Gilles Clavreul est le fils du psychanalyste Jean Clavreul (1923-2006) qui ne le connaîtra que tardivement et d'Irène Diamantis (1942-2014), psychanalyste proche de Jenny Aubry et d'Élisabeth Roudinesco[1]. Il grandit dans un milieu de « gauche libérale, intellectuelle, parisienne et bourgeoise »[2].
Il commence sa carrière comme directeur du cabinet du préfet du Gard (2000-2002). Il devient ensuite sous-préfet chargé de mission pour la politique de la ville et chargé de l'arrondissement chef-lieu auprès du préfet des Hauts-de-Seine (-).
En 2007, après l'élection à la présidence de Nicolas Sarkozy, il entre au secrétariat général du ministère de l'Intérieur en tant que chargé de mission à la direction de la modernisation et de l'action territoriale (), avant d'être nommé chef de bureau à la sous-direction du corps préfectoral et des administrateurs civils à la direction de la modernisation et de l'action territoriale au secrétariat général du ministère de l'Intérieur (-), puis sous-directeur du corps préfectoral et des administrateurs civils à la direction de la modernisation et de l'action territoriale, relevant du secrétariat général du ministère de l'Intérieur, de l'Outre-mer et des Collectivités territoriales (-).
En , il est nommé conseiller pour les affaires territoriales au cabinet de François Hollande (-).
Il est nommé préfet hors cadre en , puis redevient préfet titulaire en .
A partir du de la même année, il est chargé d’une mission auprès du secrétaire général du ministère de l’Intérieur, Denis Robin, pour la mise en œuvre d’une recommandation de ce dernier sur la « coopération entre administrations et collectivités locales »[4].
Il est le cofondateur du mouvement politique Printemps républicain, qui se présente comme défenseur de la laïcité et des valeurs républicaines[6]. En 2018, il est l'un des rares membres actifs au nom de l'association sur les réseaux sociaux, avec Amine El Khatmi, Laurent Bouvet, et Nassim Seddiki[7]. Il précise qu'il n'est pas opposé au port du voile pour les accompagnatrices scolaires alors que cette position n’est pas majoritaire au sein du Printemps républicain, selon lui[8].
En 2017, lors de l'élection primaire de la gauche, il soutient publiquement Manuel Valls, un engagement qu'il présente comme une « décision personnelle indépendante de sa fonction de délégué interministériel »[9].
En , il lance le think-tank L’Aurore (du nom du journal de Georges Clemenceau), qu’il veut « progressiste, libéral « tempéré » en économie, parlant de la question sociale et aussi proeuropéen »[7]. Slate indique en 2021 : « Sa production s'est réduite à peau de chagrin ces dernières années. En 2020, seulement cinq notes dont une interview et deux commentaires de l'actualité signés par Jean Glavany et Gilles Clavreul eux-mêmes, respectivement président et délégué général. […] Ses publications sont quasi exclusivement celles de membres ou de proches du Printemps républicain »[10]. L'Aurore a bénéficié de 30 000 euros de subventions de Matignon sous Édouard Philippe, soit « entre cinq et dix pour cent de la subvention annuelle attribuée à certains think tanks existant depuis des années » selon Clavreul[10].
Il cherche en vain à se présenter dans le Gers lors des élections législatives de 2022, de même que d'autres personnalités du Printemps républicain qui échouent à obtenir l'investiture de Renaissance[11].
Controverses
Actions en tant que DILCRA
Ses actions et prises de positions dans sa fonction de délégué interministériel à la lutte contre le racisme et l’antisémitisme font l'objet des critiques de l'essayiste Guillaume Weill-Raynal. Celui-ci écrit, à la suite de prises de position de Clavreul lors d'un voyage de ce dernier en Israël, qu'il a « lié de manière scandaleuse le soutien unilatéral à Israël contre les Palestiniens et la lutte contre l’antisémitisme en France. Sans le moindre rapport avec ses fonctions officielles »[12].
Son choix de nommer le psychanalyste controversé Patrick Amoyel comme conseiller scientifique du DILCRA en 2016 fait également l'objet de polémiques. À la suite de sa mise en examen pour agressions sexuelles quelques mois plus tard, Amoyel est finalement suspendu de ses fonctions[13],[14].
Fake news
En 2015, il relaie sur Twitter une fausse information relatant l'agression d'une jeune fille en bikini par une jeune fille musulmane en raison de sa religion. Il la relance en 2020, alors qu'elle ne subsiste plus que sur des blogs et des sites d'extrême droite comme celui de Riposte laïque[10].
Dépenses de taxis
En 2023, Mediapart relève que Gilles Clavreul a été interpellé par la direction financière de Matignon au sujet de ses frais de déplacement lorsqu'il dirigeait la DILCRA. Seule personne de l'institution à ne jamais prendre le métro, il a dépensé en frais de taxis 14 469 euros en 2015, 18 828 euros en 2016 et 4 114 euros de janvier à avril 2017, soit près de 40 000 euros d'argent public en deux ans et demi. Gilles Clavreul reconnaît « des dépenses de taxis importantes » mais se défend en avançant qu'il n'avait pas le droit à une voiture de fonction avec chauffeur[15].
Affaire de l'appel d'offres de la mairie d'Argenteuil
Le 6 août 2018, l'auto-entreprise de Gilles Clavreul a répondu à un appel d'offres public émanant de la mairie d'Argenteuil : cette mission de conseil avait pour but de réaliser un plan d'action en faveur de la citoyenneté. Lors du conseil municipal du 25 septembre 2018, le maire de la ville Georges Mothron a été interpellé par ses opposants qui s'interrogeaient sur le budget alloué à cette mission (82 500 euros HT) mis en rapport avec la prestation effectivement fournie : cinq ou six conférences au total et une aide à l'élaboration d'un plan de formation pour les agents municipaux. Gilles Clavreul se défend en rappelant l'utilité d'un dispositif qui a retenu l'attention des parlementaires[16].
Ouvrage
Dans le silence de l'État. Comment l'impuissance publique livre la société à elle-même, éditions de l'Observatoire, 2021