L'offensive d'al-Tanaf a lieu lors de la guerre civile syrienne. Elle est lancée le par les forces du régime syrien contre des groupes de l'Armée syrienne libre positionné al-Tanaf, un poste situé à la frontière à l'Irak et près de la frontière avec la Jordanie. Malgré quelques gains initiaux, l'offensive est repoussée par l'intervention des forces aériennes américaines.
L'objectif des loyalistes est de chasser les Américains d'al-Tanaf, d'empêcher les rebelles d'atteindre la région de Deir ez-Zor et de reprendre le contrôle de l'autoroute afin de pouvoir ouvrir un « axe chiite », reliant l'Iran au Liban en passant par l'Irak et la Syrie, permettant de déployer plus facilement des milices chiites et des convois d'armes sur les différents théâtres d'opérations[14],[17],[4],[5],[3],[18]. Selon l'universitaire Fabrice Balanche, l'offensive a clairement été décidée par l'Iran[18].
Dans la nuit du , l'aviation syrienne bombarde les positions rebelles, mais sans faire de victimes[28]. Le , le régime annonce le début de son offensive[14]. Une course s'engage entre les loyalistes et l'Armée syrienne libre pour le contrôle de la frontière syro-irakienne[15],[16],[14]. Plusieurs centaines de soldats de l'armée syrienne et des miliciens chiites passent à l'offensive contre les rebelles avec des chars et des blindés sur l'autoroute reliant Damas à Bagdad[15],[29],[19]. Le , ils s'emparent de la localité de Sabaa Biyar[15],[19].
En mai, un nouveau camp est établi par les rebelles et les Américains à Zaza, à environ 70 kilomètres au nord-est d'al-Tanaf, vers Boukamal[18]. La zone devient alors le théâtre de combats avec les milices chiites[2]. Le poste est pris par les loyalistes, repris par les rebelles, puis à nouveau reconquis par les loyalistes[26],[30],[31]. Le , les rebelles sont visés par une frappe russe à Zaza[18],[2].
Le , les forces loyalistes s'élancent sur le poste d'al-Tanaf, tenu par l'Armée syrienne libre à la frontière avec l'Irak et non loin de la frontière avec la Jordanie[32]. Cependant al-Tanaf est aussi la base des forces spéciales américaines, britanniques et norvégiennes de la coalition et selon les États-Unis la localité est située dans une « zone de désescalade » prévue par l'accord d'Astana conclu le [28],[21],[32],[14],[2]. Les avions américains effectuent des tirs de sommation, mais les loyalistes continuent leur progression et des combats ont lieu à 27 kilomètres de la base[32]. Les États-Unis décident alors de frapper la colonne[32],[21],[6]. Plusieurs blindés et véhicules sont détruits par l'aviation américaine — un char, un bulldozer, un tracteur et un excavateur selon le Centcom — et au moins huit hommes sont tués selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH)[32],[6],[17]. La plupart des morts sont des miliciens chiites irakiens des Brigades de l'imam Ali[21],[6]. C'est alors la première fois depuis le début du conflit que les États-Unis effectuent des frappes aériennes en soutien à des rebelles contre des troupes pro-régime[25]. Ces bombardements sont aussitôt condamnés par le régime syrien et la Russie[33].
Le 1er juin, la coalition affirme avoir renforcé sa présence à al-Tanaf et menace de nouvelles ripostes en cas de nouvelles pénétrations dans la « zone de désescalade » instituée par la coalition, large de 55 kilomètres autour d'al-Tanaf[34].
Le , un avion du régime syrien est abattu par les rebelles de Jaych Ossoud al-Charkiya et s'écrase dans le secteur de Tel Dakoua, à une quinzaine de kilomètres à l'est de Bir Kassab[35].
Le , la coalition mène une nouvelle frappe contre un groupe de 60 soldats loyalistes avec un char et de l'artillerie qui se trouvaient « bien avancées » dans la « zone de déconfliction »[36]. Selon l'OSDH, 32 soldats sont tués entre al-Sabea Biyar et le poste de contrôle de Zaza[37],[7]. Le , les Américains ouvrent le feu sur deux pick-up armés, puis un drone iranien Shahed 129 est abattu après avoir tiré sans faire de dégât sur des forces de la coalition[38],[39].
Suites
Le , l'armée syrienne et les milices chiites atteignent la frontière irakienne, à 70 kilomètres au nord-est d'al-Tanaf[40]. Elles remontent par la suite la frontière vers le nord et pénètrent dans le gouvernorat de Deir ez-Zor le [41],[42],[43].
Le , les États-Unis annoncent qu'ils cessent de soutenir le groupe rebelle Liwa Shuhada al-Qaryatayn, qu'ils avaient entraîné et armé, pour avoir mené des patrouilles en dehors de la « zone de déconfliction » et pour avoir mené « de manière unilatérale, sans autorisation ou coordination de l'armée américaine ou de la coalition [...] des activités qui n'étaient pas dirigées contre l'EI », mais contre le régime[53].
Au début d'août, les combats se poursuivent ponctuellement : dans le gouvernorat de Soueïda, au sud-ouest d'al-Tanaf, l'armée syrienne et le Hezbollah avancent d'une trentaine de kilomètres le long de la frontière jordanienne[54].
Le , un avion MiG-21 du régime syrien s'écrase à Wadi Mahmoud, dans l'est du gouvernorat de Soueïda et son pilote est capturé par les rebelles de Jaych Ossoud al-Charkiya et de la Force du Martyr Ahmed al-Abdo, qui affirment avoir abattu l'appareil[55],[56],[57]. Le pilote et trente autres prisonniers loyalistes sont relâchés deux semaines plus tard par les deux groupes rebelles en échange de la libération de plusieurs dizaines de personnes détenues par le régime[58].
Constatant que la situation est bloquée, la coalition commence à abandonner la région d'al-Tanaf[59]. Les Américains proposent alors aux rebelles d'intégrer les Forces démocratiques syriennes et d'être redéployés au nord de la Syrie, ce qu'ils refusent[59]. Fin août, les États-Unis et Jordanie engagent les rebelles à abandonner la région et à se retirer en territoire jordanien, ce qu'ils refusent encore[59],[60]. De son côté, le Royaume-Uni retire d'al-Tanaf sa vingtaine de soldats au cours de l'été [61].
Le , les troupes du régime s'emparent sans combattre de plusieurs positions près d'al-Tanaf[62],[63].