Une korè (du grec ancien κόρη, kórê (« jeune fille »)[1] ; pluriel κόραι, kórai, ou korés[2]) est la statue représentant une jeune femme, datant de la période archaïque de la sculpture grecque (vers 620-480).
Korè est aussi une autre façon de désigner Perséphone.
Le terme peut s'écrire en français korè[3], corè ou coré[4]. Masculin kouros.
Attitudes
Les attitudes sont un peu plus variées que celles du kouros : la korè peut serrer une main contre sa poitrine, elle peut présenter une offrande (fleur, fruit, petit animal…). Elle peut saisir de l'autre main les plis de sa tunique.
Ce type de sculpture peut être sculpté en bois, en terre cuite, en calcaire ou en marbre blanc. Quoi qu'il en soit, il représente toujours une jeune femme debout, les jambes réunies, par contre les vêtements peuvent varier. Elles sont ainsi, parfois, vêtue d'un péplos sur un chiton et, parfois, en partie couvertes d'un himation ou d'un autre vêtement. Contrairement à leur pendant masculin, le kouros, elles ne montrent aucune forme d'étude anatomique, mais présentent différentes solutions pour figurer les effets de drapé, les motifs qui les décorent, l'ensemble étant plus ou moins coloré de couleurs intenses[12].
Si certaines statues semblent sobres de prime abord, il faut, en effet, garder à l'esprit que les korai pouvaient être peintes, comme c'est le cas pour la « Korè boudeuse » (ou « aux yeux de sphinx ») du musée de l'Acropole à Athènes.
Variations
Comme pour les kouroï, elles ont été distinguées les unes des autres, après étude des détails du visage et du traitement du vêtement. Les korai sont longtemps « graphiques », puis gagnent au fil du temps en naturel et en modelé. Le corps est d'abord relativement discret sous le costume, mais les plis s'animent et révèlent le corps qui se trouve en dessous. Quant au visage, il est lui aussi marqué par l'apparition du sourire archaïque, puis par sa disparition qui annonce le passage au pré-classicisme.
Particularismes régionaux
Les korai sont également marquées par des caractéristiques régionales. Ainsi, les korai samniques ont le corps fuselé, portent un chiton en corolle et une ceinture relevée. Les koraiattiques ont l'arcade sourcilière et l'arête du nez régulières, et la distinction entre l'ossature et l'épiderme du visage est visible.
Fonction
La signification de ce que représentent ces sculptures féminines est encore incertaine. Elles sont la plupart du temps votives et dédiées dans les sanctuaires féminins, rite funéraire mais il existe quelques exemples de korai funéraires, surtout dans la région d'Athènes et représentant des familles riches.
Koré est désignée par Hermès Trismégiste dans le texte du Discours parfait[13], comme étant la déesse de la Moisson : « Et Zeus-Ploutonios, c’est lui qui est Seigneur sur la terre et la mer. Mais il ne détient pas la nourriture de tous les vivants mortels, car c’est Korè qui porte les moissons ».
↑Alain Duplouy, « La sculpture grecque est-elle un objet d'histoire ? À propos de deux ouvrages récents », L'Antiquité classique, no 74, , p. 276 (lire en ligne, consulté le )
↑Bernard Holtzmann, La sculpture grecque : Une introduction, Paris, Librairie Générale Française, coll. « Le Livre de Poche », , 446 p., 18 cm (ISBN978-2-253-90599-8, SUDOC147449987), p. 162 : avec des figures du répertoire orientalisant, motifs que l'on a cru déceler dans la zone centrale.
Lydie Bodiou et Véronique Mehl (dir.) (préf. Bernard Andrieu), Dictionnaire du corps dans l'Antiquité, Presses universitaires de Rennes, , 682 p., 24 cm (ISBN978-2-7535-7754-1, SUDOC236305670), p. 347-349, Francis Prost « Kouros et Korê ».
Francis Croissant, « La sculpture grecque est-elle un art abstrait ? », Topoi. Orient-Occident, vol. 4, no 1, , p. 95-107 (lire en ligne, consulté le )
Alain Duplouy, Le prestige des élites : Recherches sur les modes de reconnaissance sociale en Grèce entre les Xe et Ve siècles avant J.-C., Les belles lettres, , 414 p., 21 cm (ISBN2-251-38076-0, SUDOC097397954)
Antoine Hermary, « Kouroi et korai de Grèce de l’Est : questions d’interprétation », Collection de l'Institut des Sciences et Techniques de l'Antiquité, no 1345, , p. 15-26 (lire en ligne, consulté le )
Tonio Hölscher, La vie des images grecques : Société de statues, rôle des artistes et notions esthétiques dans l'art grec, Paris, Musée du Louvre, coll. « La chaire du Louvre », , 280 p. (ISBN978-2-35031-5171, SUDOC187241910)
Bernard Holzmann, La sculpture grecque : Une introduction, Paris, Librairie générale française, coll. « Le livre de poche », , 447 p. (ISBN978-2253905998, SUDOC147449987)
Bernard Holzmann et Alain Pasquier, L'Art grec, École du Louvre. Réunion des musées nationaux - Grand Palais, coll. « Manuels de l'École du Louvre », (1re éd. 1998), 365 p. (ISBN2-11-003866-7, SUDOC004503562)
Alain Pasquier, « Pourquoi les korai de l’Acropole d’Athènes sourient-elles ? », Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, (lire en ligne, consulté le ).
Claude Rolley, La sculpture grecque : 1. Des origines au milieu du Ve siècle, Picard, , 438 p., 29 cm (ISBN978-2-7084-0448-9, SUDOC003475824)
(en) Gisela M. A. Richter, Korai: Archaic Greek Maidens : a study of the development of the kore type in Greek sculpture, Phaidon press, , XI-327 p., 31 cm (ISBN0-7148-1328-1, SUDOC012457418). « Il faut éviter de s'en tenir à une approche strictement chronologique qui privilégie l'idée simple mais trompeuse d'une évolution unifiorme, continue et régulière de la représentation anatomique du corps humain telle qu'appliquée naguère par Gisela Richter dans ses recueils Kouroi et Korai » : Alain Duplouy, Construire la cité. Essai de sociologie historique sur les communautés de l'archaïsme grec, Les Belles Lettres, coll. « Mondes anciens », , 340 p., 22 cm (ISBN978-2-251-45028-5, SUDOC241113156), p. 142, in Une mosaïque de styles : artisans et commanditaires