Elle est la fille de l'écrivain Émile Souvestre et d'Anne Angélique Papot[Notes 1], originaire de Nantes. Ses deux parents aux idées progressistes sont alors enseignants. Sa famille s'installe rapidement en Alsace, puis à Paris, où ses parents côtoient l'intelligentsia de la capitale[1].
En 1865, elle crée avec celle qui est sa compagne depuis 1859, Caroline Dussault, une école d'enseignement secondaire pour les jeunes filles de familles dirigeantes ou aristocrates d’Europe et des États-Unis es« Les Ruches », d'abord à Fontainebleau, puis à Avon, tout en fréquentant la haute bourgeoisie républicaine et nombre d'artistes[2].
Le cursus scolaire de l'école se fait alors sur quatre ans. La majorité des cours se fait en français et l'étude des langues étrangères - anglais, allemand et l'italien - est faite dans cette école à statut privé, qui préparera plus tard au baccalauréat, quand il sera accessible aux femmes. Marie Souvestre se charge de l'enseignement de l'histoire[3].
Les deux femmes se séparent en 1883[2]. Caroline Dussault devient la seule propriétaire de l'école, car elle détient les diplômes nécessaires pour enseigner en France. Faute de posséder ces diplômes, Marie Souvestre quitte la France pour l'Angleterre et ouvre une seconde école à Winbledon près de Londres. Elle appelle cette nouvelle école : "Allenswood Academy", qu'elle dirigea jusqu'à sa mort[4].
Dans ces deux établissements, elle prône pour les jeunes filles l'autonomie et la réflexion, associée à l'indépendance. À l'époque, ses préceptes vont à l'encontre des valeurs de la société victorienne.
Polyglotte, Marie Souvestre entretiendra des correspondances multiples et voyagera beaucoup.
Parmi les élèves des Ruches, à Avon, on trouve, en 1882, l'écrivaine anglaise Dorothy Bussy, née Strachey, qui publiera anonymement le roman Olivia (1949), où elle relate sa passion d'alors pour la directrice de l'établissement, Mlle Julie, c'est-à-dire Marie Souvestre. Une version filmée d'Olivia sera réalisée par Jacqueline Audry en 1951, avec Edwige Feuillère dans le rôle de Mlle Julie.
L'Américaine Natalie Barney y sera également élève pendant 18 mois (entre 1886 à 1888), non sous la direction de Marie Souvestre — déjà installée à Londres — mais sous celle de Caroline Dussaut, puis après le décès de celle-ci, de Gabrielle Victorine Lainé (à partir d'août 1887)[5]. L'école d'Avon fermera ses portes vers 1900.
Parmi les élèves de la Allenswood Academy, située à Winbledon, dans la proche banlieue de Londres, figure notamment Eleanor Roosevelt[6],[7], qui deviendrait une parfaite francophone, après avoir appris le français dans cette école.
Ses anciennes élèves se sont réunies après sa mort pour fonder une bourse de 1 500 francs destinée à aider chaque année une jeune Française à faire un séjour à l'étranger[10].
Traduction
Émilie Carlen (trad. Marie Souvestre), Deux jeunes femmes ou Un an de mariage, Paris, Michel Lévy frères, , 290 p. (lire en ligne)
Caroline Clive (trad. Marie Souvestre), Paul Ferroll, Paris, Michel Lévy frères, , 310 p.
Notes et références
Notes
↑Femme de lettres connue sous le nom de Nanine Souvestre.
Références
↑Alain Tanguy, « Marie Souvestre : la Bretonne qui a formé Eleanor Roosevelt », Journal Le Télégramme, (lire en ligne, consulté le ).
(en) Maurice H. Beasley, Holly Cowan Shulman et Henry R. Beasley, The Eleanor Roosevelt Encyclopedia, Westport, Greenwood Press, , 628 p. (ISBN978-0-313-00715-6).
Auteur inconnu, « La Maison Marie Souvestre », L'Abeille de Fontainebleau, , p. 1 (lire en ligne).
S. Lep., « La Fondation Marie Souvestre », L'Ouest-Eclair, , p. 1 (lire en ligne).
(en) Suzanne Rodriguez, Wild Heart : A Life : Natalie Clifford Barney and the Decadence of Literary Paris, New York, Harper and Collins, , 410 p. (ISBN978-0-060-93780-5)
Caroline Mével, « Vers une aide sociale institutionnalisée aux USA : Come together on the common road », Amériques / Europe : vers quels rapports de force ? : Actes des journées d’étude « Amériques » (2013-2014), , p. 52-57 (lire en ligne).
David Steel, Marie Souvestre (1805-1905) : Pédagogue pionnière et féministe, Rennes, Presses universitaires de Rennes, , 210 p. (ISBN978-2-753-53442-1).