De viris illustribus urbis Romae, litt. Les hommes illustres de la ville de Rome, est un livre historique anonyme compilant les biographies de grands hommes de l'antiquité romaine, des fondations légendaires de Rome jusqu'au début de l'empire.
Présentation
Les titres dans les manuscrits sont postérieurs et ne tiennent pas compte des biographies des personnages féminins ou des ennemis de Rome[1]. Le traité est le second ouvrage du corpus Aurelianum, attribué à Aurelius Victor. L'auteur est anonyme[2], c'est un païen lettré érudit qui souhaite glorifier les grandes valeurs romaines, moquées par le christianisme ascendant. Cependant, à plusieurs reprises, sa narration est retenue ou sceptique sur les miracles romains païens : divinisation de Romulus et culte au temple de Jupiter Stator, enclos de Terminus, Castor et Pollux au lac Régille, oies du Capitole, préservation du temple d'Athéna…)[3].
Le plus ancien manuscrit date de 1453, mais deux versions ont existé. La tradition A, publiant le Corpus Aurelianum, compte deux manuscrits, avec les 86 biographies. La tradition B compte plus de 200 manuscrits, ayant transmis le traité mais dont le contenu est plus court, les neuf dernières biographies manquent, les livres s'interrompant au milieu de la biographie de Pompée. Les fautes étant communes, elles sont issues d'un même archétype du stemma[6]. Il y eut des études pour savoir laquelle des deux traditions est l'authentique, l'autre tradition, selon les hypothèses, serait alors soit un prolongement anonyme par le compilateur pour faire le lien avec les empereurs (additamentum), soit une lacune. La critique externe donne divers arguments pour les deux hypothèses, mais la critique interne révèle des constantes d'écritures et d'expressions stylistiques tout le long de l'ouvrage indiquant que les 86 biographies ont très probablement été écrites par le même auteur[7]. Il y eut très tôt un accident de copie, d'où la fin de la biographie de Pompée dans la tradition B qui est comblée par une interpolation[8].
↑C.U.F., p. 85 et notes complémentaires no 611 à 618. « Sous les yeux de sa femme et de ses enfants, il fut frappé au côté d'un coup d'estoc par Septimius, préfet de Ptolémée. Il était déjà mort quand on lui détacha la tête avec un glaive — acte jusqu'alors sans précédent. Son tronc, qui avait été jeté dans le Nil, fut brûlé et inhumé par Servius Codrus, avec cette inscription sur son tombeau : « Ci-gît Magnus ». Sa tête, enveloppée dans un linge égyptien, fut présentée par Achillas, ministre de Ptolémée, à César, avec son anneau ; celui-ci ne put retenir ses larmes et il la fit incinérer avec quantité de parfums très coûteux. » Le texte en question utilise un vocabulaire largement différent du reste de l'ouvrage et utilise comme principale source la Pharsale de Lucain.
↑C.U.F., p. VII. « Il se donne pour sources Tite-Live, Florus, Valère-Maxime… mais se garde bien de dire qu'il a pillé le DVI. Son ouvrage fut maintes fois réédité [278 fois selon le catalogue de la BNF] ; il a même bénéficié de la gloire usurpée d'être retenu par le comité national des programmes comme un des « textes authentiques » (sic) proposés dans l'enseignement secondaire pour l'apprentissage du latin ! ».
↑Monique Bouquet, Tous vos gens a latin: le latin, langue savante, langue mondaine (XIVe – XVIIe siècles), Droz, , « Le De Viris Illistribus de Lhomond : Un monument de Frantin »