Née au Vietnam en 1968, Kim Thúy est issue d'une famille de lettrés, avec un père philosophe et un grand-père maternel préfet. En 1978, à l'âge de 10 ans Kim Thúy fuit son Viêtnam natal avec ses parents et ses deux frères, comme boat-people dans la cale d'un bateau. La famille rejoint d'abord un camp de réfugiés en Malaisie, puis arrive au Québec à Granby, dans la région de la Montérégie, sans encore parler français.
Kim Thúy est avocate, elle est reçue au Barreau du Québec en 1995. Elle exerce de 1995 à 1999, dont trois ans à Saïgon[2]. Elle travaille également comme traductrice et interprète[3]. En 2002, elle débute une nouvelle carrière, dans la restauration. Elle tient un restaurant de 2002 à 2007[4], le Ru de Nam[5], situé dans le quartier la Petite-Bourgogne à Montréal[6].
Avec le roman mãn[9] publié en 2013, Kim Thúy poursuit l’exploration de sa double identité et sa relation à la cuisine. Mãn a trois mères, une adolescente qui l’a fait naître et l’a déposée dans le potager d’un temple bouddhiste sur le bord d’un des bras du Mékong, une religieuse qui l’y a recueillie et nourrie avant de la confier à une autre femme, Maman, enseignante et espionne. Pour sa sécurité, Maman la confie à un restaurateur vietnamien vivant à Montréal qui devient son époux. Dans ce nouveau monde, Mãn développe son talent naturel pour la cuisine, un art par lequel elle apprendra non seulement à nourrir le corps mais aussi à y distiller au fil des plats souvenirs, émotions et sensualité.
En 2016, l'écrivaine s'attache au quotidien de Vi, la plus jeune sœur d'une famille de trois grands frères[10]. Dans ce nouveau roman d'apprentissage entre Saïgon et Montréal, de Suzhou à Boston, Kim Thúy questionne une nouvelle fois le déracinement et la construction personnelle loin des prédispositions et de la culture d'origine[11],[12].
En 2017, Kim Thúy édite l'ouvrage culinaire Le Secret des Vietnamiennes aux Éditions Trécarré, un livre de recettes dédié aux recettes traditionnelles et secrets de préparation transmis entre les femmes d’une famille vietnamienne, d’une génération à l'autre[13].
En 2019, les Éditions de la Bagnole publient le premier album illustré de Kim Thúy, Le Poisson et l’oiseau. Le livre prend la forme d’un poème qui rend hommage à la beauté et à la différence et est magistralement mis en images par Rogé.
Son dernier roman, Em, est publié par les Éditions Libre expression en novembre 2020. Em, qui signifie en vietnamien «petit frère», «petite sœur» ou encore «bien-aimée», explore les façons dont les humains traumatisés par la guerre et l’exil sont poussés à rechercher l’amour et le cercle familial lorsque leur passé les rattrape. À travers les destins liés d’une famille de personnages, le roman évoque autant l’Opération Babylift, qui a permis l’évacuation de Saïgon de milliers d’orphelins biraciaux en avril 1975, que l’industrie du vernis à ongles et des salons de manucure, en passant par les plantations de caoutchouc dans l’Indochine d’antan. Il est le roman le plus emprunté de la Grande Bibliothèque en 2021[14].
Carrière télévisuelle
En 2016, Kim Thúy anime la websérie La Fabrique de Kim[15], diffusée sur la plateforme de La Fabrique culturelle, où elle rencontre des organismes qui utilisent l'art pour favoriser l'épanouissement.
Le , elle lance l'émission La table de Kim à ICI ARTV, dans laquelle elle accueille, en toute amitié, des gens de tous horizons afin de partager un repas et de discuter de sujets divers[16].