En l'an 1503, le jeune Raphaël de passage à Città di Castello, où il a hérité de l'atelier de son père Giovanni Santi, commence à avoir de nombreuses commandes de retables d'autres villes, en particulier de Pérouse qui à l'époque était un des centres les plus actifs artistiquement du centre de L'Italie.
Probablement en l'an 1503, les sœurs de l'église Sant'Antonio de Pérouse commissionnèrent un retable à Raphaël en lui faisant une demande explicite[1], celle de représenter L'Enfant Jésus habillé.
L'œuvre commencée en Ombrie, comme démontré par le style encore péruginesque du tympan, a été complétée à l'époque où l'artiste résidait à Florence, pendant ses divers retours à Pérouse aux alentours de l'an 1505.
La Vierge à l'Enfant est accompagnée, sur son trône architecturé à trois marches surmonté d'un baldaquin, du petit saint Jean, à ses pieds en contrapposto, les mains jointes, échangeant son regard avec Jésus assis (habillé) sur les genoux de sa mère. Deux saintes entourent ce groupe tenant chacune une palme, une à gauche qu'on reconnaîtra comme sainte Catherine d'Alexandrie avec la roue dentée de son supplice, la seconde à droite tenant un livre ; elles sont placées de chaque côté, sur fond de ciel et masquant en partie le paysage du fond de la composition, où l'on aperçoit collines proches, clocher, montagnes bleutées du lointain.
De chaque côté sur le plan du sol se dressent deux figures saintes (ils portent une auréole comme les autres personnages) portant un livre : celui de gauche regardant le spectateur, celui de droite lisant son livre ouvert.
Analyse
La Conversation sacrée du tableau central montre une souplesse faisant penser à la période florentine de l'artiste.
Le groupe central entourant Marie trônant et la conversation évidente entre les deux jeunes enfants, est souligné par le régime monumental avec les arguments architecturaux du trône et de son baldaquin, la présence du rideau amplifiant la sensation d'espace.
Derrière Marie, un pan de tissu, tendu verticalement et fortement décoré, renvoie à l'école vénitienne.
L'influence du Pérugin est encore fortement présente dans les poses des deux saintes avec la tête inclinée tenant chacune une palme (Catherine d'Alexandrie avec la roue de son supplice à gauche, Marguerite ou Cécile à droite, tenant un livre). Au même moment, Raphaël s'éloignait du style de son maître en amplifiant les volumes et en employant diversement les couleurs, avec plus d'intensité et une plus forte profondeur dans le sfumato.
Les saints du premier plan rappellent les œuvres de Fra Bartolomeo. Leurs regards sont particulièrement appuyés, vers le spectateur pour saint Pierre à gauche, sur son livre ouvert pour saint Jean à droite.
Prédelle
En 1663, la prédelle a été cédée à Christine de Suède. Par la suite, après être passée dans diverses collections, elle rejoignit celles du duc d'Orléans et fut dispersée lors de la vente.
Sant Antoine de Padoue, 24 × 16 cm, Dulwich, [Dulwich Picture Gallery
Les pièces sont en mauvais état de conservation et l'attribution à Raphaël ne fait pas l'unanimité.
Il existe un troisième saint franciscain du même style et dimensions (26 × 17 cm)
à la Gemäldegalerie de Dresde, attribué à l'œuvre uniquement par Adolfo Venturi.
Reconstitution virtuelle de la prédelle du Retable Colonna.
Il existe aussi divers dessins préparatoires du tympan et des éléments de la prédelle (musée Wicar, Lille ; Ashmolean Museum, Oxford).
Bibliographie
Pierluigi De Vecchi, Raffaello, Rizzoli, Milan, 1975.