Les titres de comtes de Valence (IXe au XIe siècle), puis de comtes de Valentinois (XIIe au XVe siècle), sont des titres rattachés au territoire du comté de Valentinois. Le titre devient celui des ducs de Valentinois (quatre créations, XVe au XXe siècle) après l'érection du Valentinois en duché. Le titre, depuis 1949, a été recréé dans la noblesse monégasque.
Premiers comtes de Valence (IXe au XIe siècle)
Les comtes possédant le pays de Valence ou Valentinois, antérieurs à la fin du IXe siècle, ne sont pas connus[1].
Adalelme est le premier personnage mentionné comme comte, dans les textes les dernières décennies du IXe siècle. On le trouve sous la forme Adalelmo comiti et nobilissime[2], sans précision de terre associée, mais dont l'implantation correspond au Valentinois[1],[3]. Il est mentionné en 890, au plaid de Varennes, le , aux côtés de sa femme Rotlinde[2], et en 912, à Vienne avec son fils, Boson[4],[Note 1].
Les historiens s'accordent pour indiquer qu'il n'existe aucun lien entre Adalelme et son fils et les comtes qui se succèdent — ils ne portent d'ailleurs que le titre de comte sans précision d'une terre — entre le milieu du Xe siècle et celui du siècle suivant. Les actes permettent de connaître partiellement la filiation de ces comtes. Ainsi ils laissent apparaître des noms patronymiques — Geilin, Hugues, Lambert, Ademar/Adhémar/Aimar, Gontard, Odon et Ponce — qui se retrouvent d'une génération à l'autre, ce qui laisseraient peu de doute quant à leurs origines, mais il n'existe aucune source permettant de rattacher ces trois groupes d'individus portant le titre comtal de la région[1].
Jules Chevalier, prêtre et historien régional (1897), puis André Blanc, chargé de recherches au CNRS (1984, qui s'appuie sur Chevalier)[1] font l'hypothèse qu'il existe des liens de parentés entre les trois groupes formés par Geilin Ier, Lambert et Geilin II et leurs enfants. Le marquis Henri de Pisançon (1874)[6] ou encore André Lacroix (1877)[7] considéraient pour leur part que ce groupe des premiers comtes de Valentinois formaient une première maison dite marquis Géléins ou famille Geilon ou Geilin (voire Gillin ou Gélein). Cette analyse est reprise notamment par Stéphane Baumont (1992) qui parle des « comtes ou marquis Gélein dits « Gélins de Valence » »[8].
∞ Ava, dont 5 fils. Aucune source ne permet de faire de liens avec les précédents.
Comtes de Valentinois de la maison de Poitiers (XIIe au XVe siècle)
André Blanc (1984) conclue qu'à la suite de Geilin II (v. 1058), quelques décennies plus tard, le titre passe à la famille dite de Poitiers[-Valentinois][1]. Le titre serait issu, sans qu'il n'existe de sources, du mariage avec l'héritière de Marsanne[1],[9]. Si les preuves d'un lien de parenté avec les premiers comtes de Valence n'existent pas, la tradition onomastique se perpétue toutefois au sein de la famille de Poitiers[1]. André Blanc conclue « La solution de continuité qu'on enregistre aujourd'hui dans les archives masque peut-être simplement l'alliance entre un Poitiers venu d'ailleurs et une descendante de Geilin II. »[1] À partir de 1280, les comtes portent également le titre de comte du Diois[10]. Le titre s'éteint avec la mort de Louis II de Poitiers († ), dernier mâle de la branche aînée. Il institue dans son testament Charles, dauphin du Viennois, fils du roi de France, Charles VI, son héritier[11].
fils de Guillaume et NN, et probable frère d'Eustache, évêque et comte (selon l'étude de la charte no 3 du Cartulaire de Léoncel[15] et son interprétation par J. Chevalier[13]). Père de Guillaume, qui suis (charte no 8), et Eustache, prévôt de Valence[14].
1158 — 1188/89 : Guillaume de Poitiers (numéroté I ou II, selon les auteurs), Willelmus Pictavensis, comes Valentinus[16], Willelmus Pictavenisi, comes Valentinus ordinatione[17], fils du précédent.
∞ (1) NN de Die (qualifiée de « personnage quelque peu légendaire »)[18].
∞ Philippe (Philippa)[20] de Fay, Dame de Clerieu, fille de Guillaume-Jourdain, seigneur de Fay et Mezenc et de Météline de Clerieu[21]. Trois enfants dont un fils :
Guillaume II (1202 † 1227) ∞ Flotte de Royans, fille de Ra(i)mbaud Bérenger, seigneur de Royans[22], un fils, Aymar III, qui suit.
1239 — 1277 : Aymar III de Poitiers (1226 † 1277), surnommé d'Aymaret[23]. Ne prend le titre de comte qu'à la mort de son grand-père (Chevalier)[24].
∞ (2) en 1417 à Guillemette de Gruyère, fille du chevalier Raoul/Rodolphe de Gruyère († )[41] (sans postérité).
N'ayant aucun fils légitime, par testament, il institue pour héritier universel, sous conditions, Charles, dauphin du Viennois, fils du roi de France, Charles VI. Dans le cas où les conditions ne pourraient être exercées, lui serait substitué le comte de Savoie, Amédée VIII[42].
Le duché de Valentinois est à nouveau érigé en duché-pairie, en 1715, en faveur de Jacques Ier de Monaco, et transmis à ses héritiers mâles et légitimes, par lettres patentes de Louis XV[43].
1819-1841 : Honoré V de Monaco (1778-1841), son fils (Titre de pair à vie, par ordonnance du 4 juin 1814 de Louis XVIII, confirmé à titre héréditaire par l'ordonnance du 19 août 1815 de Louis XVIII. Titre de duc-pair héréditaire attaché à ladite pairie, en faveur du même, par ordonnance du de Louis XVIII).
Les princes de Monaco portèrent régulièrement ce titre jusqu'en 1949, date du décès du prince Louis II de Monaco. S'agissant d'un titre de droit français il ne peut logiquement pas se transmettre par les femmes ni par bâtardise et il n'y a plus aujourd'hui d'autorité en France ayant le pouvoir d'en effectuer le report en cas d'extinction des mâles. Cependant, le prince créa ce titre dans la noblesse monégasque et le donna à sa fille légitimée, Charlotte de Monaco et à son époux.
↑Ce dernier se voit accorder, avec son épouse, par un diplôme du [2],[5], par le roi de Provence, Louis, la « propriété héréditaire de tous ses domaines », concédés par Charles II le Chauve et le roi Boson[1],[3]. Son fils Boson lui succède[1]. Ces deux personnages sont conseillers de l'Empereur, entre 905 et 912[1].
Références
↑ abcdefghijklmno et pAndré Blanc, La cathédrale de Valence. Témoin de l'humanité romane, Valence, Éditions Peuple libre, , 212 p. (lire en ligne), p. 19-26.
↑ ab et cUlysse Chevalier, Cartulaire de l'abbaye de Saint-André-Le-Bas de Vienne, ordre de Saint Benoît : suivi d'un Appendice de chartes inédites sur le diocèse de Vienne (IXe – XIIe siècles), Lyon, N. Scheuring, (lire en ligne), p. 221-222, no 12.
↑Édouard de Saint-Phalle, « Comtes de Troyes et de Poitiers au IXe siècle : histoire d’un double échec » dans Onomastique et Parenté dans l'Occident médiéval, Oxford, Linacre College, Unit for Prosopographical Research, coll. « Prosopographica et Genealogica / 3 », , 310 p. (ISBN1-900934-01-9), p. 164.
↑Ulysse Chevalier, Regeste dauphinois, ou Répertoire chronologique et analytique des documents imprimés et manuscrits relatifs à l'histoire du Dauphiné, des origines chrétiennes à l'année 1349. Tome 1, Fascicules 1-3, Impr. valentinoise, (lire en ligne), p. 164-165.
↑Henri de Pisançon, Étude sur l'allodialité dans la Drôme de 1000 à 1400, Imprimerie de Chenevier & Chavet, (lire en ligne), p. 153-156.
↑André Lacroix, Arrondissement de Montélimar : géographie, histoire et statistique. Tome V, Valence, (lire en ligne), p. 58-59, et suivantes.
↑Ulysse Chevalier, Cartulaire de l'abbaye Notre-Dame de Léoncel au diocèse de Die, ordre de Cîteaux, Impr. et lith. Bourron, , 320 p. (lire en ligne), pp. 7-8, IV. Sigillum Eustachii episcopi Valencie (et successorum ejus) de Pedagiis*.
↑ a et bUlysse Chevalier, Cartulaire de l'abbaye Notre-Dame de Léoncel au diocèse de Die, ordre de Cîteaux, Impr. et lith. Bourron, , 320 p. (lire en ligne), pp. 6-7, III. Sigillum Ademari Pictavensis pro securitate Molorum.
À noter, la charte no 3, non datée, pourrait cependant désigner Aymar II, fils de Guillaume [I/II].
↑Ulysse Chevalier, Cartulaire de l'abbaye Notre-Dame de Léoncel au diocèse de Die, ordre de Cîteaux, Impr. et lith. Bourron, , 320 p. (lire en ligne), pp. 9-10, VIII. (Carta) de Gusaigio [Willelmi] Pictaviensis.
Jules Chevalier (chanoine, professeur d'histoire au grand séminaire de Romans), Mémoires pour servir à l'histoire des comtés de Valentinois et de Diois. Tome Ier, vol. 1 : Les anciens comtes de Die et de Valence, les comtes de Valentinois de la maison de Poitiers, Paris, Picard, , 477 p. (lire en ligne)..
Jules Chevalier (chanoine, professeur d'histoire au grand séminaire de Romans), Mémoires pour servir à l'histoire des comtés de Valentinois et de Diois, vol. 2 : Le Procès entre les prétendants à l'héritage de Louis de Poitiers, comte de Valentinois et de Diois, le duché de Valentinois, César Borgia, Diane de Poitiers, le prince de Monaco, Paris, Picard, , 684 p..
Christian Frachette, « Évêques et comtes en Valentinois au Xe siècle (879-1029) : concours et concurrence pour le pouvoir », dans Noël Coulet et Olivier Guyotjannin, La ville au Moyen Âge, 2, Sociétés et pouvoirs dans la ville, éd. du CTHS, (ISBN2-7355-0422-0), pp. 179-192..