Thomas Boni Yayi est né le dans une famille musulmane à Tchaourou, dans le nord du pays[1], mais se convertit ensuite à l'évangélisme[2]. Il appartient à trois ethnies du Bénin : Nagot (de la famille des Yorubas) par son père, Peul et Bariba du côté de sa mère.
Il commence sa carrière en 1975 à la Banque commerciale du Bénin avant de la poursuivre en 1977 au siège de la Banque centrale des États de l'Afrique de l'Ouest pour laquelle il a occupé divers postes au Sénégal jusqu’à sa nomination en 1992 par le président Nicéphore Soglo comme membre de la cellule macroéconomique et conseiller technique du président de la République aux affaires monétaires et bancaires[5].
En 1994, il est nommé président de la Banque ouest-africaine de développement (BOAD), une institution financière régionale basée à Lomé, au Togo. Il occupera ce poste jusqu’en 2006. Au cours de ses deux mandats à la tête de la BOAD, Yayi a réussi à réorganiser la direction de la Banque et à attirer de nouveaux actionnaires à travers le monde (Inde, Chine…), ce qui a permis une augmentation des projets de développement dans les 8 États membres que sont le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d'Ivoire, la Guinée Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo.
Thomas Boni Yayi est candidat indépendant à l'élection présidentielle béninoise de 2006, soutenu par une coalition de mouvements et de petits partis politiques. Son slogan est « Ça peut changer ! Ça va changer ! Ça doit changer ! ». Alors président en exercice de la Banque ouest-africaine de développement (BOAD), Boni Yayi se présente en tant que dirigeant du parti Forces Cauris pour un Bénin émergent (FCBE)[9]. Inconnu du grand public, il fait partie des 26 candidats au poste de président de la République[9].
Le , il arrive en tête du premier tour avec 35,6 % des voix. Le 19 mars, lors du second tour, il remporte l'élection avec 74,5 % face à Adrien Houngbédji[1].
Présidence de la République
Le premier mandat de Boni Yayi à la tête de la présidence béninoise est marqué notamment par les microcrédits accordés aux femmes, la gratuité de la césarienne, la gratuité de la scolarité chez les filles, l'assurance maladie universelle (RAMU) et l'amélioration des infrastructures routières. Néanmoins les inégalités se creusent et les Béninois perçoivent un accroissement de la corruption[10].
En , Boni Yayi est réélu à la tête du Bénin avec 53,14 % des voix dès le premier tour[11] face à Adrien Houngbédji, candidat de la coalition de l'Union fait la Nation.
Il est élu président de l'Union africaine de à , puis choisi comme champion du programme agricole de l'Union africaine / NEPAD et élu président de l'Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA) en . Il a également été élu président du bureau de coordination des pays les moins avancés (PMA) de 2013 à 2015. Au cours de ces diverses fonctions, il s’est engagé dans la résolution de plusieurs foyers de tension et de crises électorale en Côte d’Ivoire (2010), au Mali (2012), en Sierra Leone (2012), au Ghana (2012), en République centrafricaine (2012), au Burkina Faso (2014) et au Burundi (2015).
Lors de la crise au Mali[12] en 2012, il a tiré la sonnette d’alarme en tant que président de l’Union Africaine, en se rendant dans toutes les capitales des pays membres du Conseil de Sécurité au G8 et au G20. Il a lancé un appel à l’OTAN pour qu’elle participe à la coalition internationale qui devait être formée pour aider le Mali à reconquérir le nord du pays. À Paris le Président François Hollande a été réceptif, ce qui a débouché sur l’opération Serval.
En 2013, il échappe à une tentative d'empoisonnement et de coup d'État[13]. Il accorde son pardon en 2014[14],[15].
Après la présidence
En 2016, Yayi est nommé au Conseil d'administration de l’Institut de l'UNESCO pour l'apprentissage tout au long de la vie[16]. Son expérience démocratique est sollicitée à plusieurs reprises par la CEDEAO et l’Union africaine depuis 2016. Il est chef de la mission d'observation électorale de l'Union africaine en Guinée équatoriale en et au Mali en , ainsi que Chef de la mission d'observation de la CEDEAO lors des élections présidentielles au Cap-Vert en et au Sénégal en .
Il est également à la tête de l'alliance Forces Cauris pour un Bénin émergent (FCBE), qu'il a créée[17]. Le , après avoir vu sa résidence assiégée par la police pendant deux mois, et devenu opposant de son successeur Patrice Talon, il quitte le pays, dans un contexte de dérive autoritaire et d'exil des autres opposants[18].
En juillet 2022, Thomas Boni Yayi est nommé médiateur de la CEDEAO avec la Guinée[19],[20].
En octobre 2023, Thomas Boni Yayi est nommé président de son parti Les Démocrates à l'issue du premier congrès ordinaire du parti[21].
Autres mandats
Membre du Conseil d'administration de l’Institut de l'UNESCO pour l'apprentissage tout au long de la vie depuis 2016.
Vie privée
Il est marié à Chantal de Souza et père de cinq enfants[7].
↑Bénin. Il crée en 2019 le parti Les Démocrates (LD) est un parti politique du Bénin[1 à la suite d'une mésentente et d'une scission des Forces Cauris pour un Bénin émergent (FCBE). Le parti Les Démocrates est officiellement reconnu en 2020 et puis, après plusieurs mois de négociation, prendre part aux élections législatives de janvier 2023. plusieurs mois après la fin de son dernier mandat, Boni Yayi n’a pas tout dit], Jeune Afrique, 1er septembre 2016
(en) Mathurin C. Houngnikpo et Samuel Decalo, Historical Dictionary of Benin, Rowman & Littlefield, 2013, p. 367-368 (ISBN9780810871717)
Orens Lebienheureux, Boni Yayi, le vrai visage de la conquête du pouvoir, Alpha Com, Cotonou, 2008, 206 p.
Édouard Loko, Boni Yayi : « l'intrus » qui connaissait la maison, Tunde, Cotonou, 2007, 149 p. (ISBN978-99919-4625-2)
Chrispel O. Ogoubi, Boni Yayi, l'impossible caution de l'ordinaire, Ed Menaibuc, 2007 (ISBN978-2353490288)
Alfred E. Opubor et Philippe Hado, Boni Yayi, société civile et dynamique du changement au Bénin, L'Harmattan, Paris, 2007, 344 p. (ISBN978-2-296-03273-6)
Prudent Victor Topanou, Boni Yayi ou Le grand malentendu : le quatrième président du renouveau démocratique béninois, L'Harmattan, 2012, 172 p. (ISBN9782296992801)
Tiburce Adagbè, Mémoire du Chaudron, Cotonou, 2018.