Né au Coteau (près de Roanne), Jean-Pierre Jeunet a fait ses études à Nancy au lycée Poincaré[1]. Avant d'entamer sa carrière au cinéma, il a d'abord travaillé comme technicien chez France Télécom à Nancy[2].
Les deux réalisateurs passent un an et demi à confectionner dans les moindres détails leur troisième court métrage Le Bunker de la dernière rafale, en 1981. Tous leurs courts métrages sont récompensés dans de nombreux festivals, aussi bien en France qu'à l'étranger.
C'est leur premier long métrage surréaliste, Delicatessen, avec Dominique Pinon et Jean-Claude Dreyfus, réalisé en 1991, qui les propulse sur le devant de la scène. L'œuvre est couronnée par des Césars dont ceux du meilleur premier film et du meilleur scénario. Leur second long-métrage met presque quatre ans à se concrétiser. La Cité des enfants perdus (1995) est un conte noir, totalement novateur pour l'époque sur le plan des effets spéciaux (exécutés en partie par Pitof), et qui a nécessité la création de nouveaux logiciels. Après sa présentation à Cannes en 1995, il est distribué partout dans le monde avec succès.
Confirmation commerciale et consécration
En 1997, à la suite du retrait du réalisateur anglais Danny Boyle, Jean-Pierre Jeunet se voit proposer la mise en scène du quatrième épisode des aventures d'Ellen Ripley, Alien, la résurrection. Se séparant de Marc Caro, il part donc poursuivre sa carrière aux États-Unis. Comme à l'accoutumée, il fait équipe commune avec son (autre) complice de toujours, Dominique Pinon, et retrouve aussi Ron Perlman, déjà présent dans La Cité des enfants perdus. Le cinéaste confirme avoir joui d'une certaine liberté[3], et si les critiques américaines sont très moyennes, le blockbuster est un succès au box-office.
En sort son sixième long-métrage, Micmacs à tire-larigot, une comédie décalée à la distribution aussi éclectique et populaire que celle de Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain, et menée par Dany Boon. Le film est présenté comme une satire sur le commerce illégal d'armes. Malgré ce pedigree, le film rassemble à peine plus d'un million de spectateurs[7].
Il part ensuite pour le Canada pour réaliser L'Extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet, adaptation du roman éponyme de Reif Larsen sorti en 2009[8]. Le long-métrage sort en 2013, et s'appuie essentiellement sur une distribution internationale. Il reçoit des critiques positives, à défaut de convaincre en salles.
En 2015, Jean-Pierre Jeunet faillit rentrer dans le monde de la télévision et du streaming en réalisant un pilote, pour Amazon Studios, Casanova avec Diego Luna incarnant le célèbre italien[9]. La série n'est pas commandée[10].
En 2015, il déclare que son prochain film sera dans la veine de L'Homme qui aimait les femmes de François Truffaut[11]. Il indique en 2017 qu'il a deux scripts, l'un sur un film érotique, l'autre sur les robots et l'intelligence artificielle[12]. Les deux scripts ont eu des difficultés de financement pendant un temps, mais le réalisateur déclare que le problème est en passe d'être résolu. Sur les deux scripts, le premier devrait être converti en série de production allemande, le second sera lui produit par Netflix, séduit par le "décalage" et la "rugosité"[13].
En 2016, Jean-Pierre Jeunet sort en ligne un court-métrage d'animation, Deux escargots s'en vont, coréalisé avec Romain Segaud. Ce court-métrage est l'adaptation d'un poème de Prévert. Cette production est directement sortie en ligne après avoir fait la tournée des festivals. Au casting, il réunit certains des acteurs et actrices récurrents de ces productions, tels Jean-Claude Dreyffus, Mathieu Kassovitz ou encore Yolande Moreau et Audrey Tautou[14]. À la fin du mois d'avril, le réalisateur publie son premier ouvrage, 500 anecdotes de tournage[14]. Alors qu'il n'a plus réalisé de vidéoclip depuis de nombreuses années et qu'il refuse de le faire à nouveau, il se laisse convaincre en 2017 par Gauvain Sers de concevoir celui de son titre Pourvu, dont les paroles font référence à Jeunet et Amélie Poulain[15].
Au cours de l'année 2019, Jean-Pierre Jeunet a envisagé de tourner un faux documentaire sur les coulisses de son succès mondial Amélie Poulain[16].
Les années 2020
Jean-Pierre Jeunet à Ze Next Convention le 4 mai 2024 avec les organisateurs de l'événementJean-Pierre Jeunet présentant Alien, la résurrection aux Publicis Cinémas en .
En 2024, Jean-Pierre Jeunet est l'invité de marque de Ze Next Convention, l'événement pop culture geek de l'Essonne (Evry-Courcouronnes) pour sa réalisation du film Alien, la résurrection. Cet événement qui se consacre aux cultures de l'imaginaire, avait pour thème les rencontres du troisième type[17].
Comme mentionné précédemment, en 2015, Jean-Pierre Jeunet se lance dans la rédaction de deux scénarios. En 2019, le réalisateur annonce que son prochain long-métrage s'intitulera Big Bug et tournera autour de l'intelligence artificielle. Le tournage, qui devait débuter en avril-mai 2020, est lancé en octobre 2020[16]. Le film est produit par le site de vidéo à la demande Netflix, ce qui pour Jean-Pierre Jeunet représente un soulagement après 9 années d'absence dans le secteur des long-métrages. Le réalisateur fait un rapprochement avec son premier long-métrage (Delicatessen) qui, "trop décalé", n'intéressait pas les investisseurs ou représentait pour eux "un risque"[19]. Au cours de la promotion de son film Netflix, Jean-Pierre Jeunet a donné son point de vue sur l'opposition entre le cinéma traditionnel et la société américaine. Pour lui, il s'agit d'un faux débat, "les choses ne se remplacent pas, elles s'additionnent".
« Les plateformes n'ont pas remplacé le cinéma, qui n'a pas remplacé le théâtre. Il y aura toujours des films en salles pour les grands films. Le monde change, il faut s'adapter »[20]
Parrain d'une école de cinéma
Jean-Pierre Jeunet était également le parrain d'une école de cinéma, l'Institut des métiers du cinéma de Normandie, à Cherbourg, de 2006 à sa date de fermeture en 2010. Il est, depuis de nombreuses années, le parrain de l'ÉSEC (École supérieure d'études cinématographiques à Paris) qu'il soutient depuis le trentième anniversaire de cette institution auprès d'autres personnalités du cinéma international.
Œuvres
Ses films mêlent le fantastique et le décalage absurde à une représentation de la réalité dans diverses proportions, soit en créant des univers oniriques à partir d'éléments quotidiens, notamment urbains (Delicatessen, La Cité des enfants perdus), soit en faisant ressortir les éléments du hasard dans le quotidien (Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain).
Ses films comportent toujours une part d'humour enfantin, même lorsqu'il traite de l'horreur (par exemple dans Alien, la résurrection, le fauteuil roulant de Dominique Pinon ou bien le système d'ouverture de portes avec l'haleine).
Visuellement, sa signature se caractérise par la présence de filtres jaunes sur l'image, présents sur une grande partie de sa filmographie.
Filmographie
Jean-Pierre Jeunet à l'avant-première de Monuments Men en 2014.
En 2009, il est également le réalisateur de Train de nuit, un film de 2 min 25 s pour un célèbre parfum - No 5 de Chanel - pour lequel il retrouve sa comédienne fétiche Audrey Tautou.
En 2022, il réalise une publicité pour Netflix reprenant le style du Fabuleux Destin d'Amélie Poulain[21].