Né d'un père qui avait quitté Bruxelles pour s'installer à Lierre, Verhoeven reçoit son éducation d'abord des dominicains de cette dernière ville. Il complète ses humanités au collège des Jésuites de Malines, ville où il se marie, où il s'établit comme marchand de draps et où il devient un homme de considération.
Ayant été marchanddrapier à Malines, où il a collaboré à l'hebdomadaireWekelyks Bericht[1], c'est pourtant à Lierre qu'il sera impliqué, à un jeune âge, dans les activités d'une chambre de rhétorique, celle des « Ongeleerden ». Il est possible qu'il ait travaillé pour la scène à ce moment-là. Quoi qu'il en soit, déjà le , les Ongeleerden représentent une première pièce d'un Verhoeven qui n'avait alors que 17 ans : il s'agit de la tragédieDe onberoerlyke liefde van den persiaenschen prince Polidorus en de heldhaftige roomsche princesse Julia (L'Amour constant du princeperse Polydore et de la vaillante princesse romaine Julie)[2]. En outre, Willems rapporte que la chambreDe Ongeleerden avait joué sa comédierimée avec chant Den ooghst (La Récolte) en 1772[3].
Dans un manuscrit de 1792, Verhoeven se fait appeler « juré de la halle, ou sous-doyen des merciers » (« geswoorne van de Halle, ofte onder-deken van de Meerseniers-Neeringe »), membre « du conseil élargi de la ville et de la seigneurie de Malines » (« van den Breeden Raed der Stad en Provincie van Mechelen »). Dès 1771, il occupe aussi le poste de commissaire des pauvres (armmeester), qu'il cumule l'année suivante avec celui de secrétaire de l'Académie de dessin et d'architecture de Malines[4].
C'est en cette qualité qu'il écrit son premier poème, Proeve van dicht-kunde op de Oudtheydt, eer, achtbaerheydt, en voort-gangh der vrye konsten (Essai poétique sur l'Antiquité, l'honneur, la respectabilité et le progrès des arts libéraux, Louvain, 1774), composé à l'occasion de la célébration de l'adjudication à l'Académie d'un octroi : l'autorisation de porter le titre « royal ». En six chants, il fait l'éloge des arts et plus particulièrement de la peinture. En employant des alexandrins pompeux et des images mythologiques, il exprime son admiration pour les peintres des anciens Pays-Bas, en particulier pour celui qu'il décrit comme une prodigieuse lumière solaire : le grand Rubens.
Malgré le soutien offert par l'Académie et les récompenses obtenues d'elle à maintes reprises, Verhoeven n'a jamais pu adhérer à l'illustre société, sans doute pour cause d'intrigues [7], mais aussi en raison de ses opinions critiques au sujet de l'influence française et de la docilité de l'Académie envers le gouvernement impérial.
Verhoeven aurait également participé à des concours à l'étranger, comme en témoignent des fragments de réponses qu'il a formulées à des questions de concours organisés par les académies de Berlin[Laquelle ?] et de Besançon[8].
Verhoeven veut souligner l'importance de la langue maternelle pour l'identité d'un peuple. « Donc, ce discours me semble plus utile dans la langue flamande[10], puisque celle-ci enseigne en premier lieu notre caractère national »[11], écrit-il, sous la deviseBelgice Pro Patria (« En néerlandais, pour la patrie »), dans l'introduction de son essai couronné sur l'introduction du droit romain dans les anciens Pays-Bas. Et en annexe de ce document, il donne la « preuve » détaillée de son argument : toutes les nations civilisées écrivent dans leur langue maternelle. Ainsi l'ont fait les Grecs et les Romains, comme l'ont fait le Tasse, Cervantes, Camões, Gessner, Milton ou les auteurs français, chacun d'eux pour son pays, et Vondel et Wagenaar pour les Pays-Bas.
S'il veut rester fidèle et honnête sujet de l'Église catholique, en tant qu'historien « éclairé », ne voulant pas passer par ce genre d'auto-culpabilisation par le biais de laquelle on compare les ancêtres des « Belges » aux peuplades les plus primitives, il ne peut que se prononcer avec écœurement sur certains événements historiques, tels que l'Inquisitionespagnole et portugaise, qu'il met à pied d'égalité avec les sacrifices barbares des druides, la mauvaise conduite de nombreux croisés, et l'abus des reliques et des indulgences trouvant leur origine dans les croisades, qu'il désigne d'ailleurs comme sanglantes. Il affirme également que le fanatisme est inhérent à de nombreux ministres de toutes les religions[12].
Son exposé Oordeelkundige verhandelingen op de noodzakelijkheijd van het behouden der nederduijtsche[13]taele, en de noodige hervormingen in de schoolen, offert en 1780 au comte de Neny, président du Conseil privé, est un plaidoyer pour la sauvegarde de la langue néerlandaise menacée, entre autres, dans l'enseignement, ainsi que pour les réformes nécessaires à ce dernier, qui doit forcément employer la langue maternelle au détriment du français. Ce dernier n'aurait qu'une influence pernicieuse sur les bonnes mœursnéerlandaises et conduirait à un mode de vie artificiel, à de folles splendeurs, qui ne laissent que le triste souvenir d'un panache français mensonger. Il se plaint de l'enseignement, surtout de celui dispensé aux filles :
(nl) Oordeelkundige verhandelingen op de noodzakelijkheijd van het behouden der nederduijtsche taele, en de noodige hervormingen in de schoolen, exposé offert en 1780 au comte de Neny, président du Conseil privé.
(nl) Aen te wyzen de soorten van visschen die het gemeyn voorwerp zyn van de vangst, zoo op de kusten, als in de rivieren in Vlaenderen, Bruxelles, 1781 ; étude biologique couronnée par l'Académie de Bruxelles.
↑Selon Verhoeven, ces intrigues ont été menées par Des Roches. En tout état de cause, c'est le président de l'Académie, le chancelier de Crumpipen, qui est intervenu de sa propre personne pour empêcher son élection. Voir : Hermina Jantina VIEU-KUIK et Jos SMEYERS, Geschiedenis van de letterkunde der Nederlanden, vol. 6, Anvers/Amsterdam, Standaard Uitgeverij, 1975, p. 518.
↑Sur les prétendues différences entre le « flamand » et le « hollandais » : « Nous considérons ces deux idiomes, et tous ceux qui les connaissent les considèrent avec nous, comme formant une seule et même langue ; avec cette simple différence qu'une portion du peuple qui la parle, l'a travaillée plus que ne l'a fait l'autre portion, peut-être par suite de circonstances politiques. Cela est si vrai, que l'idiome des anciens auteurs hollandais est encore celui des flamands d'aujourd'hui. », cité de Joseph Octave DELEPIERRE, De l'origine du flamand avec une esquisse de la littérature flamande et hollandaise (d'après Joseph BOSWORTH, avec des additions et des annotations), Tournai, Hennebert frères, 1840, note 1 de la page I.
↑« Déeze Redevoering dan, dunkt my nutter in de Vlaemsche tael, mids déeze voor al onzen Land-aerd onderwyst, », cité de Hermina Jantina VIEU-KUIK et Jos SMEYERS, Geschiedenis van de letterkunde der Nederlanden, vol. 6, Anvers/Amsterdam, Standaard Uitgeverij, 1975, p. 517.
↑« Als die onmenschelyke offerhanden van de Druiden alleen genoegzaem zijn, om onze voor-vaderen met de wildste volkeren gelyk te stellen, mag men het zelve dan niet zeggen van de Spaegnjaerden en van de Portugiesen, welkers menigmael gevloekte Vuerschaer van geloofs onderzoek, gemeynelyk genoemd Inquisitie, niet zeer verschillig is van de barbaersche menschen slachting onzer vaderen? De geest-dryvery is eigen aan veele bediende van allen Godsdienst... » cité de Hermina Jantina VIEU-KUIK et Jos SMEYERS, Geschiedenis van de letterkunde der Nederlanden, vol. 6, Anvers/Amsterdam, Standaard Uitgeverij, 1975, p. 517.
↑Vlaams (flamand), Hollands (hollandais), Nederduits (bas allemand) ou Nederlands (néerlandais) étaient des mots interchangeables à l'époque.
↑« Men leert'er gemeijnelijk muziek, zingen, clavecimbel spéelen, Dansen, bordueren, teekenen, schilderen; voorders word den besten tijd in paleersel en vodderijen versléeten. men leert'er geen vlaemsch meer, zelfs word verboden van nederduijtsch te spréeken... », cité de Hermina Jantina VIEU-KUIK et Jos SMEYERS, Geschiedenis van de letterkunde der Nederlanden, vol. 6, Anvers/Amsterdam, Standaard Uitgeverij, 1975, p. 501.