Trois ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale qui a fait des millions de morts, l'Europe est exsangue et en pleine période d'austérité. Au Royaume-Uni, la reconstruction de la ville de Londres, fortement touchée par les bombardements allemands (blitz), est loin d'être achevée. Aucune installation sportive n'est construite pour ces Jeux. Les athlètes sont logés dans des écoles ou des baraques militaires[1]. Quelques équipes apportent même de la nourriture afin de pallier d’éventuels problèmes de ravitaillement.
Côté compétition, 59 nations et 4 104 athlètes (dont 390 femmes) prirent part à 136 épreuves dans 17 sports. La Néerlandaise Fanny Blankers-Koen fut l'héroïne de ces Jeux en remportant à l'âge de trente ans quatre titres olympiques en athlétisme.
Plusieurs voix s’élevèrent en Grande-Bretagne et dans le monde pour dénoncer l’organisation de ces Jeux dans un pays en pleine reconstruction et une population londonienne encore soumise au rationnement. Une partie de la presse britannique jugea inacceptable cette charge face aux priorités du gouvernement de George VI.
Organisation
La présidence du Comité d’organisation des Jeux olympiques de Londres fut confiée à Lord Burghley[2], ancien champion olympique britannique. En 1947, soit un an avant les jeux, Burghley voulut se montrer confiant en déclarant : « Il serait vain de suggérer que le chemin à parcourir était très facile. Au contraire, les difficultés ont été grandes et continueront de l’être, comme il est inévitable qu’elles le soient dans les conditions qui suivent la guerre moderne, mais nous surmontons ces obstacles qui croisent notre chemin avec le même esprit de détermination avec lequel nous avons fait face aux difficultés qui nous ont assaillis au cours des quelques dernières années »[3].
2 autres pays (l'Inde et les Philippines) qui avaient déjà participé aux Jeux olympiques en tant que colonie de la Couronne britannique et territoire américain respectivement, participent pour la première fois en tant que nations complètement indépendantes.
L'Allemagne, vaincue de la guerre, n'est pas invitée par le CIO. Le Japon quant à lui refuse d'envoyer une délégation à Londres. Les pays de l'Europe de l'Est sont représentés à l'exception de l'Union soviétique qui n'est pas affiliée au mouvement olympique.
Les 59 délégations participantes (le nombre d'athlètes engagés est indiqué entre parenthèses)
17 sports et 136 épreuves composent le programme des Jeux olympiques de 1948. La crosse et la gymnastique suédoise (Ling) sont des sports de démonstration.
Lors de ces jeux, deux disciplines font office de sport de démonstration :
un match de crosse qui a opposé les équipes de Grande-Bretagne et des États-Unis, qui s'est soldé par un match nul 5-5. Le match s'est joué au stade de Wembley. L'équipe américaine était composée de membres de l'équipe du Institut polytechnique Rensselaer.
deux démonstrations de gymnastique suédoise (Ling) furent proposées par des gymnastes du club Svenska Gymnastikförbundet de Stockholm, réunissant 200 hommes et 200 femmes[4]; les démonstrations ont eu lieu le 7 août juste avant le départ du marathon et le 13 aoôut avant la finale de football.
De plus, comme lors des éditions précédentes mais pour la dernière fois, des épreuves de compétitions artistiques ont eu lieu.
Faits marquants
Athlétisme Résultats détaillés
La Néerlandaise Fanny Blankers-Koen[5] remporte quatre titres olympiques. Âgée de 30 ans et mère de deux enfants, la sprinteuse remporte le 100 m, le 200 m, le 80 m haies et le relais 4 × 100 m. Elle aurait pu remporter d’autres titres, notamment les épreuves de saut en hauteur et de saut en longueur dans lesquelles elle excellait également, mais le CIO interdisait à l’époque aux femmes de participer à plus de trois compétitions sportives individuelles[6]. L’Américain de dix-sept ans Bob Mathias emporte le décathlon seulement quatre mois après avoir fait ses débuts dans ce sport. Il est le plus jeune athlète de l’histoire olympique à avoir gagné une médaille d’or en athlétisme. Emil Zátopek s'adjuge le titre du 10 000 m et l'argent sur le 5 000 m. La Française Micheline Ostermeyer remporte les titres olympiques du lancer du poids et du disque et le bronze au saut en hauteur. Le soir de sa victoire au poids, elle donne un concert au Royal Albert Hall. Athlète de haut niveau, elle est aussi pianiste virtuose, premier prix de conservatoire et mère de trois enfants.
Blessé juste avant ces Jeux, le Français Gilbert Prouteau obtient une médaille de bronze pour un poème, à cette époque où les médailles olympiques récompensent outre les performances sportives des créations en lien avec le sport dans cinq catégories : peinture, sculpture, musique, littérature et architecture.
Tir Résultats détaillés Károly Takács qui faisait partie de l’équipe hongroise de tir au pistolet championne du monde en 1938, perdit l'usage de sa main droite, sa main de tir dans l’explosion d’une grenade. Takacs se forma alors lui-même au tir de la main gauche, ce qui lui permit de décrocher la médaille d’or dans l’épreuve du pistolet au tir rapide.