Selon Jean-Marc Berlière, historien et spécialiste de l'histoire des polices en France, « depuis l'aveu qu'en fit Andrieux, on sait que La Révolution sociale — le premier journal anarchiste publié à Paris de à — fut subventionnée par la préfecture de police et qu'Andrieux lui-même y écrivit des articles »[3].
Jean Maitron dans Le Mouvement anarchiste en France précise : « 1880-1881 : Paris est la seule ville où paraît un journal anarchiste — La Révolution sociale — mais on ne peut attacher d'intérêt à cette publication en raison de l'origine policière des fonds qui l'alimentaient ».
Éléments historiques
Le premier journal anarchiste à Paris parait le grâce aux fonds mis à disposition par le préfet de policeLouis Andrieux. Ce dernier résume ainsi ses motivations dans son livre, Souvenirs d'un préfet de police, publié en 1885 : « On ne supprime pas les doctrines en les empêchant de se produire... Donner un journal aux anarchistes, c'était d'ailleurs placer un téléphone entre la salle de conspirations et le cabinet du préfet de police[1] ».
Dès son premier numéro, le journal consacre une rubrique à la fabrication des bombes sous le titre « Études scientifiques ». Cette dernière se développera rapidement dans d'autres journaux anarchistes (La Lutte, Le Drapeau noir, La Varlope, La Lutte sociale) sous les noms de « Produits antibourgeois » ou d'« Arsenal scientifique »[4].
Égide Spilleux prend contact avec les anarchistes de Paris en 1880. Il est alors recommandé par Antoine Crié, un compagnon anarchiste, professeur de français à Bruxelles. Il attire l'attention sur lui par l'éloquence de sa défense de l'action violente[5]. Interrogé sur la provenance de l'argent, Égide Spilleux désigne une Anglaise de ses amies prête, selon lui, à verser 3000 francs, plus 1500 francs pendant six mois pour le journal. Pour vérifier les propos d'Égide Spilleux, plusieurs anarchistes habitant Londres, dont Émile Gautier, prirent contact avec cette généreuse donatrice qui confirma ses sympathies pour la cause anarchiste[6].
Étant de nationalitébelge, Égide Spilleux se voit refuser le droit de fonder un journal en France par le chef du deuxième bureau, dit « de la presse », à la Préfecture de police. C'est donc Victor Ricois qui assume la fonction de gérant-propriétaire « officiel »[6].
Rapidement, certains compagnons s'émeuvent de la désinvolture avec laquelle La Révolution sociale fait paraître leurs noms et adresses. La parution du journal prend fin le sur une lettre d'adieu d'Égide Spilleux[7].
Voir aussi
Bibliographie
René Bianco, Répertoire des périodiques anarchistes de langue française : un siècle de presse anarchiste d’expression française, 1880-1983, Thèse de doctorat, Université d’Aix-Marseille, 1987, La Révolution sociale, organe anarchiste.
↑ ab et cLouis Andrieux (1840-1931), Souvenirs d'un préfet de police. [Volume 1], Paris, P.Mouillot 13-15 quai Voltaire et Jules Rouf et cie 14 Cloitre Saint Honoré 14, , 357 p. (lire en ligne), p. 339-342
↑Jean Maitron, Le mouvement anarchiste en France, Gallimard, coll. « Tel », 1992, (ISBN2070724980), pp. 206-209.
↑(en) George Woodcock, Anarchism: A History Of Libertarian Ideas And Movements, Broadview Pr, 2004, (ISBN1551116294), pp. 248-249.
↑ a et bVictor Ricois, L'Insurgé, n°5, 12-19 avril 1885 ; cité par Jean Maitron, Le mouvement anarchiste en France, Gallimard, coll. « Tel », 1992, (ISBN2070724980), p. 141.
↑Jean Maitron, Le mouvement anarchiste en France, Gallimard, coll. « Tel », 1992, (ISBN2070724980), pp. 141-142.