Cet article doit être actualisé (dernière mise à jour : février 2022) ().
Des passages de cet article ne sont plus d’actualité ou annoncent des événements désormais passés. Améliorez-le ou discutez-en. Vous pouvez également préciser les sections à actualiser en utilisant {{section à actualiser}}.
Malheureusement, cette persécution ne s'est nullement arrêtée en 2017, des articles de presse en témoignent
La persécution des homosexuels en Tchétchénie est un ensemble d'exactions commises depuis 2017 en Tchétchénie (république de la fédération de Russie), à l'encontre des personnes LGBT.
Novaïa Gazeta, journal de l'opposition libérale, affirme, dans une enquête publiée le , qu'une centaine d'hommes auraient été enlevés, détenus et torturés. L'accusation a été reprise tout d'abord par Amnesty International, puis par plusieurs médias américains, britanniques et français. Elle est rejetée en bloc par les autorités tchétchènes et russes. Néanmoins, le président russeVladimir Poutine a ordonné une enquête[1].
Déroulement
Elena Milachina, journaliste à Novaïa Gazeta, média russe d'opposition, publie le un article dans lequel elle affirme qu'un plan de répression est mené en Tchétchénie contre les homosexuels (réels ou présumés[2]). Une centaine d'individus, âgés de 16 à 50 ans, auraient été enlevés et seraient détenus dans des « prisons secrètes »[3], torturés, parfois électrocutés, pour leur soutirer le nom d'autres homosexuels[4],[5]. Trois auraient ainsi été tués[6], les familles auraient été incitées à assassiner leurs proches pour « laver leur honneur »[3]. La responsable de l'association russe LGBT Network déclare que « l'homosexualité en Tchétchénie est considérée comme un déshonneur, une tache pour toute la famille. Et [elle croit] que la seule façon de nettoyer cette tache est de tuer cette personne ». Ainsi, la mort d'un jeune de 17 ans, poussé par son oncle du neuvième étage d'un immeuble, est déclarée. Le journal mentionne également au moins trois morts[7].
Le , lors d'une manifestation pacifique à Saint-Pétersbourg pour des droits aux citoyens LGBT et pour la libération des prisonniers, 17 militants sont arrêtés[8] pour « trouble à l'ordre public »[9]. Le , trois associations françaises[10] LGBT portent plainte à la Cour pénale internationale contre le président tchétchène Ramzan Kadyrov, pour « génocide » et « persécutions », précisant que « ces actes ne sont pas le fait de groupes isolés, mais sont l'œuvre des autorités tchétchènes, sous la direction du président, Ramzan Kadyrov »[11]. Alexandre Marcel, président du comité IDAHO France et porte-parole de Stop Homophobie, affirme que la plainte est « le seul moyen de poursuivre [ces] comportements nazis »[12].
L'Organisation non gouvernementale russe LGBT Network ouvre une ligne d'appel d'urgence et permet, en mai, d'évacuer une quarantaine d’homosexuels à l'étranger[7].
Le , cinq militants LGBTI sont arrêtés alors qu'ils tentaient de remettre une pétition (de deux millions de signatures[13]) au bureau du procureur général russe[14]. Ils sont libérés le lendemain mais convoqués pour un procès du [13].
Maxime Lapounov est la première victime à témoigner contre les violences policières envers les personnes homosexuelles et à porter plainte contre les autorités tchétchènes à visage découvert[17],[18],[19],[20].
En , la presse internationale mentionne le cas de la disparition du chanteur Zelim Bakaev, qui est arrêté puis assassiné par des siloviki anti-gays[21].
Deux années après, en , Human Rights Watch dénonce une « nouvelle vague de répression anti-gay » en Tchétchénie. Selon l'ONG, la police tchétchène a procédé à une « nouvelle série d’arrestations illégales, de passages à tabac et d’actes humiliants à l’encontre d’hommes présumés homosexuels ou bisexuels »[22].
Réactions
En Russie
Le porte-parole du gouvernement tchétchène, Alvi Karimov, assure en que ces condamnations sont des « mensonges absolus ». Il poursuit : « Vous ne pouvez pas arrêter et persécuter des gens qui n’existent pas dans la République. [...] S’il y avait de telles personnes en Tchétchénie, les forces de l’ordre n’auraient rien à faire car leurs proches les enverraient vers un endroit dont on ne revient pas. » Il affirme ainsi que les LGBT ne sont pas présents et n'existent pas dans son État[6].
Le , le Président russe Vladimir Poutine annonce avoir ordonné une enquête afin de vérifier la véracité des allégations[1].
Le , Dmitri Peskov, porte-parole de la présidence russe, annonce qu'« il n'y a jusqu'à présent aucune confirmation concrète » de telles persécutions[8]. Une enquête a été ouverte par le parquet général, mais les enquêteurs disent n'avoir reçu aucune plainte officielle de victime[23].
Le , un nouvel article d'Elena Milachina, toujours dans la Novaïa Gazeta, fait état de l'engagement de l'enquête. Il y est indiqué que les forces de l'ordre seraient contraintes à témoigner par les enquêteurs, qu'elles donneraient la liste des personnes illégalement détenues, mais que les parents des victimes seraient contraintes à signer des déclarations selon lesquelles elles seraient parties pour des raisons professionnelles[24].
La chancelière allemandeAngela Merkel demande, lors d'une conférence de presse à Sotchi le , au président russe Vladimir Poutine d'utiliser son « influence » pour que les homosexuels soient respectés en Tchétchénie[8].
Au Royaume-Uni, le député et ancien maire de LondresBoris Johnson affirme sur Twitter que c'est « un gouvernement scandaleux de la Tchétchénie qui soutient plutôt que d'arrêter les mauvais traitements ». La ministre d'État aux Affaires étrangèresJoyce Anelay ajoute que les persécutions « sont extrêmement [préoccupantes] »[27].
Le ministère de l'Europe et des Affaires étrangèresfrançais informe dans un communiqué de presse du qu'il est prêt à « examiner les demandes de visa à caractère humanitaire » pour les homosexuels tchétchènes persécutés[3], mais change de direction le lendemain, lors de l'annonce du nouveau gouvernement. D'autres pays réalisent la même offre : neuf Tchétchènes ont pu obtenir leur visa dans plusieurs États dont sept faisant partie de l'Union européenne et la Lituanie[28] mais les États-Unis déclare qu'« ils n'ont pas de volonté politique » et « qu'ils ne délivreront pas de visas », selon un porte-parole du réseau russe LGBT joint par BFM TV[28],[29],[30].
Le jury de la Queer Palm au festival de Cannes interpelle en l'opinion publique sur la persécution des homosexuels en Tchétchénie[31].
Sur Internet
Dès l'annonce des événements, plusieurs faits sont référencés sur l'Internet francophone et mondial : une pétition « pour une enquête sur les massacres et tortures d'homosexuels en Tchétchénie », de 450 000 signatures au , est postée sur Change.org[3] par le MAG Jeunes LGBT pour informer l'UNESCO, l'ONU, ainsi que les candidats à l'élection présidentielle française[16] et les hashtags #Kiss4LGBTQrights (« un baiser pour les droits des LGBT »)[3], #Chechya100[25] et #TchétchénieURGENCE (un temps numéro un des hashtags sur Twitter France[32]) sont créés pour soutenir la cause des victimes tchétchènes et faire circuler l'information[33]. L'association brésilienne LGBT [SSEXBBOX], auteur du hashtag #Kiss4LGBTQright[12] lance une campagne contre l'homophobie de la présidence russe et incite les couples homosexuels à se prendre en photo en train de s'embrasser puis de la poster sur le réseau social Instagram avec son hashtag[34].
(ru) Elena Milachina, « Crime d'honneur : Comment les ambitions d'un activiste LGBT notoire ont réveillé une ancienne et terrible coutume », Novaïa Gazeta, no 34, (lire en ligne)
↑La Rédaction, « Persécution d’homosexuels en Tchétchénie: une plainte pour "génocide" déposée », Paris Match, (lire en ligne, consulté le ).
↑(ru) Elena Milachina, « В Чечне паника и саботаж » [« Panique et sabotage en Tchétchénie »], Новая газета - Novayagazeta.ru, , p. 22 mai 2017 (lire en ligne, consulté le )