Mes amis, au secours…
Une femme vient de mourir gelée, cette nuit à trois heures, sur le trottoir du
boulevard Sébastopol, serrant sur elle le papier par lequel, avant hier, on l’avait
expulsée...
Chaque nuit, ils sont plus de 2 000 recroquevillés sous le gel, sans toit, sans pain, plus d’un presque nu. Devant l’horreur, les cités d’urgence,
Écoutez-moi : en trois heures, deux premiers centres de dépannage viennent de se créer : l’un sous la tente au pied du Panthéon, rue de la Montagne-Sainte-Geneviève ; l’autre à Courbevoie. Ils regorgent déjà, il faut en ouvrir partout. Il faut que ce soir même, dans toutes les villes de France, dans chaque quartier de Paris, des pancartes s’accrochent sous une lumière dans la nuit, à la porte de lieux où il y ait couvertures, paille, soupe, et où l’on lise sous ce titre Centre fraternel de dépannage, ces simples mots : « Toi qui souffres, qui que tu sois, entre, dors, mange, reprends espoir, ici on t'aime ».
La météo annonce un mois de gelées terribles. Tant que dure l’hiver, que ces centres subsistent, devant leurs frères mourant de misère, une seule opinion doit exister entre hommes : la volonté de rendre impossible que cela dure.
Je vous prie, aimons-nous assez tout de suite pour faire cela. Que tant de douleur nous ait rendu cette chose merveilleuse : l’âme commune de la France. Merci !
Chacun de nous peut venir en aide aux « sans abri ». Il nous faut pour ce soir, et au plus tard pour demain :
5000 couvertures,
300 grandes tentes américaines,
200 poêles catalytiques
Déposez-les vite à l’hôtel Rochester[3], 92, rue La Boétie. Rendez-vous des volontaires et des camions pour le ramassage, ce soir à 23 heures, devant la tente de la montagne Sainte Geneviève.
Grâce à vous, aucun homme, aucun gosse ne couchera ce soir sur l’asphalte ou sur les quais de Paris.
Merci [4],[5]
↑Deux ans auparavant à Bruxelles, le 12 décembre 1952, l'Abbé Froidure -au nom prédestiné- avait déjà invité le Roi Baudouin et un ministre à se rendre compte de leurs yeux des conditions de logement dans les taudis. L'écho que les médias donnèrent à cette visite entraîna une modification de la législation belge sur les conditions de logements.