La Hochseeflotte est formée en 1907 à partir de la Heimatflotte. Elle était deux à trois fois plus petite que la Grand Fleet britannique. Cependant au cours de certaines périodes, dans la première année de la guerre, les flottes se retrouvaient dans des proportions équivalentes, en raison de la dispersion de la flotte britannique sur différents théâtres du conflit. Dans la dernière partie de la guerre, le rapport de force pencha en faveur des Britanniques. La marine allemande n'était pas disposée à risquer un affrontement direct des flottes, préférant une stratégie de raids dans la mer du Nord, dans le but d'attirer une partie de la flotte britannique qui pourrait être coupée et détruite. Cependant, les batailles à Heligoland Bight (28 août 1914), Dogger Bank (24 janvier 1915) et du Jutland (31 mai 1916) n'ont pas abouti, ne modifiant pas le rapport stratégique.
Étant donné que le blocus britannique causait de plus en plus de difficultés économiques en Allemagne, la marine impériale allemande a concentré ses ressources sur la guerre sous-marine sans restriction dans le but de remporter la première bataille de l'Atlantique et de détruire l'effort de guerre britannique. En dehors de deux sorties en et , la Hochseeflotte est restée à quai, se restreignant dans les manutentions portuaires pour le reste de la guerre.
En , devant la défaite de l'armée et les difficultés de la population civile (famine), Scheer décida de lancer une attaque à quitte ou double contre la Grand Fleet. Sachant que la décision d'attaquer subirait un veto, il n'en informa pas le gouvernement du Prince Max von Baden. Mais lorsque les ordres furent donnés à la flotte d'appareiller de Wilhelmshaven le , de nombreux marins refusèrent d'obéir ou désertèrent. Le plan fut abandonné, mais ces événements conduisirent à la mutinerie de Kiel, à la révolution en Allemagne, à la chute du gouvernement impérial, le , et à l'armistice du .
Selon les termes de l'armistice, la Hochseeflotte a été mise en internement sur la base de la Royal Navy à Scapa Flow dans les Orcades. Le transfert des navires a eu lieu en au cours de l’Opération ZZ. Soixante cuirassés alliés escortèrent onze cuirassés, cinq croiseurs de bataille, huit croiseurs et quarante-huit destroyers de la Hochseeflotte en captivité. Le , le vice-amiralLudwig von Reuter donna l'ordre de saborder les navires pour éviter qu'ils ne tombent dans les mains des Britanniques. Cinquante-trois navires furent alors coulés. Neuf officiers allemands et marins ont été tués quand les Britanniques tentèrent de prévenir les naufrages, et furent les dernières victimes de la Première Guerre mondiale. Le cuirassé SMS Baden, dernier cuirassé mis à flot en Allemagne de l'époque, fut longuement inspecté et analysé, ainsi que le dernier croiseur de bataille allemand, le SMS Hindenburg.
L'historien suédois Alf W Johansson considère que la création d'une telle flotte de haute mer pour la marine allemande est un exemple de bévue stratégique[1] :
« La Hochseeflotte de l'amiral von Tirpitz s'est révélée être une gigantesque erreur stratégique, un produit de la vanité, de la prétention et d'une pensée militaire floue. Elle s'est avérée inutile en tant que moyen de pression politique, au lieu de permettre un rapprochement entre la Grande-Bretagne et l'Allemagne, elle a conduit la Grande-Bretagne à se rapprocher de la France. Quand la guerre a éclaté, elle était inapte comme un instrument militaire. »
Dans cette ligne de pensée, Rosa Luxemburg voit dans la constitution de la marine allemande la principale cause de la Première Guerre mondiale à cause de la menace qu'elle faisait peser sur les lignes de communications britanniques.
Constitution de la flotte
Photographie du cuirassé « SMS Rheinland », en 1910
Les unités de la Hochseeflotte étaient en au nombre de:
Les navires de bataille, les navires de ligne, et les gardes-côtes cuirassés sont constitués en six escadres (Geschwader), les croiseurs en cinq groupes d'éclairage, ou de reconnaissance (Afklärungsgruppen):
↑Europas krig (Guerres en Europe) d'Alf W Johansson, éd. Tiden, 1988 (ISBN9155034438).
Bibliographie
Livres
François-Emmanuel Brézet, Le plan Tirpitz : 1897-1914 : une flotte de combat allemande contre l'Angleterre, Paris (20 rue Descartes, 75005, Librairie de l'Inde, , 322 p. (ISBN978-2-905-45521-5, OCLC643939950).