Il est le premier à énoncer le principe d'un ordinateur. C'est en 1834, pendant le développement d'une machine à calculer destinée au calcul et à l'impression de tables mathématiques (la machine à différences) qu'il a l'idée d'y incorporer des cartes du métier Jacquard, dont la lecture séquentielle donnerait des instructions et des données à sa machine, et donc imagine l'ancêtre mécanique des ordinateurs d'aujourd'hui. Il n'achève jamais sa machine analytique, mais il passe le reste de sa vie à la concevoir dans les moindres détails et à en construire un prototype. Un de ses fils en construit l'unité centrale (le moulin) et l'imprimante en 1888 et fait une démonstration réussie de calcul de table à l'académie royale d'astronomie en 1908[2].
C'est entre 1847 et 1849 que Charles Babbage entreprend d'utiliser les avancées technologiques de sa machine analytique pour concevoir les plans d'une machine à différences no 2 qui, à spécifications égales, demandait trois fois moins de pièces que la précédente.
En 1991, à partir de ces plans, on a pu reconstruire une partie de cette machine qui fonctionne parfaitement en utilisant les techniques qui étaient disponibles au XIXe siècle ce qui montre qu'elle aurait pu être construite du vivant de Charles Babbage.
Biographie
Famille, enfance et études
On the economy of machinery and manufactures, 1835
Charles Babbage est né au 44 Crosby Row, Walworth Road, Londres[3] dans ce qui est maintenant le quartier londonien de Southwark. Son père est un prospère banquier londonien ce qui lui permet d'entrer à l'école privée de Forty Hill, Enfield dans le Middlesex. C'est dans cette école que commence sa passion pour les mathématiques et à la sortie de l'académie Forty Hill, il poursuit ses études à la maison sous la tutelle d'un professeur d'Oxford. Il étudie à Cambridge au Trinity College en 1810 et au collège Peterhouse.
Durant ce séjour au Trinity College, il fonde la Société Analytique en 1812 en compagnie de neuf autres mathématiciens universitaires et ainsi peut faire sa première publication en 1813 : On continued products dans Memoirs of the Analytical Society. Il obtient son diplôme à Cambridge en 1814 et, cette même année, épouse Georgiana Whitmore sans l'autorisation de son père.
Différents postes et sociétés
Dès l'âge de 29 ans, il est élu membre à la Société Royale de Londres et à celle d'Édimbourg, en 1820. La même année il fonde la « Société Royale d'Astronomie » où il est secrétaire pour les quatre premières années de l'existence de cette société.
Il a huit enfants avec son épouse, dont seulement trois atteignent l'âge adulte.
1827 – 1871
À la mort de son père en 1827, Charles Babbage hérite d'un grand domaine (dont la valeur est d'environ 100 000 £, soit plus de 13 032 477 £ en 2024[4]), ce qui le rend riche[5]. Son épouse meurt la même année, Charles Babbage a alors 36 ans et décide de voyager en Europe.
Il meurt le 18 octobre 1871. Vers la fin de sa vie, il déclare qu'il aurait accepté une mort immédiate à condition de pouvoir passer trois jours, cinq cents ans plus tard, avec un guide scientifique pouvant lui expliquer toutes les inventions apparues depuis sa mort[6].
Contributions scientifiques
Conception d'un ordinateur
L'objectif de Charles Babbage est avant tout de concevoir des tables nautiques, astronomiques et mathématiques exactes, car celles de son époque comportent de nombreuses erreurs[7].
Charles Babbage s'aperçoit en effet que les tables de calculs comportent beaucoup d'erreurs, responsables, entre autres, de beaucoup d'accidents de navigation. Ainsi, il essaie de concevoir une machine (Difference Engine 1) qui pourrait exécuter le travail sans faute, les erreurs humaines étant occasionnées par la fatigue ou l'ennui.
Il développe cette idée depuis 1812. Deux facteurs semblent avoir contribué à sa décision de concevoir un tel appareil : sa connaissance des tables de logarithmes, et le travail déjà commencé dans ce domaine par Blaise Pascal (avec la « Pascaline ») et Gottfried Leibniz (multiplicatrice). Au cours de la conception de la machine, il entre en correspondance avec une jeune femme, Ada Lovelace : citée par Charles Babbage dans ses comptes-rendus de 1843, elle apparaît comme à l'origine de la résolution d'un algorithme basé sur une suite de Bernoulli[8]. C'est d’ailleurs sous son nom, « Lady Ada », qu'elle publie le premier algorithme destiné à être exécuté sur une machine[9] : la machine à différences de Charles Babbage.
Dans une correspondance avec Sir Humphry Davy en 1822, Charles Babbage y discute de certaines applications d'une telle machine, notamment pour le calcul et l'impression des tables mathématiques, et y discute aussi des principes d'une machine à calculer.
La machine à différences
Une partie de la machine à différences de Charles Babbage.
Débute alors la construction de cette machine qui ne sera jamais terminée. Il y a deux problèmes. Premièrement, le frottement affectant les embrayages de l'époque grippe le mécanisme et les vibrations sont gênantes. Deuxièmement, Charles Babbage modifie perpétuellement la conception de son projet. En 1833, 17 000 £ avaient été déboursées pour le projet sans aucun résultat satisfaisant, entraînant la brouille avec son constructeur, Joseph Clement.
Modèle d'essai d'une partie de la machine analytique, construit par Charles Babbage, exposée au Science Museum de Londres.Les cartes utilisées par Charles Babbage pour sa machine analytique. Les cartes d'instructions sont au premier plan, devant les cartes de données.
Une avancée fondamentale en matière d'automatisation des calculs est réalisée par Charles Babbage entre 1834 et 1836. Il y définit les principaux concepts sur lesquels reposent les machines informatiques,
La machine analytique de Charles Babbage utilise des cartes perforées pour ses données et ses instructions[10].
Mais Charles Babbage est dans l'incapacité, malgré ses efforts, de réaliser sa machine car les techniques de l'époque (roues dentées, leviers, tambours) sont insuffisantes.
Pendant son travail sur la machine analytique, Charles Babbage se rend compte qu'il peut simplifier les plans de sa machine à différences. Entre 1847 et 1849, il dessine les plans de la machine à différences no 2.
Cette nouvelle machine requiert trois fois moins de pièces que la machine à différences no 1, tout en offrant une puissance de calcul équivalente. Charles Babbage n'essaya jamais de la construire.
En 1985, le musée des sciences de Londres entreprend de construire un exemplaire de la machine à différences no 2, afin de célébrer le 200e anniversaire de Babbage en 1991. Le module de calcul est terminé à temps en 1991, et c'est finalement en 2002 que la machine est totalement achevée avec son module d'impression et de stéréotype.
Construite en respectant scrupuleusement les plans originaux, elle est composée de 8 000 pièces, pèse 5 tonnes, mesure 3 mètres de large, 2 mètres de haut et 45 cm de profondeur. Cet exemplaire est aujourd'hui exposé au musée des sciences de Londres.
Un autre exemplaire, commandité par un des donateurs du projet, Nathan Myhrvold, est terminé au printemps 2008 par le musée des sciences de Londres. Exposé au Computer History Museum de Californie jusqu'en mai 2009, cet exemplaire rejoint ensuite la collection privée de M. Myhrvold.
Charles Babbage ne se limite pas seulement aux problèmes techniques, ses inventions vont du compteur de vitesse au pare-buffle que l'on place devant les locomotives pour écarter les animaux, il est aussi le premier à comprendre que, dans un tronc d'arbre, la largeur d'un anneau dépend du temps qu'il a fait dans l'année. Il s'intéresse aussi aux statistiques : il est à l'origine des premières tables de mortalités encore aujourd'hui utilisées par les compagnies d'assurances et prend une part importante à la fondation de la Royal Statistical Society. Charles Babbage est aussi l'inventeur du prix unique du timbre poste indépendant de la destination de chaque lettre. Charles Babbage apporte une autre contribution importante à la cryptanalyse en réussissant à casser le chiffre de Vigenère.
Publications
Account of the repetition of M. Arago's experiments on the magnetism manifested by various substances during the act of rotation, 1825
(en) Account of the repetition of M. Arago's experiments on the magnetism manifested by various substances during the act of rotation, Londres, William Nicol, (lire en ligne)
A Comparative View of the Various Institutions for the Assurance of Lives, Londres, J. Mawman, (lire en ligne)
Reflections on the Decline of Science in England, and on Some of Its Causes, Londres, B. Fellowes, (lire en ligne)
(en) Abstract of a paper entitled Observations on the Temple of Serapis at Pozzuoli, Londres, Richard Taylor, (lire en ligne)
On the Economy of Machinery and Manufactures, Londres, Charles Knight, , 4e éd. (lire en ligne)
↑Le premier essai en 1888, qui devait imprimer une table des 44 premiers multiples de Pi, n'avait pu achever correctement que les 32 premiers multiples (Ligonnière, 1987, p. 109)
↑J. M. Dubbey, 1978, p. 5. Certains livres mentionnent la ville de Teignmouths, Devonshire, ce qui est nié par le musée de Teignmouths, Charles Babbage est baptisé quelques jours après sa naissance dans une paroisse Londonienne
↑Pierre Levy, « L'invention de l'ordinateur », dans Michel Serres, Eléments d'histoire des sciences, Paris, Bordas, coll. « Cultures », , 575 p. (ISBN978-2-040-18467-4, OCLC123103986)
James Gleick (trad. de l'anglais par Françoise Bouillot), L'information : L'histoire - La théorie : Le déluge [« The Information : A history, a theory, a flood »], Paris, Cassini, , 501 p. (ISBN978-2-84225-203-8)