Le beau-père de Léontine Lippmann, Lucien Arman, est un armateurbordelais, député de Libourne, proche du couple impérial. Albert Arman fit modifier son nom pour lui adjoindre celui de sa mère, née Caillavet, mais il ne put faire admettre la particule à l'état-civil. Il s'appela donc Arman-Caillavet et se fit appeler Arman de Caillavet par complaisance[3].
« M. Arman de Caillavet […] tenait la rubrique du yachting au Figaro ; il affectionnait les croisières à bord de sa Cymbeline : il était passionné des choses de la mer – comme ce M. Arman qui construisait au XIXe siècle des frégates pour l'empereur de Russie et des canonnières pour notre flotte. M. Arman de Caillavet fut aussi à l'origine de la vogue du Cayla[4], cette plage de la côte landaise »[5]. Les Arman de Caillavet possèdent après le Cymbeline un nouveau yacht, le Mélusine, et ils visitent les côtes de Bretagne, d'Angleterre et de Hollande.
Par la suite, Léontine de Caillavet se passionne pour l'Italie et la Grèce, où elle fait de longues croisières, notamment en 1896, où elle emmène son fils, ainsi qu'Anatole France et Maurice Spronck[6] en Corse, en Sardaigne en Sicile, et le long de la côte occidentale italienne.
Gaston Arman de Caillavet, fils de Léontine Arman de Caillavet (1869-1915).
Ils ont un fils, l'auteur dramatique Gaston Arman de Caillavet. Les époux ne sont guère fidèles, mais ils ne divorcent pas. Léontine de Caillavet est farouchement républicaine, à l'inverse de son mari.
Belle dans sa jeunesse, avec des yeux bleu clair, des cheveux noirs, un sourire moqueur, elle est intelligente, cultivée, parle quatre langues.
Léontine de Caillavet prend froid à la fin de l'automne 1909 dans sa propriété de Capian et tombe gravement malade, si malade qu'elle est ramenée chez elle avenue Hoche en et y meurt le 12, n'ayant qu'à moitié pardonné l'escapade d'Anatole France avec une actrice, qui se plaint égoïstement de ses maux de reins et n'assiste pas à ses derniers moments. Elle le laisse désespéré : « Comment a-t-elle pu m'abandonner ainsi ? »[11].
Ses obsèques catholiques ont lieu le à Paris à l'église Saint-Philippe-du-Roule, mais elle avait demandé dans ses dernières volontés à être enterrée dans le carré juif du cimetière Montmartre, auprès de ses parents - où son mari et son fils refusèrent de la rejoindre à leur mort. Anatole France, seul dans un coin de l'église, dut subir le regard accusateur de beaucoup de personnes présentes. Il y avait Réjane, Giuseppe Primoli, Georges Clemenceau, etc.
Vie privée
À partir de 1888, suivent des années d'une liaison passionnée, exclusive, souvent orageuse avec Anatole France car les deux amants sont fort jaloux. Léontine de Caillave inspire Thaïs (1890) et Le Lys rouge (1894). Ils continuent à s'appeler Monsieur et Madame en public. Anatole France prend l'habitude, depuis sa séparation avec sa première épouse en 1891, de déjeuner et de travailler ensuite tous les jours chez Léontine Lippmann[7]. Il est invité aussi à passer un mois d'été dans sa maison de Capian en Gironde[12].
↑ a et b(en-US) Adrienne Farrell, « Strolling, Novel in Hand, To Recapture the Paris of Proust », The New York Times, (ISSN0362-4331, lire en ligne, consulté le )
André Becq de Fouquières, Mon Paris et ses Parisiens, Paris, Pierre Horay, , chap. II (« Le quartier Monceau »).
Jeanne Maurice Pouquet, Le Salon de Madame Arman de Caillavet : ses amis, Anatole France, comdt. Rivière, Jules Lemaître, Pierre Loti, Marcel Proust, etc., Librairie Hachette, , 268 p..
Jean-Jacques Brousson, Anatole France en pantoufles, Crès, .
Académie d'Orléans (Bernard Bonneviot), Mémoires de l'Académie d'Orléans : agriculture, sciences, belles-lettres et arts : fondée en 1809 », t. 12, (lire en ligne)