Cette voie a été bornée peu après l'achèvement de la conquête des Alpes maritimes contre des tribus ligures (en 14 av. J.-C.), entre le 1er juillet-13 et le 30 juin-12, par l'empereur Auguste ; juillet étant le mois de Jules César et août celui d'Auguste, le nom donné à cette voie reprend celui de ces deux personnages. Son tracé correspond, pour l'essentiel à un itinéraire existant mais son jalonnement par d'imposantes bornes, numérotées depuis Rome, en fait un des grands travaux de l'Empire naissant. Dans un état vétuste au début du IIe siècle, elle est restaurée par Hadrien puis par Caracalla au IIIe siècle.
En territoire français, des fragments du tracé de la voie ainsi que cinq bornes milliaires qui la jalonnent sont classés monuments historiques sur la commune de la Turbie, précisément aux lieux-dits de Languessa, de Saint-Pierre et Peiralonga[3].
" CCXVI // IMP CAESAR DIVI // TRAIANI PARTHICI F // DIVI NERVAE N TRAIA // NVS HADRIANVS AVG // PONT MAX TRIB POT IX // COS III VIAM IVLIAM // AVG A FLVMINE TREB // BIA QVAE VETVSTATE // INTERCIDERAT SVA // PECVNIA RESTITVIT // DCV "
(216. L'empereur César, fils du divin Trajan le parthique, petit-fils du divin Nerva, Hadrien Auguste, grand pontife, détenteur de la puissance tribunitienne pour la neuvième fois, fait consul pour la troisième fois, a restauré à ses frais, depuis le fleuve Trebbia, la Via Julia Augusta qui avait été rompue par l'effet de sa vétusté. 605)
Le musée archéologique d'Antibes conserve un milliaire découvert près d'Antibes. Il portait le nom du César Flavius Valerius Sévère qui a été martelé après son exécution par Maxence en avril 307 : IMPP CAESS // FL VAL COSTANTIO ET // GAL VAL MAXIMIA // NO PIIS FEL INV AUGG // ////////// ET // GAL VAL MAXIMINO // NOBILISS CAESS // I
Imp(eratoribus) Caes(aribus duobus) Fl(avio) Val(erio) Co(n)stantio et Gal(erio) Val(erio) Maximia no Piis Fel(icibus) Inv(ictus) Aug(ustis duobus) [et Flavio Valerio Severo] et Gal(erio) Val(erio) Maximino nobiliss(imis) Caes(aribus duobus) [millia passuum] I[4].
Le tronçon d'Albenga
Près d'Albenga (Ligurie, Italie), un parcours archéologique de six kilomètres présente un tronçon bien conservé de la Via Julia Augusta à l'entrée de l’antique Albingaunum.
Le Pilone, un ancien tombeau romain surmonté d’une tour, et un amphithéâtre du IIe siècle sont visibles sur le secteur de Punta San Martino.
La Via Julia Augusta est longée par les restes de nombreux tombeaux romains.
La Via Julia Augusta suivait un axe assez facilement repérable sur une carte routière. Les routes actuelles, comme c’est souvent le cas, se superposent au tracé antique ou passent à proximité.
C’est le cas de la Grande Corniche sur le littoral de la Côte d'Azur et surtout de la RN 7 jusqu’à Salon-de-Provence. Cependant, la voie prenait parfois des chemins parallèles encore bien matérialisés actuellement.
De nombreux vestiges (bornes milliaires particulièrement nombreuses le long de la voie) jalonnent son itinéraire et permettent de bien le délimiter.
Dans l'antique station de Lumone (Roquebrune-Cap-Martin), on a retrouvé les vestiges d’un mausolée romain. Un diverticule partait de Lumone et se dirigeait vers Port Hercule (Monaco).
La Via Julia Augusta montait vers La Turbie, siège d’une occupation ancienne. En 6 av. J.-C., le Sénat romain décida de construire sur la colline de La Turbie le Trophée des Alpes, pour commémorer la victoire de l’empereur Auguste sur les dernières peuplades rebelles des Alpes.
C’est à partir de cette action que furent décidés le renforcement et la rénovation de l’antique voie qui passait au pied de la colline, venant d'Albintimilium (Vintimille).
Le monument était à l’origine de dimensions impressionnantes : presque cinquante mètres de hauteur. Il était surmonté d’une statue d'Auguste. Laissé à l’abandon à la fin de l’Empire romain, il subit de grandes destructions, servit de forteresse au Moyen Âge avant d’être miné en 1705 pour servir de carrière.
La Via Julia Augusta se poursuivait jusqu'à Cemenelum par le vallon de Laghet et le Paillon. Il est possible qu'elle ait été doublée depuis La Turbie par un itinéraire maritime, qui serait l'actuelle grande corniche.
Notes et références
↑Une autre voie romaine portant le même nom a peut-être existé. Celle-ci partait d'Aquilée sur la côte adriatique, passait les Alpes au col du Monte Croce Carnico et parcourait les actuelles régions autrichiennes de Carinthie et du Tyrol. Cette route des Alpes orientales est couramment appelée via Iulia Augusta. En fait, cette appellation n'est pas attestée par des documents romains ; elle a été proposée par l'historien C. Gregorutti, « Iscrizione inedite aquileiesi, istriane e triestine », Archeografo Triestino, n. s., X, 1884, p. 379, et reprise par la plupart des auteurs.