La chanson est créée en 1941 et éditée par les éditions musicales du Ver Luisant[9]. Cette maison d'édition, dirigée à l'époque par Rolf Marbot (d'origine allemande, de son vrai nom Albrecht Marcuse), produit d'autres chansons à la gloire de Philippe Pétain, comme La France de demain ou La Marche des jeunes[8]. Charles Courtioux était l'imprimeur des partitions musicales du Ver Luisant[8].
Au moment de la déclaration de la chanson à la SACEM, celle-ci décèle une « parenté évidente[4] » avec une composition de Casimir Oberfeld, La Margoton du bataillon[10], et met en garde Charles Courtioux sur cette « étrange similitude[4] » par une note[11]. Mais sous le régime de Vichy, Casimir Oberfeld, qui a été l'un des premiers ayants droit de la SACEM à la veille de l'occupation allemande[8], perd le droit d'y déposer des œuvres et la possibilité de toucher ses droits d'auteur parce qu'il est Juif[12]. Déporté à Auschwitz en 1943[13], il meurt lors d'une « marche de la mort » en 1945[12].
La musique de Maréchal, nous voilà ! présente aussi une « ressemblance frappante[4] » avec une chanson intitulée La Fleur au guidon[14], de Frédo Gardoni, dédiée au Tour de France1937[4]. Celle-ci ainsi que le Chant de l'avenir, chanson des Amicales socialistes de 1938 (composée par Michel Emer et G. Aubry[15]), sont apparemment d'autres exemples d'influence ou de plagiat de La Margoton du bataillon[16],[12].
La Marseillaise reste l'hymne principal de la France durant cette période[18],[19] et tient une place prépondérante, illustrant la volonté du régime de ne pas abandonner les symboles nationaux à la Résistance[20]. Mais elle n'est pas officiellement désignée par écrit comme l'hymne national[21]. Elle est souvent suivie, dans la zone sud, de Maréchal, nous voilà !, qui devient l'hymne officieux du régime de Vichy. Maréchal, nous voilà ! est régulièrement diffusée sur les ondes de Radio-Paris et de la Radio nationale[8]. Elle est jouée dans l'ensemble des territoires de la France et de l'Empire ; c'est le cas en particulier dans la plupart des écoles mais aussi dans les chantiers de jeunesse[22], les casernes et les meetings de la Milice française[8].
Le refrain seul montre déjà combien cette chanson participe largement au culte de la personnalité créé autour de Pétain dès 1940[23] :
« Maréchal, nous voilà ! / Devant toi le sauveur de la France / Nous jurons, nous tes gars / De servir et de suivre tes pas / Maréchal, nous voilà ! / Tu nous as redonné l’espérance / La Patrie renaîtra / Maréchal, Maréchal, nous voilà ! »
Parodies
Le chant Maréchal, nous voilà ! étant un élément majeur de la propagande de Vichy, il a été l'objet d'un pamphlet contre Pétain, Maréchal vous voilà, et de parodies de la part de la Résistance comme Général, nous voilà ![24] ou Maréchal, les voilà ![25] de Julien Clément[26].
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Dans le roman Le Traître, de Pierre Cormon, la chanson passe régulièrement dans un restaurant du Caire, en 2002.
Bande dessinée
Maréchal, nous voilà de Laurent Rullier (scénario) et Hervé Duphot (dessin et couleur) ; tome II de la série Les combattants, Paris, Delcourt, 2012 (ISBN978-2-7560-2705-0).
↑On peut l'écouter dans le film de Jacques Darmont (1933) tiré de l'opérette de Casimir Oberfeld. Elle est chantée par l'acteur Armand Bernard.
↑Dompnier 2001, « [...] Informer également M. Courtioux que dans cette même œuvre notre Conseil a trouvé une réminiscence de La Margoton du bataillon d'Oberfeld. La déclaration a été enregistrée sous l'entière responsabilité de M. Courtioux », p. 71–72 (note 5).
↑Le refrain commence par ce vers : « Les coureurs, les voilà ! ».
↑Un enregistrement datant de 1938 de cette chanson figure dans le coffret de CD Anthologie sonore du socialisme édité chez Frémeaux et Associés en 1998.
Nathalie Dompnier, « Entre La Marseillaise et Maréchal, nous voilà ! quel hymne pour le régime de Vichy ? », dans Myriam Chimènes (dir.), La vie musicale sous Vichy, Éditions Complexe – IRPMF-CNRS, coll. « Histoire du temps présent », , 420 p. (ISBN2870278640, lire en ligne), p. 69-88.