Konstantínos Karamanlis conçoit Nouvelle Démocratie comme un parti moderne et progressiste de centre-droit. Dans sa conférence nationale de 1979, la Nouvelle Démocratie définit son idéologie de « libéralisme radical », c’est-à-dire une double insistance : sur l'économie de marché d'abord, mais aussi sur l'intervention « décisive » de l'État pour maintenir la justice sociale.
La Nouvelle Démocratie regroupe également des personnalités d’extrême droite issues de la dictature des colonels[4].
Évolution politique
1974-1981 : Premières victoires et conduite du gouvernement
Le parti remporte également les élections législatives de 1977 : s’il n’obtient que 41,88 % des suffrages, en revanche il obtient une confortable majorité au Parlement. Konstantínos Karamanlis est confirmé à son poste de Premier ministre. Il s’attache à redéfinir les relations de la Grèce avec l’OTAN, et tente de résoudre la question chypriote, à la suite de l’invasion de l’île par la Turquie. Il favorise l’entrée de la Grèce au sein de la Communauté économique européenne (CEE), effective en 1981. Konstantínos Karamanlis est très critiqué par les partis d’opposition (hostiles, par ailleurs, à l’intégration de la Grèce) pour n’avoir pas organisé de référendum sur cette question.
En 1993, Nouvelle Démocratie est évincée du pouvoir par le PASOK et connaît une longue période de défaites électorales (1996 et 2000).
Une scission emmenée par Geórgios Karatzaféris conduit à la création de l'Alerte populaire orthodoxe en 2000, une formation nationaliste, souverainiste, anti-immigration et antisémite[5].
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2009-2012 : Alternance, crise des subprimes et de la dette publique
Après la défaite de ND lors des élections d', Antónis Samarás est élu comme chef du parti pour remplacer Kostas Karamanlis[6].
Au début de la crise de la dette publique grecque, de 2009 à 2011, le parti a tout d'abord une attitude hostile aux mesures proposées par le gouvernement de Giórgos Papandréou pour résoudre la crise. Il commence cependant à se diviser : plusieurs figurent marquantes du parti sont exclues ou le quittent en raison de leur opposition à la ligne d'opposition de Samaras (cinq députés en mai et [7], dont Dóra Bakoyánni, qui réintègrera cependant le parti lors des ). Le parti subit la concurrence de plusieurs nouvelles formations du centre libéral, comme l'Alliance démocrate (DISY) et Drassi, tout comme celle, à droite, des partis eurosceptiques et anti-mémorandum comme les Grecs indépendants de Pános Kamménos (qui a fait scission de ND) et du LAOS. Le parti change cependant de ligne lors de la constitution en du gouvernement d'unité nationale dirigé par Loukás Papadímos. Il soutient alors les mesures de celui-ci, sans toutefois siéger au gouvernement.
En , après sa « victoire écrasante » lors des élections européennes sur la gauche du Premier ministre Aléxis Tsípras, la ND remporte les mairies d'Athènes et de Thessalonique ainsi que la quasi-totalité des régions grecques[8]. Il remporte également les élections législatives anticipées de avec 39,8 % des voix (contre 31,5 % pour son principal adversaire, Syriza). Kyriákos Mitsotákis devient Premier ministre le 8 juillet 2019.
La Nouvelle Démocratie est notamment parvenue à attirer les personnalités et électeurs d’extrême droite. Une partie de l'électorat d'Aube dorée s'est tournée vers elle, mais aussi les principales figures de l'Alerte populaire orthodoxe, dont son ancien dirigeant Spyrídon-Ádonis Georgiádis (nommé ministre de la Croissance et des investissements dans le nouveau gouvernement de Kyriakos Mitsotakis) ou encore Mavroudís Vorídis (devenu ministre de l'Agriculture et porte-parole de Nouvelle démocratie). L'historien Dimitris Kousouris indique que « le parti veut créer un bloc assez large avec toutes les forces conservatrices et nationalistes, et on y retrouve plusieurs politiciens d'extrême droite[4]. »
Le gouvernement dirigé par Kyriakos Mitsotakis fait face au scandale du Predatorgate, qui implique l'utilisation présumée d'un logiciel espion par son gouvernement pour surveiller ses opposants politiques. Mitsotakis a qualifié ces actions d' « erreurs »et a prétendu ne pas avoir eu connaissance de celles-ci. Les révélations de cette affaire ont conduit à la démission de deux membres proches de Mitsotakis : Panagiotis Kontoleon, chef de l'Organisation nationale de renseignement (EYP), et Grigoris Dimitriadis, secrétaire général du bureau du Premier ministre et également son neveu[9]
Nouvelle Démocratie sort renforcée des élections de mai 2023 avec 40,8% des suffrages[10]. Le premier ministre Kyriakos Mitsotakis appelle toutefois à de nouvelles élections législatives en juin 2023 pour lui permettre d'obtenir la majorité absolue (à cinq sièges des 146 obtenus).
En vue des élections législatives de , il promet de baisser la TVA, les impôts sur les bénéfices des entreprises, l'accélération des privatisations, l'externalisation de certains services publics et la mise en place d'un programme d’« évaluation » des fonctionnaires[28].
L'universitaire Filippa Chatzistavrou relève qu'à l'issue des élections parlementaires de 2019, la chute d'Aube dorée et l'ouverture de la Nouvelle Démocratie sur sa droite « ont permis de réunir une droite xénophobe, une droite populiste-nationaliste et un centre-droit libéral. Ce mélange politique s'articule autour de trois pôles : Une forme d'autoritarisme dans la gestion de l'État ; un agenda très libéral sur le plan économique ; un populisme nativiste qui met en avant les politiques identitaires[4]. » Le journaliste Dimitris Psarras, spécialiste de l’extrême droite grecque, note également que « Nouvelle Démocratie a des liens forts avec l’extrême droite »[29].
↑(en) Robert Thomson, Resolving Controversy in the European Union: Legislative Decision-Making before and after Enlargement, Cambridge University Press, (ISBN978-1-139-50517-8, lire en ligne)
↑(en) David Bailey, Jean-Michel De Waele, Fabien Escalona et Mathieu Vieira, European Social Democracy During the Global Economic Crisis: Renovation Or Resignation?, Manchester University Press, (ISBN978-0-7190-9195-7, lire en ligne)
↑(en) Swen Hutter et Hanspeter Kriesi, European Party Politics in Times of Crisis, Cambridge University Press, (ISBN978-1-108-48379-7, lire en ligne)
↑ a et b(en) Wolfram Nordsieck, « Greece », sur parties-and-elections.eu (consulté le ).
↑ a et bJosé M. Magone, The Politics of Southern Europe: Integration Into the European Union, Praeger, (ISBN978-0-275-97787-0, lire en ligne), p. 148
↑ a et bDerek W. Urwin, The Community of Europe: A History of European Integration Since 1945, Routledge, (ISBN978-1-317-89252-6, lire en ligne), p. 206
↑Jörg Arnold et Klaus Ziemer, Totalitarian and Authoritarian Regimes in Europe: Legacies and Lessons from the Twentieth Century, Berghahn Books, (ISBN1-57181-641-0), « Criminal Law as a Reaction to System Crime: Policy for Dealing with the Past in European Transitions », p. 410
↑Lawrence Ezrow et Gonzalo Caballero, Political Economy of Institutions, Democracy and Voting, Springer Science & Business Media, (ISBN978-3-642-19519-8), « Electoral systems and party responsiveness », p. 320
↑(en) Akis Kalaitzidis, Europe's Greece : A Giant in the Making, Palgrave Macmillan, , p. 29.
↑Bruno Odent, « Grèce. Menace d’une nouvelle percée de la droite nationale-libérale », L'Humanité, (lire en ligne)
↑Antoine Cariou, « Stathis Kouvelakis : « En Grèce, les reniements de la gauche ouvrent la voie à une droite revancharde » », Politis, (lire en ligne)
↑Rosa Moussaoui, « Grèce. Kyriakos Mitsotakis recycle les voix de l’extrême droite », L'Humanité, (lire en ligne)
↑« En Grèce, l’extrême droite continue d’avancer ses pions », Le Monde.fr, (lire en ligne)