Roger Portalis et Henri Béraldi, faute d'avoir pu reconstituer la vie de Philippe Trière, se limitent à rappeler qu'il fut « un graveur de vignettes honorable »[1]. Ses contributions bibliophiliques, allant de 1780 à 1806, énoncent une présence durable dans l'entourage de Jean-Michel Moreau. Un rare portrait que nous lui connaissons, à côté de ses gravures d'interprétation de scènes de genre, mythologiques ou bibliques, est celui de Gabriel-François Coyer qui concorde avec les illustrations qu'il apporte au Voyage pittoresque de Jean-Claude Richard de Saint-Non pour le ranger dans l'esprit des Lumières.
Si l'on situe l'art rococo comme traversant le XVIIIe siècle depuis 1715 jusqu'à son déclin avec la Révolution française, les nombreuses scènes galantes gravées par Philippe Trière pour les œuvres de Voltaire, Rousseau, Scarron, La Fontaine ou Choderlos de Laclos font de lui un de ses représentants tardifs.
Œuvre
Artistes interprétés
La bergère des Alpes, d'après François BoucherLe triomphe de Galatée, d'après Carlo Maratta
Jean-Démosthène Dugourc, Le lever de la mariée - La jeune mariée est assise sur les genoux de son père tandis que celui-ci parle à son nouveau gendre. Deux femmes de chambre préparent ses articles de toilette tandis qu'une autre ferme le rideau sur le lit conjugal[4].
Jean-Jacques Rousseau, Collection complète des œuvres de J.-J. Rousseau, gravures dont L'idylle des cerises par Philippe Trière d'après Jean-Jacques Le Barbier, Genève, 1782[9].
Prosper Jolyot de Crébillon, Œuvres complètes, 3 volumes, gravures dont Le triumvirat, Médée et Sémiramis par Philippe Trière d'après Clément-Pierre Marillier, Libraires associés, 1785.
Voltaire, Œuvres complètes, 70 volumes, gravures de Philippe Trière d'après Jean-Michel Moreau, Édition de Kehl, 1786-1789.
Abbé de Fontenai, Galerie du Palais Royal gravée d'après les tableaux des différentes écoles qui la composent, avec un abrégé de la vie des peintres et une description historique de chaque tableau, gravures dont Jupiter et Danaé par Philippe Trière d'après Le Corrège, chez J. Couché et J. Bouillard, Paris, 1786.
Jean-François Regnard, Œuvres complètes de Regnard, avec des avertissements et des remarques sur chaque œuvre, gravures dont Les Menechmes par Philippe Trière d'après Jean-Michel Moreau, Veuve Duchesne, Paris, 1790.
Paul Scarron, Le Roman comique, 3 volumes, gravures dont Sophie tombe le masque devant Dom Carlos par Philippe Trière d'après Jean-Jacques Le Barbier, Didot le Jeune, Paris, 1794.
Charles-François Dupuis, Origine de tous les cultes ou religion universelle, gravures par Philippe Trière et Jean Louis Charles Pauquet d'après les dessins de Ducoudray, chez Henri Agasse, Paris, An III de la République (1794-1795).
Salomon Gessner, Œuvres, gravures de Philippe Trière d'après Jean-Michel Moreau, chez Antoine-Augustin Renouard, Paris, an VII (1799).
Jacques Delille, L'imagination, poème en VIII chants, gravures de Philippe Trière d'après Jean-Jacques Le Barbier, chez Giguet et Michaud, 1806[12].
Jean Racine, Œuvres complètes de Jean Racine avec les commentaires de Jean-François de La Harpe, augmentées de plusieurs morceaux inédits et peu communs, gravures notamment par Jean-César Macret, Louis-François Mariage et Philippe Trière d'après Jean-Michel Moreau, chez Verdière, libraire à Paris, 1810.
Université de Liège, Comme un Anglais, il fond comme un éclair, comme un éclair que la foudre accompagne, gravure d'après Jean-Michel Moreau pour La Pucelle d'Orléans de Voltaire[16].
British Museum, Londres, Hercule entre la Volupté et la Vertu d'après Gaspard de Crayer[3], Le triomphe de Galatée, d'après Carlo Maratta[17], Œuvres complètes de Crébillon, 1785.
Institut Warburg, Londres, Loth et ses filles, d'après Diego Vélasquez.
Metropolitan Museum of Art, New York, La provision tardive et La bergère des Alpes, d'après François Boucher ; Le triomphe de Galatée, d'après Carlo Maratta.
National Gallery of Art, Washington, La gageure des trois commères : la servante, d'après Jean-Honoré Fragonard[10] ; Lison dormant, d'après Sigmund Freudenberger[5] ; Joconde : le pardon, d'après Jean-Baptiste Mallet[6].