Le cimetière des Errancis, aussi appelé cimetière de Monceau ou cimetière de Mousseaux, est un ancien cimetière de la Révolution française. Il était situé dans le 8e arrondissement de Paris actuel. Il tire son nom d’un lieu-dit, qui signifiait en ancien français « les estropiés », du verbe « eraincier », peut-être une maison de repos pour convalescents ou une sorte d'hospice.
Il portait ce nom, parce que les bohèmes habitant la Petite-Pologne, située dans le prolongement de la rue du Rocher[3], était une immense Cour des Miracles, simulaient autrefois des infirmités de toute espèce pour exciter la pitié des passants qui appelaient ces vagabonds des Errancis, des estropiés, des éreintés.
Du fait de la saturation du cimetière de la Madeleine ce terrain en partie dévolu au maraîchage, la Commune de Paris fit abattre les ormes plantés dans ce terrain qui devint le cimetière des Errancis, et remplaça celui de la Madeleine.
Ce terrain servit en 1794 de lieu d'inhumation ordinaire, du 5 au 25 mars, puis de lieu d'inhumation pour 1 119 personnes guillotinées pendant la Révolution française, du 25 mars au 10 juin.
Charlotte Corday fut une des premières victimes dont les restes furent inhumés en cet endroit.
La fosse qu'on creusa pour recevoir les restes de Robespierre, Saint-Just, Georges Couthon, Fleuriot-Lescot, Payan, Vivier et autres victimes du 9thermidor de l’an II () fut établie au nord du cimetière, le long du mur de l'ancien chemin de ronde de Clichy, réuni maintenant au rue de Monceau. On comptait vingt-deux troncs dans deux tombereaux (les têtes avaient été mises séparément dans un grand coffre), puis le cadavre de Lebas, le seul qui fut au complet en raison de son suicide. Les frais de transport et d'inhumation s'élevèrent à 193 livres, plus 7 livres données comme pourboire aux fossoyeurs, y compris l'acquisition de chaux vive, dont une couche fut étendue sur les restes.
À l'entrée du cimetière se trouvait un panneau sur lequel était marqué « Dormir, enfin ».
Un bal s'y installa au début du XIXe siècle jusqu'à ce que le prolongement de la rue de Miromesnil et le percement du boulevard Malesherbes viennent morceler le terrain[6].
Les ossements retrouvés à l'occasion des travaux furent transportés pêle-mêle aux catacombes de Paris.
Inhumations
Avec pour seuls témoins les charretiers, les fossoyeurs et un commissaire de police, les corps des suppliciés étaient déposés dans des fosses communes de « quinze pieds carrés » environ, après avoir été entièrement dépouillés de leurs vêtements et de tous leurs effets personnels qui, consignés dans un registre, étaient ensuite remis à l'Hôtel-Dieu. Les corps étaient disposés tête-bêche, en plusieurs couches séparées par « six pouces de terre », les têtes séparées des troncs étant utilisées indistinctement pour remplir les vides. Dans certaines fosses, cohabitaient des corps de suppliciés et des cercueils « envoyés par l'état-civil ». La dernière couche de cadavres était recouverte d'un mètre de terre environ[7].
Sous la Restauration, des fouilles furent en vain menées pour retrouver les restes d'Élisabeth de France.
Notes et références
↑Aristide Michel Perrot, Petit atlas pittoresque des 48 quartiers de la ville de Paris, Paris, E. Garnot,, 1834-1835 (BNF31087809, lire en ligne)
↑Raymond Quesneau et Odile Cortinovis (éditrice scientifique) (postface Emmanuël Souchier), Connaissez-vous Paris ?, Gallimard, , 192 p. (ISBN978-2-07-044255-3), p. 17-18.
↑Société historique et archéologique des VIIIe et XVIIe arrondissements de Paris, Bulletin de la Société historique et archéologique du VIIIe arrondissement de Paris, Paris, Société historique et archéologique des VIIIe et XVIIe arrondissements de Paris (no 12, 1936-1938), , 115 p. (ISSN2682-0315, BNF32724623, lire en ligne), « Le cimetière Monceaux connu sous le nom de « Clos du Christ » », p. 355
↑Son corps fut reconnu à ses vêtements par le fossoyeur Joly, mais les fouilles faites en 1817 pour retrouver son corps furent vaines (Rochegude 1910, p. 46).