Pierre Claude Michel de Brunhoff est une personnalité française du XXe siècle, né le à Paris et mort le à Paris. Homme de presse et de mode, il est notamment rédacteur en chef de l'édition française de Vogue de 1929 à 1954[1].
Michel de Brunhoff devient secrétaire de rédaction de la revue Art & Décoration publiée par Émile Lévy, puis fonde avec ce dernier et Lucien Vogel la Gazette du Bon Ton[4]. Il se marie en 1923 à Marcelle Le Roy, leur fils naît peu après. Il entre au journal Le Jardin des Modes, fondé par son beau-frère Lucien avec la famille Baschet, revendu pour devenir la propriété de Condé Nast[5] dans les années suivantes ; il en devient rédacteur en chef, puis quitte celui-ci en 1933[2].
Entre-temps, Lucien Vogel et Michel de Brunhoff publient aux Éditions du Jardin des Modes le premier Babar de Jean de Brunhoff. Les publications de Babar dureront quatre ans, avant d'être cédées à Hachette[6]. Quatre ans avant son départ du Jardin des Modes[7], il prend également le poste de rédacteur en chef du Vogue français[8]. Il travaille alors dans les années à venir avec l'illustrateurRené Bouché, ou les photographesCecil Beaton, Erwin Blumenfeld à qui il proposera du travail[9], ou Robert Doisneau bien plus tard[10], et sait s’entourer des plus grands artistes et écrivains de l'époque[11].
Au début de l'Occupation, il cesse, en accord avec Condé Nast, la publication du Vogue français au premier semestre 1940[12], malgré le souhait des Allemands[13],[14]. « Il n'y a pas de façon honorable de publier un magazine sous les Allemands ; il n'y avait rien sans compromission ou collaboration. […] Finalement, j'ai trouvé une façon de publier des albums de mode sans dire s'il vous plaît aux Allemands »[15]. Durant la guerre, il continuera l'édition[3] ainsi que son soutien à la haute couture[16]. Après la mort de son frère Jean, il pousse Laurent de Brunhoff son neveu à continuer la série Babar.
En , il perd son fils Pascal, fusillé[3] par les agents de la Gestapo. Dès la Libération, il publie un numéro spécial du Vogue français intitulé Vogue Libération[17] qu'il souhaite « digne du passé de notre magazine[18] », précise-t-il[N 1], et qui voit l'apparition d'un nouvel illustrateur, René Gruau. Michel de Brunhoff n'aura fait publier que quatre numéros après guerre[19] et la parution de Vogue ne reprendra régulièrement qu'à partir de 1947 ; il assiste d'ailleurs en février de cette année-là au premier défilé de Christian Dior[20]. Michel de Brunhoff le « mondain » est alors partout dans le Paris artistique : bals, avant-premières, vernissages, théâtre, défilés de haute couture, ballets[3]…
Au début des années 1950, Charles Mathieu-Saint-Laurent organise depuis Oran une rencontre entre son fils Yves et Michel de Brunhoff : il entretient une correspondance et invite le jeune artiste à dessiner dans les bureaux Vogue[21]. Frappé par la ressemblance qu'il percevait entre les créations d'Yves Saint-Laurent et celles de Christian Dior, Brunhoff décide de présenter le tout jeune dessinateur, avec lequel il est en contact quotidien[16],[N 2], au grand couturier[N 3] alors en pleine gloire mondiale.
Il reste durant vingt-cinq ans comme rédacteur en chef du Vogue français[9] pour finalement être remplacé à ce poste par Edmonde Charles-Roux en 1954. Il meurt quatre ans plus tard à Paris[23].
En 2016, une partie de sa collection d'objets d'art est vendue aux enchères[24].
Notes et références
Notes
↑Edmonde Charles-Roux explique que la parution de ce numéro spécial cherchant à retrouver l'aura du Vogue d'avant-guerre est un risque calculé, pris par Michel de Brunhoff en concertation entre Lucien Vogel : immédiatement après la Seconde Guerre mondiale, la haute couture telle qu'elle est de nos jours n'existe pas[11]. De plus, de nombreuses maisons de couture ont fermé et Paris a perdu sa place de capitale de la mode.
↑C'est également lui qui, en 1953, recommande Victoire auprès de Dior[22].
Références
↑Sophie Kurkdjian, Lucien Vogel et Michel de Brunhoff, parcours croisés de deux éditeurs de presse illustrée au XXe siècle, Paris, Fondation Varenne, , 950 p. (ISBN978-2-37032-027-8 et 2-37032-027-3)
↑ a et bVeillon Dominique. Le jardin des modes (1922-1992). In: Vingtième Siècle. Revue d'histoire. N° 39, juillet-septembre 1993. pp. 108-110.
↑Danielle Leenaerts, Petite Histoire du magazine Vu (1928-1940) : Entre photographie d'information et photographie d'art, Peter Lang, mars 2010, 403 pages, p. 20 (ISBN9789052015859)
↑Myriam Bahuaud, Droits dérivés: Le cas Babar, Éditions L'Harmattan, 1999, 191 pages, p. 30 (ISBN9782738473868)
↑Sophie Kurkdjian, « Vogue français et Jardin des modes à la conquête de leur lectorat, (1920-1940) », in Sylvain Besson (dir), Le Chic français. Images de femmes, 1900-1950, Éditions Snoeck, 2017, pp.256,
↑(en) Sophie Kurkdjian, « "The emergence of French Vogue: French identity and visual culture in the fashion press, 1920-1940” », International Journal of fashion Studies ed. by Agnès Rocamora, May 2019, 6.1, p.63-82., , p. 63-82
↑(en) Sophie Kurkdjian, « « Struggles to maintain French domination of fashion in WW2 on both sides of the Atlantic”, », in Marie Mcloughlin and Lou Taylor (ed.), Fashion in Paris and World War 2:Global Diffusion and Nazi control, Londres, Bloomsburry, 2020., (ISBN9781350000261)
↑(en) De Holden Stone, Fashion Survives the Nazis dans Art and Industry, juillet 1945, p. 8-9, cité dans (en) Valérie Steele, Paris Fashion : A Cultural History, Oxford, Berg, , 327 p. (ISBN1-85973-973-3), chap. 13 (« From Hitler to Dior »)
↑Sophie Kurkdjian, « « De la haute couture au prêt-à-porter. Reconfiguration de la mode dans la presse féminine de l’après-guerre », », in Thomas Kirchner, Laurence Bertrand Dorléac, Déborah Laks, Nele Putz (ed.), Les Arts à Paris après la Libération. Temps et Temporalités, février 2018, (Passages online, Band 2)., (lire en ligne)
Sophie Kurkdjian, Lucien Vogel et Michel de Brunhoff, parcours croisés de deux éditeurs de presse illustrée au XXe siècle, Paris: Fondation Varenne, 2014, 950 p. (ISBN2370320273)