En 1918, il rejoint les rangs du Parti social-démocrate indépendant d'Allemagne (Unabhängige Sozialdemokratische Partei Deutschlands, USPD), et devient le président de la section hambourgeoise en 1919. En , il est élu au Bürgerschaft de Hambourg. En 1920, il rejoint avec l’aile gauche de l’USPD le Parti communiste d'Allemagne (KPD). Entré au comité central du parti en 1921, il devient la même année président de sa section hambourgeoise. En 1923, au moment de la révolution avortée qui devait être l'« octobre allemand », il prend la tête de l'insurrection de Hambourg, seule partie du soulèvement à avoir été effectivement déclenchée. Cet épisode, qui lui vaut de passer plusieurs mois dans la clandestinité, contribue à sa réputation au sein du parti. En 1924, il devient vice-président du KPD et membre du présidium de l'Internationale communiste.
En 1925, avec le soutien du comité exécutif de l'Internationale communiste, la direction du parti est renouvelée et Thälmann en devient le président. En 1928 éclate « l'affaire Wittorf », du nom d'un permanent de Hambourg accusé d’avoir pris de l'argent dans la caisse du parti[3]. Ses opposants reprochent à Thälmann de n'avoir pas dénoncé l'affaire. Wittorf est exclu du parti et Thälmann suspendu de ses fonctions de président. Staline intervient et fait pression avec le Komintern pour que Thälmann soit rétabli dans ses fonctions[4].
Sous la direction de Thälmann, le parti, dont la politique est alignée sur celle du Parti communiste de l'Union soviétique, connaît un essor considérable : le KPD obtient 3,3 millions de voix aux élections législatives de 1928, 4,6 millions en 1930, 5,3 millions en juillet 1932 et 6 millions en novembre 1932. Ainsi, il a presque doublé son score électoral entre 1928 et 1932. Toutefois, l’orthodoxie stalinienne que Thälmann applique entraîne la création d'un parti dissident (le Parti communiste d'Allemagne - opposition, KPD-O), et isole le KPD des autres partis de gauche lors de la montée du nazisme. Lors de son discours de décembre 1931, il met en garde ceux parmi les camarades qui ne voulaient pas voir que « les arbres nazis cachent la forêt social-démocrate »[5]. Aussi ses appels au SPD en 1932 et janvier 1933 pour une action commune ne sont-ils pas suivis[3].
Le , Thälmann est arrêté : une vaste campagne pour la libération d'Ernst Thälmann est relayée internationalement par le mouvement antifasciste[6],[7]. La figure de Thälmann devient un symbole de la résistance allemande en général, de la résistance communiste en particulier.
Durant son voyage en Allemagne, Daniel Guérin est témoin d'un autodafé de livres à Brême. Au sommet de la pile d'ouvrages destinés aux flammes, on plante un mannequin à l'effigie de Thälmann. Il est représenté notamment par la chemise noire des groupes de défense communistes et une épingle antifasciste[8].
Après onze années passées dans plusieurs prisons, il est transféré le 17 août 1944 au camp de concentration de Buchenwald. Il y est exécuté le lendemain sur ordre de Hitler et son corps est incinéré dans un four crématoire[10]. La presse nazie tente de faire passer sa mort pour une conséquence du bombardement du camp du 24 août[2].
Hommages et postérité
Après la fin de la Seconde Guerre mondiale, sa mémoire fut honorée. Les autorités de la RDA firent élever de nombreux monuments, donnèrent son nom à de nombreuses rues, comme la Thälmannplatz (ancienne Wilhelmplatz) de Berlin-Est ou à des bâtiments, comme le stade de Potsdam, le Ernst-Thälmann-Stadion. Certains le portent toujours. Dans la capitale, par ailleurs, la station de métro Kaiserhof est renommée Thälmannplatz entre les années 1950 et 1980, tandis que le Ernst-Thälmann-Park est inauguré en 1986. L'organisation officielle de jeunesse des 6-14 ans portait son nom.
Le compositeur et militant britanniqueCornelius Cardew a écrit Thälmann Variations, une pièce pour piano en hommage à Ernst Thälmann.
En 1972, Cuba a renommé l'île Cayo Blanco del Sur en Cayo Ernesto Thaelmann ou île Ernst Thälmann, en l'offrant à la RDA, en échange de droits de marché du sucre en Europe. Toutefois, cette île n'a pas été mentionnée dans le contrat de réunification de l'Allemagne et les autorités cubaines démentent aujourd'hui avoir offert cette île.
Depuis le , une Stolperstein est placée dans la rue Tarpenbekstraße à Hambourg-Eppendorf devant le dernier domicile d'Ernst Thälmann.
Le , des Stolpersteine ont été posées devant l'hôtel de ville de Hambourg à la mémoire des membres du Parlement assassinés, dont une pour Ernst Thälmann[11].
↑En France, par exemple, se créé en 1934 le comité Thaelmann qui organise des meetings et d'autres actions pour la libération du leader communiste allemand (lire : Les bannis de Hitler, « Le Comité Thaelmann », Gilbert Badia, p.200 et suivantes.
↑Une autre version est donnée par un témoin dans le livre Buchenwald par ses témoins, Histoire et dictionnaire du camp de concentration de Buchenwald-Dora et de ses kommandos (1937-1945) : « Dans la nuit du 17 au 18, il est assassiné de quatre coups de revolver dans le sous-sol du crématoire, par des chefs SS. [...] Sa dépouille est laissée aux chiens du camp. » (cf. : Ernst Thälmann (1886-1944))