Brody est située sur le bassin supérieur de la rivière Styr, à l'extremité nord-est de la région historique de Galicie près de la limite de la Volhynie. La ville se trouve à 87 km au nord-est de Lviv, centre administratif de l'oblast.
Histoire
Des découvertes archéologiques suggèrent que la région était habitée à partir du XIIe siècle av. J.-C.
Brody faisait partie du royaume de Pologne à partir de 1340. Ainsi commença une période dans laquelle la ville a été re-créé comme une cité idéale par la noblesse polonaise (szlachta). Incorporée dans la voïvodie ruthène (Ruthénie rouge), elle fut la possession de plusieurs familles féodales (Sienioski, Kamieniecki) à partir de 1441,.
Depuis le XVIIe siècle, la ville est peuplée principalement d'Ukrainiens et de Polonais, mais aussi de Juifs, d'Arméniens et de Grecs. Pendant ce temps, elle a connu un important essor économique, en avait fait la plaque tournante des échanges entre la république des Deux Nations, la Russie et l'Empire ottoman. En 1704, elle est achetée par la famille Potocki. En 1734, la forteresse de Brody est détruite par les troupes russes, puis reconstruite par Stanislas Potocki dans un style baroque.
En 1779, la ville frontalière est déclarée une zone de libre-échange, sur l'exemple des ports de Trieste et Fiume. Brody est, à nouveau, l'un des principaux centres des échanges commerciaux entre l'Europe centrale et orientale. Durant le blocus continental de Napoléon Ier, la contrebande de marchandises coloniales était florissante. En 1812, Wincenty Potocki est forcé par le gouvernement autrichien d'abattre les fortifications de la ville.
La place du marché, 1904.
La ville fut le chef-lieu du district de Brody, l'un des 78 Bezirkshauptmannschaften de la province (Kronland) de Galicie, le [2].
En 1869, elle est reliée au réseau ferroviaire autrichien ; une ligne de raccordement à Radivilov en Russie fut inaugurée quatre ans plus tard. Néanmoins, l'annulation du libre-échange en 1879 entraînait une stagnation du développement. Dans son roman La Marche de Radetzky, l'écrivain Joseph Roth décrit les conditions sociales de la zone éloignée.
En , après la défaite polonaise face à l'Allemagne nazie, Brody fut occupée par l'Armée rouge, conformément aux clauses du pacte germano-soviétique. Entre le 26 juin et le , une bataille opposa la Première Armée Panzer allemande à cinq corps mécanisés soviétiques, avec de lourdes pertes des deux côtés. Au cours de l'été 1944, Brody et ses environs furent le théâtre d'une importante opération stratégique — l'opération Lvov-Sandomierz, à l'issue de laquelle l'armée soviétique encercla et détruisit d'importantes forces allemandes.
Au XIXe siècle, Brody était un carrefour et un centre de commerce juif et était considérée comme un shtetl. Elle était alors célèbre pour ses Brodersänger ou chanteurs de Broder[pas clair], qui furent parmi les premiers à chanter en yiddish en public, en dehors des fêtes de Pourim ou des mariages.
Les mesures discriminatoires du tsar Alexandre III de Russie à l'égard des Juifs contenues dans les Lois de mai 1882 entraînèrent une immigration massive des Juifs de Russie. Chaque jour des centaines de Juifs arrivaient à Brody, ce qui plaça leurs coreligionnaires autrichiens et allemands face un dilemme. On estime entre 20 000 et 25 000 le nombre de réfugiés arrivés de Russie[5] dans une ville frontalière de 20 000 habitants. Les communautés juives d'Europe centrale et occidentale, qui appartenaient aux classes moyennes, se tournèrent vers l'Alliance israélite universelle, l'un des organismes philanthropiques juifs les plus importants et les plus respectés, pour faire face à l'afflux des nouveaux arrivants.
Durant le Gouvernement général et l'occupation nazie, en décembre 1942, la population juive fut enfermée dans un ghetto, à l'intérieur de la ville. La plupart des 9 000 Juifs que comptait la ville avant la guerre périrent, dans des camps de concentration, de faim, du travail forcé ou furent assassinés.
Population
Recensements (*) ou estimations de la population[6] :
Moriz Friedländer, Fünf Wochen in Brody unter jüdisch-russischen Emigranten, Wien, 1882. ([1])
Nathan Michael Gelber, Toledot jehudej Brody 1584–1943, Jerušalajim, 1955.
Zbigniew Kościów, Brody. Przypomnienie kresowego miasta, Opole, 1993.
Börries Kuzmany, Brody. Eine galizische Grenzstadt im langen 19. Jahrhundert, Böhlau, Wien/Köln/Weimar 2011. (ISBN978-3-205-78763-1) (PDF; 16,9 MB)
Börries Kuzmany, Die Stadt Brody im langen 19. Jahrhundert – Eine Misserfolgsgeschichte?, Thèse, Université de Vienne et Université Paris IV, 2008. [2]
Tadeusz Lutman, Studja nad dziejami handlu Brodów w latach 1773–1880, Lwów, 1937.
Mark Wischnitzer, Die Stellung der Brodyer Juden im internationalen Handel in der zweiten Hälfte des 18. Jahrhunderts, in: Wischnitzer, M. (Hg.): Festschrift zu S. Dubnows 70. Geburtstag, Berlin, 1930, p. 113–123.
Bohdan Zrobek, Brody i Bridščyna. Istoryčno-memuarnyj zbirnyk. Kniha II, Brody, 1998.