Tout comme son Clair de lune, la découverte du poète Paul Verlaine a inspiré beaucoup Gabriel Fauré[1].
La partition originale de 1887 est écrite pour un petit orchestre comprenant deux flûtes, deux hautbois, deux clarinettes, deux bassons, deux cors et les cordes[1]. Selon une lettre de Fauré, la Pavane aurait été jouée dans une série de concerts donnés par Jules Danbé, mais il n'est pas certain que l'exécution ait été tenue[1].
La Pavane est dédiée à la comtesse Elisabeth Greffulhe[1]. Elle constitue un véritable « portrait musical » de la comtesse, célèbre pour sa beauté, son élégance et sa démarche aérienne, que Fauré appelait « Madame ma Fée »[2].
Cependant, Fauré a demandé, à la suite du conseil de cette comtesse, un texte pour chœur mixte (sopranos, altos, ténors et basses), adapté à cette composition, à Robert de Montesquiou-Fezensac, cousin de celle-ci et lui-aussi admirateur de Verlaine[1]. L'objectif était de réaliser l'esprit de Verlaine, présenté dans les Fêtes galantes[1].
Cette version avec les voix a été créée le , lors d'un concert dans le cadre de la Société nationale[1].
C'est Lindor ! c'est Tircis ! et c'est tous nos vainqueurs !
C'est Myrtil, c'est Lydé ! Les reines de nos cœurs !
Comme ils sont provocants, comme ils sont fiers toujours !
Comme on ose régner sur nos sorts et nos jours !
Faites attention ! Observez la mesure !
Ô la mortelle injure ! La cadence est moins lente !
Et la chute plus sûre ! Nous rabattrons bien leurs caquets !
Nous serons bientôt leurs laquais ! Qu'ils sont laids !
Chers minois ! Qu'ils sont fols ! Airs coquets !
Et c'est toujours de même ! Et c'est ainsi toujours !
On s'adore ! On se hait ! On maudit ses amours !
Adieu, Myrtil ! Églé ! Chloé ! Démons moqueurs !
Adieu donc et bons jours aux tyrans de nos cœurs !
Dans un registre qui n'est plus celui de la reprise littérale mais celui de l'influence musicale, le compositeur français Saint-Preux s'est beaucoup inspiré de la Pavane pour créer son célèbre Concerto pour une voix en 1969. Plus récemment, le guitariste Joe Satriani s'en est inspiré pour son morceau instrumental Crowd Chant, qui figure sur l'album Super Colossal de 2006.