Il est le second fils d'un médecin de village issu d'une famille de propriétaires terriens. Sa mère, éduquée dans les écoles de la bourgeoisie barcelonaise, initie ses deux fils à la musique sur sa propre guitare. Puis vient le piano. Lluis compose ses premières mélodies à six ou sept ans, mais pour la première vraie chanson il faut attendre 1965, Que feliç era, mare, dont il écrit la musique sur des paroles de son frère.
De 1971 à 1976, sous la dictature franquiste, Lluís Llach quittera la Catalogne pour ce qu'il appellera du « tourisme pour motivations politiques ». Le 23 janvier 1973, l'entreprise nationale publique Radiotelevisión Española a diffusé le programme musical en catalan Lluís Llach, filmé en noir et blanc et en couleur dans divers endroits de la province de Gérone[4]. En exil, il s'installe à Paris où il débute doucement, le , sa carrière française à l'Olympia.
En 1975, il est condamné à une amende de 100 000 pesetas après avoir donné des représentations au « Palau de la Musica »[5]. Il est alors totalement interdit de concert en Catalogne.
Au décès de Franco, l'année 1976 marquera son retour en Catalogne, qui sera fêté par un grand concert donné au Palais des Sports de Barcelone.
En 1985, il perd sa mère et lui dédie un message d'amour que l'on retrouve dans son album Maremar.
Le , Lluís Llach donne un concert mythique au Camp del Barça devant un public de 100 000 personnes : un événement tout à fait exceptionnel et rarement égalé par un artiste européen.
Dans les années 1980, il se lance une première fois en politique, avec un petit parti nationaliste catalan de gauche[6].
Il met fin à sa carrière artistique en 2006, après 29 albums, plusieurs de musiques de films (Salvador), des duos avec des grands noms de l'opéra, tel Jose Carreras, des concerts géants ou intimistes dans des salles réputées telles le Palau San Jordi à Barcelone ... « Par respect pour [s]on public », qu'il veut quitter dans la « plénitude de la forme physique, sans maladie, ni faiblesse vocale », il effectue à cette occasion une série de concerts dont une soirée à l'Olympia de Paris le , et un ultime concert le , à Verges, le village où il a passé son enfance. Toutefois, il n'exclut pas par la suite des présentations ponctuelles avec son piano dans des petits théâtres.
Le , il donne un récital en plein air à Valence pour soutenir la chaîne catalane TV3 qui ne peut plus émettre au Pays valencien[7].
Le 29 février 2020, il est présent au meeting de Carles Puigdemont, Président en exil de la Generalitat de Catalogne, au parc des expositions de Perpignan[11]. Il y chante Venim del Nord, Venim del Sud[12].
Même s'il dépend d'arrangeurs comme Manel Camp ou Carles Cases dans ses premiers enregistrements, Llach a su évoluer de chansons basiques à des pièces d'une grande complexité harmonique et mélodique. Guitariste autodidacte, lorsqu'il s'accompagne à la guitare, il se limite à ponctuer ses chansons avec des accords simples. En revanche, comme pianiste, il montre une très bonne connaissance de la tradition de la chanson culte de Schubert à Hahn avec touches de Satie (Nounou) et ses contemporains catalans comme Mompou et Manuel Blancafort (A la taverna del mar). Llach a utilisé des patrons de salsa pour le piano (Terra), des modulations en bloc d'un ton (El jorn dels miserables) et des progressions jazzistiques (Cançó d'amor a la llibertat). Quelques chansons des débuts montrent une influence des danses baroques (Laura, Jo sé, Vinyes verdes vora el mar) et des phrases en ostinato (Non, Somniem). Parmi ses influences comme chanteur, Llach se plaît à citer Mahalia Jackson et Jacques Brel.
Ses paroles ont aussi évolué des thèmes romantiques et appels à l'action de la jeunesse vers des cycles programmatiques de chansons et une fine ironie politique. La mer ainsi qu'une attitude positive et courageuse face à la mort inévitable sont des thèmes récurrents. Llach a mis en musique des poèmes de Constantin Cavafy, Marius Torres, Josep Maria de Sagarra, Pere Quart et, surtout, de son ami Miquel Martí i Pol.
Llach s'est produit aussi comme baryton classique, notamment avec une série de représentations du Requiem de Gabriel Fauré.
Pour éviter d'être censuré, dans sa chanson La gallineta, il fait dire à la poule « vive la révulsion » au lieu de « vive la révolution[13] »[réf. nécessaire].
Il est l'auteur de la chanson L'Estaca, connue pour avoir été l'hymne officieux catalan de résistance au franquisme et souvent reprise[6].
L'Estaca a fait l'objet de reprises en France par Serge Utgé-Royo, Zebda, les Femmouzes T., Jean-Bernard Plantevin, le chanteur occitan Patric, en corse par le groupe I Chjami Aghjalesi sous le titre de Catena (« La Chaîne »)[14], le groupe El Comunero dans leur album Sigue Luchando et le groupe Karpatt ainsi que de traductions en français par le chanteur engagé Marc Ogeret, sous le titre l'Estaque et de Marc Robine, sous le titre Le Pieu), en picard par Daniel Barbez sous le titre El piquet et dans le monde (notamment en Pologne par Solidarność), en breton sous le titre Ar Peul (en français Le Pieu) par Thierry Gahinet [15],[16]. Enfin, L'estaca est chantée aussi sous le titre Lo pal en occitan par le groupe piémontaisLou Dalfin avec un accompagnement de style rock. La chanson se trouve dans l'album Gibous, bagase e bandì.
↑(es) « Programas de radio y televisión • TVE », La Vanguardia, : « 23 del presente mes, a las 4,30 de la tarde, T.V.E. ofrecerá a los espectadores de Cataluña y Baleares el programa musical en catalán «Lluís Llach» […] Lluís Llach es uno de los cantantes catalanes que mayor proyección ha tenido tanto en nuestro país […] Este programa ha sido rodado en blanco y negro y color utilizando como marco diversos lugares de la provincia de Gerona […] el guionista y director Luis M.ª Güell », p. 59
↑(es) Juan García Morcillo (dir.), Lluís Llach, Sociedad General de Autores y Editores, (ISBN84-87491-23-5), p. 25
↑« Puigdemont à Perpignan : la plus grande réunion depuis les manifestations viticoles de 1907 », La Semaine du Roussillon, (lire en ligne, consulté le ).