Jan Andrzej MorsztynarmoiriesLeliwa, né le près de Cracovie et mort le à Paris, est un aristocrate, grand trésorier de la Couronne et chef du parti français en Pologne. Il est considéré comme le poète baroque le plus remarquable de son pays.
Jan Andrzej Morsztyn naît près de Cracovie, en Petite-Pologne, dans une famille de noblesse assez récente, qui se distingue par ses dons littéraires – trois de ses parents, Hieronim, cousin Zbigniew, neveu Stanisław, étaient des poètes de valeur. Issu d'une famille calviniste, il se convertit au catholicisme. Il fit ses études supérieures à l'Université de Leyde, puis voyagea avec son cousin Zbigniew en Belgique, en Allemagne, en France et en Italie.
En tant que grand trésorier, il rassembla d'immenses richesses. Après l'abdication de Jan Kazimierz, il oeuvra, sans succès, pour faire élire roi de Pologne le prince de Condé. Pendant les règnes de Michał Wiśniowiecki et de Jan III Sobieski, il devint agent de Louis XIV et le chef du parti français en Pologne[1].
Il finit sa carrière politique en disgrâce. Accusé de haute trahison à la diète de 1683 en raison de ses prises de position pro-françaises, allant à l'encontre des alliances nouées entre l'Autriche et le roi de Pologne Jan III Sobieski, Morsztyn vendit ses biens et s'enfuit en France [2] où il portait le titre de comte de Châteauvillain et fut même fait sujet français, ce qui causa l’indignation de la noblesse[3].
Morsztyn était un poète inspiré par le courant mariniste italien : délicat, éblouissant et raffiné. Il avait une profonde connaissance de la littérature européenne dont il traduisit plusieurs auteurs parmi les plus éminents : Giambattista Marino, Le Tasse. Dans ce domaine il occupe même une position unique parmi les traducteurs : c’est lui qui inaugure la longue tradition des relations littéraires franco-polonaises en traduisant Pierre Corneille, Charles Cotin, Vincent Voiture[5].
Luth, son recueil poétique de plus de 200 textes (sonnets, poèmes amoureux ou de circonstance, bagatelles) témoigne d'une grande maîtrise de l'art poétique associée à une ardente imagination baroque avec des traits propres à la civilisation nobiliaire polonaise des « Sarmates ».
Avec la traduction du Cid, le poète se fit un précurseur du classicisme en Pologne.
↑« Jan Andrzej Morsztyn », sur site dévolu au portraitiste Hyacinthe Rigaud -www.hyacinthe-rigaud.com
↑Olivier Chaline, Jaroslaw Dumanowski, Michel Figeac et Igor Kraszewski, Le rayonnement français en Europe Centrale, Maison des Sciences de l’Homme d’Aquitaine, , 241-257 p., « Les mariages entre la noblesse polonaise et française au xviiie siècle »