Houwaert, issu d'une famille aisée, put ajouter à ses richesses la dot de sa femme Catharina van Couwenberg, elle aussi issue de parents riches. Parmi ses possessions se trouvait une propriété à Saint-Josse-ten-Noode, le Wijngaertsberg[2], qu'il put réunir avec une parcelle contiguë, le Strytbeemt, pour y construire sa « Petite Venise »[3]. Dans son Pegasides pleyn, il vante la beauté du lieu. Il trouve la vallée du Maelbeek délicieuse. Selon lui, c'est « la plus belle région de l'Europe »[4].
Sauvant les apparences de bon catholique, Houwaert, sans doute sympathisant du luthéranisme, assista aux prédications interdites des réformateurs. Le duc d'Albe, le soupçonnant d'hérésie, le fit emprisonner pour un an au Treurenborch[5]. Il ne put échapper à la mort qu'en abjurant la foi protestante et en adoptant la confession catholique. Cela ne l'empêcha pas de rejoindre de nouveau les partisans de Guillaume le Taciturne. Dans son dernier ouvrage, il prétendra avoir conservé sa foi catholique.
Son immense œuvre était tenue en grande estime par ses contemporains et encore bien au-delà de son époque. La devise qu'il employait à chaque occasion et dans tous ses poèmes était Houd middelmate (« Tiens le juste milieu »). L'adage réapparaît, mais cette fois-ci en latin, sur sa pierre tombale : Inter utrumque tene (« Tiens-toi entre les deux »)[6]. En 1578, il publia sa Milenus clachte[7], une adaptation du Reloj de principes de Guevara, conçue comme un acte d'accusation à l'égard de l'Espagne et dédiée au prince d'Orange. Milenus, du pays du Danube, vient se plaindre à Rome du régime oppressif des gouverneurs romains. Toujours en 1578, il obtint la haute position de maître de la Cour des comptes de Brabant, poste qu'il occupera jusqu'à la prise de la ville par Alexandre Farnese en 1585.
C'est vraisemblablement en sa qualité de membre d'une des chambres de rhétorique bruxelloises, responsables de l'animation de toutes sortes de festivités et de célébrations, qu'il fut l'organisateur de l'entrée solennelle du prince d'Orange, lorsque celui-ci fut devenu gouverneur[8] de Brabant, et de celle de l'archiduc Matthias en 1578, événement dont il fit, en tout état de cause, la description. Il traduisit le discours latin qu'un autre Bruxellois de naissance, Marnix de Sainte-Aldegonde, avait fait à la diète de Worms. En 1582, il dédia un poème politique verbeux à François d'Anjou. Son œuvre la plus connue, rimée, est Pegasides pleyn, ende den lust-hof der maeghden[9], de 1582 ou de 1583, un ouvrage paru chez Plantin, abondant de faits historiques et légendaires, et de leçons de morale pour femmes, mais sans beaucoup de système. Dans ces leçons de vie, il se montre un précurseur de Jacob Cats. En 1583, parut encore De vier wterste[10], selon toute apparence résultant des réflexions dévotes faites pendant son emprisonnement, mais également sous l'influence du long poème De ure van de Dood[11] du rhétoricien bruxellois Jan van den Dale[12].
Lorsque Farnese eut fait son entrée à Bruxelles, Houwaert lui dédia un poème, dont le manuscrit se trouve actuellement à Londres, et dans lequel il l'implore de faire preuve de clémence. En 1594, il publia deux poèmes pour l'archiducErnest d'Autriche. Grâce à une édition posthume de 1614, on connaît son Paraenesis politica of politijcke onderwijsinghe, œuvre où il se pose la question de savoir s'il veut rester à Bruxelles ou émigrer, comme tant d'autres l'avaient fait avant lui.
Sa Tragedie vander orloghen et sa Comedie vanden peys[13], dont le manuscrit est conservé à Hasselt, auraient été jouées à l'occasion de l'entrée solennelle de l'archiduc Albert à Bruxelles en 1599, un événement qui se produira après sa mort ; il ne s'agit pas nécessairement d'œuvres de circonstance, car de telles pièces servaient de passe-partout à toutes sortes d'occasions.
Il fut inhumé avec beaucoup de pompe dans l'église de Saint-Josse-ten-Noode, où fut également enterré sa femme.
En 1612 parut à titre posthume Den generalen loop, ouvrage apparemment conçu comme une variante des Vier wterste, avec une touche plus personnelle. C'est à tort que l'on aurait attribué à cet auteur De remedie der liefden[14] de 1583, ainsi que Den handel der amoureusheyt[15], pourtant paru sous son nom en 1621[16].
La critique moderne s'avère moins favorable à son égard : ainsi, Kornelis ter Laan trouve que son art est à l'ancienne, plein de personnages allégoriques ; ses ouvrages seraient constitués de vers de mirliton[18].
Œuvre
La liste des œuvres de Houwaert est en partie basée sur le Biographisch woordenboek der Noord- en Zuidnederlandsche letterkunde[19].
(nl) Die remedie der liefden, int tlatyne beschreven door Ovidius Naso, in onse tale rhetoryckelyck overgesedt voor d'amoreuse, publié à Bruxelles en 1581 et en 1583.
↑Traduction citée de Jacques Van Wijnendaele, Promenades insolites dans Bruxelles disparu, Tielt, Lannoo, 2008, p. 134-135. Les vers originaux : « inde schoonste contreye / Die in Europa mocht zijn gheleghen », Jan Baptist Houwaert, Jan Van der Noot, « Pegasides pleyn, ofte den lust-hof der maechden. In sesthien boecken », Delft, Adriaen Gherritsz, 1614.
↑Eugène de Bock, « Houwaert, Johan Baptist », De Nederlandse en Vlaamse auteurs van middeleeuwen tot heden met inbegrip van de Friese auteurs (réd. Gerrit Jan van Bork et Pieter Jozias Verkruijsse), Weesp, De Haan, 1985, p. 286-287.
↑« Zijn kunst is ouderwets, vol allegorische personen; zijn werk is rijmelarij. », cité de Kornelis ter Laan, Letterkundig woordenboek voor Noord en Zuid, La Haye/Jakarta, G.B. van Goor Zonen's Uitgeversmaatschappij, 1952, 2e impr., p. 235.