Il entre au Conservatoire de Paris à l'âge de douze ans et étudie le piano avec Zimmermann et la composition avec Halévy.
Il est prix de Rome en 1844[1]. Chef des chœurs à l'Opéra de Paris en 1860[1], il participe avec Eugène Vauthrot et Louis Croharé aux 164 répétitions de Tannhäuser pour les représentations à l'Opéra de Paris de 1861. Richard Wagner leur a rendu hommage : « ils lui avaient, avec un réel dévouement, facilité la besogne »[2]. Il est professeur de composition au Conservatoire de Paris de 1866 à 1880[1]. Bien qu'une rue porte toujours son nom dans le 9e arrondissement de Paris, il est aujourd'hui tombé dans un oubli presque complet. Sa musique, facile comme celle de tous les compositeurs français d'opéras-comiques du XIXe siècle, est cependant bien composée, spirituelle, mélodieuse, et requiert des interprètes de haut niveau. Elle atteint aisément son but, plaire à un large public en procurant de l'agrément.
Si la musique de Victor Massé n'est guère tenue en estime aujourd'hui, il faut croire que ce sentiment était déjà partagé par certains de ses contemporains. En témoigne cet extrait de Du côté de chez Swann de Proust ; le personnage de Swann (grand bourgeois très cultivé) s'irrite de ce que sa maîtresse Odette de Crécy (demi-mondaine absolument dénuée de goût en matière artistique) souhaite aller voir un opéra de Victor Massé intitulé Une nuit de Cléopâtre, opéra qu'il juge consternant :
« Ce n'est pas de la colère, pourtant, se disait-il à lui-même, que j'éprouve en voyant l'envie qu'elle a d'aller picorer dans cette musique stercoraire. C'est du chagrin, non pas certes pour moi, mais pour elle ; du chagrin de voir qu'après avoir vécu plus de six mois en contact quotidien avec moi, elle n'a pas su devenir assez une autre pour éliminer spontanément Victor Massé ! »
Ceci n'empêche pas le même Marcel Proust de s'enthousiasmer au plus haut point pour "Le Sire de Vergy" de Claude Terrasse, partition pourtant moins inspirée que Les Noces de Jeannette. À propos du Sire de Vergy, Proust déclare en effet avoir applaudi si fort lors d'une représentation qu'il en a donné, sans le faire exprès, une gifle à son voisin.
Quant à Richard Wagner, il ne cache pas son admiration pour la musique des Noces de Jeannette, tout en déclarant n'en éprouver guère pour celle de Cosi fan tutte de Mozart.
On peut trouver sur internet une lettre adressée par Jules Verne à Massé dans laquelle il lui demande de bien vouloir lui envoyer deux places pour La Fiancée du Diable, opéra-comique de 1854.
Saint-Saëns consacre des développements sur Victor Massé dans son livre Portraits et Souvenirs dans lequel il explique que les premiers accords de l'ouverture des Noces de Jeannette correspondent aux notes égrenées par le clocher de l'église de Sceaux, ville traversée par Victor Massé pour se rendre chez son librettiste Jules Barbier, lequel passait l'été à Aulnay près de la Vallée aux loups à Châtenay-Malabry.
La phrase « Ah ! Qu'il est doux de ne rien faire quand tout s'agite autour de nous ! », devenue le slogan d'une émission radiophonique, est tirée de son opéra-comique Galathée (1852).
Le commentaire le plus positif vient paradoxalement d'Hector Berlioz, lequel écrit, à propos de Victor Massé : « C’est de la musique de Paris, comme on en trouve chez les bons faiseurs de Paris ; elle a le caractère des jolies choses de Paris. C’est purement écrit, assez frais, instrumenté avec goût ; il y a là un peu de sensibilité, un peu de grâce, un peu d’esprit, un peu de tout ».