Né le à Saint-Estèphe, dans le département de la Dordogne, il n'a pas encore 16 ans lorsque débute la guerre franco-prussienne de 1870[2]. Comme beaucoup de jeunes de sa génération, l'annonce des défaites de l'armée impériale l'incite à s'engager pour tenter de venger l'humiliation des premières batailles. Le , il souscrit un engagement volontaire pour la durée de la guerre. C'est à l'Armée de la Loire qu'il connaît son baptême du feu. Passé ensuite à l'Armée de l'Est, il en subit le sort, ce qui lui vaut d'être interné quelque temps en Suisse.
Il rentre en France en 1888 et termine son temps de lieutenant au 19e RI.
Capitaine le , il est muté au 63e RI.
Il quitte ce régiment limousin quelques années plus tard, pour être nommé major du 50e RI, l'un des deux régiments implantés en Dordogne (à Périgueux, en l'occurrence). Pour la première fois, sa carrière le ramène dans son Périgord natal. Il sert toujours au 50e RI lorsqu'il est nommé chef de bataillon, le , puis lorsqu'il est promu lieutenant-colonel, en .
Il accède au grade de colonel le et prend brièvement la tête du 146e RI, à Toul, avant de revenir dans le Périgord dès l'année suivante. C'est en 1912 en effet qu'il devient chef de corps du 108e RI, en garnison à Bergerac. Pendant deux ans, il marque profondément la vie de la petite ville de garnison. C'est un homme respecté, dont les décorations illustrent la carrière mouvementée. Promu commandeur de la Légion d'honneur le (ce qui n'est pas fréquent pour un officier de son grade, la plupart des colonels n'étant encore qu'officiers, voire chevaliers), il est décoré au cours d'une revue militaire le à Bergerac, par le général de division Henri de Pourquéry de Péchalvès, ancien gouverneur militaire de Verdun, en retraite à Bergerac où il a des attaches familiales. Il est également titulaire de la médaille du Tonkin, de la médaille coloniale (agrafe "Tunisie"), de la médaille commémorative de la guerre 1870-1871, officier de l'Ordre royal du Cambodge, officier de l'ordre du Dragon d'Annam et officier de l'ordre tunisien du Nichan Iftikhar…! Bien peu de chefs de corps peuvent alors se vanter d'avoir un tel palmarès !
Atteint par la limite d'âge, il doit partir à la retraite en . La guerre va en décider autrement. Le , dans l'enthousiasme patriotique qui électrise la dernière retraite aux flambeaux organisée à Bergerac par son régiment, il déclare : « Je suis heureux de partir à la tête de mon régiment et avec mes deux fils… À ma médaille de 1870 j'espère joindre la médaille victorieuse de 1914 ». Car c'est toute la famille Aurousseau qui part pour la guerre : si le père est colonel du 108e RI[3], l'un de ses fils est sous-lieutenant de réserve au 144e RI de Bordeaux et l'autre sert comme sous-officier au 108e RI.
Avec le 12e Corps, auquel appartient son régiment, le colonel Aurousseau combat tout d'abord dans les Ardennes belges. La bataille du , à l'ouest de Neufchâteau, est un cruel et meurtrier apprentissage de la guerre moderne. Elle touche d'autant plus le chef du 108e que son fils, le sergent René Aurousseau, y trouve la mort. L'échec de la bataille des frontières étant consommé, débute alors une retraite sans fin qui, des rives de la Semois, conduit le 108e RI sur la Marne. Le , alors que commence la bataille dont dépend le sort des armes, une balle brise la cuisse d'Aurousseau. De cette grave blessure, il ne se remettra pas. Il meurt le 1914 à l'hôpital du Val-de-Grâce où il avait été transporté[4].
Son corps est rapatrié à Bergerac, où il est enterré le . Ses obsèques sont célébrées avec la participation d'un détachement du 96e Territorial, commandé par le chef de bataillon Champ. La disparition de cette figure de la vie locale, homme respecté et officier admiré, cause une émotion aussi vive que sincère chez les Bergeracois[5]. La mort presque simultanée au champ d'honneur du père et de ses deux fils (l'aîné tué le et le cadet tombé le 22) fait beaucoup pour marquer les esprits. De nombreuses gerbes accompagnent le corbillard enveloppé d'un drapeau sur lequel repose la cravate de commandeur de la Légion d'honneur et la médaille de 1870 du défunt. Au cimetière, le commandant Mano et le sous-préfet Tavera prononcent un discours et retracent la carrière du grand soldat.
Vie personnelle
Léon Aurousseau est l'époux de Marie Hélène Berthe Chabrol.
Il est le père de Léonard Aurousseau né en 1888, archéologue et sinologue, qui a passé une grande partie de sa vie en Indochine en étant précepteur de l'empereur d'AnnamDuy Tân (1899-1945), puis mobilisé pendant la première guerre mondiale en 1916, il rejoint la France, en étant affecté en Sibérie. Il deviendra directeur de l'École française d'extrême-orient de 1926 à 1929[6].
Légion d'Honneur : Base leonore Dossier : LH/77/62 - courrier de Nicole Nicolas 1989
Revue L'Illustration : AUROUSSEAU colonel L'Illustration, planche no 3 AUROUSSEAU Henri L'Illustration, planche no 42 AUROUSSEAU René L'Illustration, planche no 3 AUROUSSEAU Roger L'Illustration, planche no 3