L'année suivante, Maillé-Brézé est envoyé en ambassade au Portugal, alors en révolte contre l’Espagne.
En 1642, il reprit la mer avec 20 vaisseaux armés à Brest. Le , il arriva à Barcelone, où il concentra une escadre de 41 vaisseaux, 17 galères et treize brûlots. Le 30 juin, il rejoignit la flotte espagnole et engagea alors devant Barcelone une bataille terrible de quatre jours (du 30 juin au 3 juillet), au terme de laquelle il força l'ennemi à la retraite. Il contribua ainsi au succès de l'armée française en Catalogne et permit la prise de Perpignan et la conquête du Roussillon.
Le 3 septembre 1643, il remporte un nouvel et éclatant succès en infligeant un véritable désastre à une flotte espagnole, lors de la bataille de Carthagène, au cap de Gate, près de Carthagène et assura ainsi à la France, la maîtrise de la Méditerranée occidentale. Durant cette bataille, les Espagnols perdent douze vaisseaux, dont le vaisseau Amiral de Naples, et 3 000 marins espagnols meurent.
Cette même année 1643, Jean Armand de Maillé rendit à la reine sa charge de grand-maître, mais en conservant le commandement de la flotte.
Deux médailles furent frappées en l'honneur de ces succès.
En 1646, après une campagne à Tarragone, il reprit la mer. La guerre s'étant transportée en Italie, d'où Mazarin cherchait à chasser les Espagnols, Maillé-Brézé était sur le point de remporter une brillante victoire au large d'Orbetello, le , lorsqu'il fut coupé en deux par un boulet[5].
Son corps fut rapporté à l'église de Milly. Le , un service solennel est célébré à Saint-Maurice d'Angers, et son éloge funèbre prononcé par le père Bonichon, de l'Oratoire. Il avait porté l'esprit d'offensive à un tel degré que sa disparition prématurée laissa un temps la Marine royale, privée d'un chef exceptionnellement doué, désorientée, précipitant une décadence qui ne cessait de s'accélérer depuis la mort de Richelieu.[réf. nécessaire]
Par sa sœur Claire-Clémence, le duc de Fronsac était lié au premier prince du sang, qui hérita les qualités, titres et biens des Maillé-Brézé à la mort de son épouse.
Maillé-Brézé était parfois appelé, de son vivant, duc de Brézé[6], bien qu'il semble que Brézé soit resté marquisat.
Son précepteur, M. Hédelin, l'abbé d’Aubignac, écrira plus tard:
« Le jeune duc, parloit peu, n’estimant pas qu’un homme de qualité dût rien dire que de fort sérieux; mais il parloit bien…; il avoit naturellement l’esprit judicieux et le cœur ardent de générosité; il entroit bien dans le fond d’une affaire et d’une intrigue et en prévoyoit toutes les suites; il étoit d’un génie fort docile, et, comme la correction a toujours quelque choses d’amer, s’il y apportoit quelque répugnance ou qu’il en remportât quelque chagrin, il ne vouloit pas que celle refoidît le zèle que l’on avoit pour son service; et, dans son enfance comme depuis qu’il fut dans les emplois de la guerre, il me disoit assez souvent que cela n’estoit que de légers mouvements des sens auxquels je ne devois pas m’arrester….
Il avoit l’âme si droite que je ne l’ay jamais ouy mentir, croyant que cela n’estoit qu’un effet de lâcheté, et sa parole fut toujours inviolable…. Sa libéralité fut éminent en cela qu’estant presque sans mesures elle estoit sans pompes…; il cachoit même le bien qu’il faisoit et le mal de ceux qu’il soulageoit; et quoyqu’il ne donnât rien que par mon ministère, car à peine connoissoit-il l’argent, j’igniorois souvent le nom de ceux à qui je donnois par son ordre….
Il se plaisoit au jeu, mais avec une entière indifférence pour la perte ou pour le gain…; et, quoyque bien souvent, par la nécessité de ses intérêts, je l’aye arraché des académies [maisons de jeu], et plusieurs fois interrompu son jeu dans une mesme après-dînée, sa parole et ses yeux ne m’en ont témoigné jamais aucune émotion…. »
Notes et références
↑Appelé aussi Duc de Brézé par Tallemant, quoiqu'il ne semble pas en avoir reçu le brevet ; son père était le 2e marquis de Brézé.
↑Prénom donné en l'honneur de son auguste oncle et parrain, le (futur) cardinal de Richelieu ; on trouve parfois aussi, Armand-Jean.
↑D’après Michaud (Biographie universelle ancienne et moderne) : «... il commença, en 1638, à se distinguer dans la guerre de Flandre » (vol. 26, p. 128).
↑D’après Michaud (op. cit.) : « ... il battit en 1640 les Espagnols devant Cadix » (ibid.).
↑D’après Michaud (op. cit.) : « ... il fut ensuite chargé de combiner ses opérations avec celles de notre armée en Italie, vint mettre le siège devant Orbitello et fut tué d'un coup de canon sur son bord » (ibid.).