La Tchécoslovaquie, connue sous ce nom (sans trait d'union) pendant l'essentiel de son existence, a cependant été formellement connue sous le nom de « Tchéco-Slovaquie » (avec un trait d'union) juste après sa création, de 1918 à 1920, puis à l'époque de la Deuxième République, de 1938 à 1939[4],[5].
Racines et déroulement
L’enjeu, caché dans un détail typographique, est celui de l’égalité de traitement des nations slovaque et tchèque. On pourrait dire qu’il commence dès la création de la Tchécoslovaquie, en 1918, et de la place secondaire réservée aux Slovaques dans les instances étatiques.
Les Slovaques veulent voir le mot « Tchécoslovaquie » (Československo) remplacé par « Tchéco-Slovaquie » (Česko-Slovensko), où le nom de leur pays serait à égalité au sein d'un mot composé, solution linguistique qui n'est pas sans rappeler le nom de l'ancien occupant, l'Autriche-Hongrie (Rakousko-Uhersko en tchèque). Le , le Parlement tchécoslovaque déclare que le nom est sans tiret en tchèque (Československá federativní republika) et avec un tiret en slovaque (Česko-slovenská federatívna republika)[6],[7].
Cette solution ne fut cependant pas considérée comme satisfaisante et, moins d'un mois plus tard, le 20 avril 1990, le parlement changea à nouveau le nom, adoptant celui de « République fédérale tchèque et slovaque » (en tchèqueČeská a Slovenská Federativní Republika, en slovaqueČeská a Slovenská Federatívna Republika, tous deux abrégés en ČSFR). Cette loi listait explicitement les formes longues dans les deux langues et mentionnait qu'elles étaient égales[8],[9],[10].
La vie politique en Tchécoslovaquie est marquée par une séparation de plus en plus nette entre Tchèques et Slovaques, les partis politiques de chaque moitié du pays ayant peu ou pas de présence dans l'autre moitié. Tchèques et Slovaques ne s'accordent pas sur la forme de gouvernement du pays, Prague souhaitant un contrôle renforcé, tandis que les Slovaques désirent davantage de décentralisation. Le , Vladimír Mečiar est élu chef du gouvernement slovaque et, le , Václav Klaus devient chef du gouvernement tchèque. La nomenclature toponymique concernant la Tchécoslovaquie/Tchéco-Slovaquie est une solution de courte durée qui s’éteint au avec la dissolution de l'État fédéral.
Conséquences
La « guerre du trait d’union » continue au-delà du . Les Tchèques accusent les Slovaques de « révisionnisme historico-linguistique » en ayant imposé[11][réf. incomplète] la graphie tchéco-slovaque et Tchéco-Slovaquie, y compris pour la période « tchécoslovaque » (comprendre : entre 1918 et 1989) du pays où elle est anachronique.
Le « divorce de Velours » du a projeté sur le devant de la scène la première partie du composé « Tchéco-Slovaquie », imposant l’usage du mot Česko, « Tchéquie ».
↑[PDF] (cs) Československá federativní republika, Sbírka zákonů, Ročník 1990, Částka 19[1], page 362, "Ústavní zákon 81/1990 ze dne 29. března 1990 o změně názvu Československé socialistické republiky", 29 mars 1990 (loi constitutionnelle sur le changement de nom de la République socialiste tchécoslovaque)
↑(sk) Česko-slovenská federatívna republika, Zbierka zákonov č. 19/1990, [2], p. 362, "Ústavný zákon 81/1990 Zb. z 29. marca 1990 o zmene názvu Československej socialistickej republiky", 29 mars 1990 (loi constitutionnelle sur le changement de nom de la République tchécoslovaque)
↑(sk) Česká a Slovenská Federatívna Republika, Zbierka zákonov č. 21/1990, page 404, "Ústavný zákon 101/1990 Zb. z 20. apríla 1990 o zmene názvu Česko-slovenskej federatívnej republiky", 20 April 1990 (Constitutional law about the change of the name of the Czecho-slovak Federative Republic)