Niger au Mali, Éditions Donniya/IRD, 2000
Marcel Griaule et Germaine Dieterlen, « L'agriculture rituelle des Bozo », Journal de la Société des Africanistes, Paris, t. 19, 1949, p. 209-222
Marcel Griaule et Ziedonis Ligers, « Le bulu, jeu bozo », Journal de la Société des Africanistes, Paris, t. 25, fasc. 1 & 2, 1955, p. 35-37
Moussa Konate, La Malédiction du Lamantin,édition Fayard, 2009
Marcel Griaule, « Note sur le couteau de circoncision Bozo », Journal de la Société des Africanistes, Paris, 1956, t. XXVI, fasc. 1-2, p. 7-8
Ziedonis Ligers, Les Sorko (Bozo), maîtres du Niger : étude ethnographique, Librairie des Cinq continents, Paris, 1964, (4 volumes : 1. La cueillette. La chasse ; 2. La pêche ; 3. L'habitat. Architecture et mobilier ; 4. La navigation)
J. Ortoli, « Une race de pêcheurs : les Bozo du Niger », Bulletin de Recherches Soudanaises, 1936, no 4.
(it) Sebastiano Pedrocco, I Bozo pescatori del delta del medio Niger e il Saho modello spaziale della memoria, Universita degli ca' Foscari di Venezia, 2002, 151 p. (thèse)