Le tympan du portail principal représentant la vie de Marie-Madeleine. Il y avait au-dessus un « Jugement dernier » qui a disparu. Deux rangs de voussures ornés de statues de saints et d'anges, en 2005.
Histoire
L'église fut construite au XIVe siècle[4]. C'est une fondation seigneuriale initiée par Alix de Brabant en 1333, mariée à Jean III d'Harcourt. C'est alors la collégiale du château. Elle est consacrée par l'archevêque de Bourges Foucaud de Rochechouart, le . Alix de Brabant était la cousine de Philippe IV le Bel. Elle avait héritée la seigneurie de Mézières de sa mère Jeanne de Vierzon, unique héritière de ses parents, Hervé de Vierzon et de Jeanne de Brenne. Elle avait choisi la collégiale pour abriter sa sépulture. Elle est décédée, le .
Louis d'Anjou, bâtard du Maine, fils légitimé, le à Poitiers et 1468 à Amboise, par son père Charles d'Anjou, prince de Naples, comte puis duc du Maine, comte de Gien, de Guise, de Mortain, vicomte de Châtellerault et de Matigné, seigneur de La Ferté-Bernard. Charles d'Anjou transmet la seigneurie de Mézières-en-Brenne à son fils en 1465.
En 1489, Louis d'Anjou-Mézières décide d'établir sa sépulture dans une chapelle de la collégiale, comme il l'écrit dans son testament rédigé, le : « Item je ordonne ma sepulture en l'eglise de la Magdaleine de Mazieres pour ce que ma chapelle, que j'ay ordonnée estre faicte près la dicte eglise n'est pas encore faicte ... ». La construction est déjà commencée à cette date. Elle est située au nord de la nef ouvrant sur les deux dernières travées de la nef.
La seconde chapelle, ou « chapelle d'Anjou », est fondée côté sud par Nicolas d'Anjou-Mézières, petit-fils de Louis d'Anjou, premier marquis de Mézières, en 1543. Elle est consacrée, le . Elle comprend deux travées. Elle est plus vaste que la chapelle nord.
La chapelle nord, vue de la chapelle d'Anjou, en 2005.
Par la suite, l'histoire de l'église est celle de sa dégradation. Le devis produit pour sa restauration, en 1840, montre que son état est alarmant. L'architecte du département, A. Bisson, fait un nouveau devis en 1841. En 1843, seules des interventions pour la pose de châssis grillagés pour protéger les vitraux de la chapelle d'Anjou sont prévues. En 1850, Prosper Mérimée se montre sévère sur la protection de l'église : « L'église de Mézières n'offre à mon avis que fort peu d'intérêt. Elle appartient à une époque de décadence très avancée, et sauf une chapelle assez remarquable par l'adresse avec laquelle on a exécuté une ornementation très tourmentée et très profondément refouillée, je n'y vois rien qui la distingue d'une multitude d'églises du XVe et XVIe siècles dont personne ne se préoccupe ».
Jusqu'en 1879, l'administration des Monuments historiques n'accorde aucun subside pour la restauration de l'église. En 1877, l'architecte Darcy doit faire étayer le porche. En 1880 les premiers travaux de maçonnerie et de couverture sont entrepris. Des travaux de réparations de charpente et de couverture sont engagés en 1909. En 1921 et 1924, des reprises des maçonneries sont exécutées. En 1928, les vitraux sont pris en compte par l'inspecteur général Paul Boeswillwald. Jean-Jacques Grüber, maître verrier, est chargé de la remise en plomb des vitraux et du remplacement des parties manquantes en 1937.
L'église du XIVe siècle avait un plan simple, une nef unique sans bas-côté, terminée par une abside à trois pans, couverte d'un lambris en berceau brisé tenu par des poutres peintes armoriées ou décorées de sujets pittoresques. Deux chapelles ont été ajoutées au XVe et XVIe siècles. Elle est remarquable par son porche richement ornementé, ses vitraux, ses stalles et la chapelle Notre-Dame, au sud, dite « chapelle d'Anjou ». Cette chapelle est séparée de la nef par une clôture en pierre à balustres d'un style italianisant. La chapelle est couverte d'une voûte avec des clés pendantes.
Mobilier
Stalle
L'église renfermer plusieurs œuvres classées ou inscrites comme objets par les monuments historiques :
L'intérêt de l'église vient de la qualité du décor vitré. On distingue deux séries de vitraux, les trois verrières de l'abside réalisées pour la collégiale, entre 1333 et 1339, et les trois autres de la chapelle d'Anjou datant du XVIe siècle. Une septième verrière se trouve sur le mur nord de la nef. Ces vitraux présentent les donateurs avec leurs familles et leurs saints patrons.
Le vitrail de l'abside : apparition du Christ à Marie-Madeleine, Crucifixion (baie no 0), datant de 1339, en 2005.
Robert Laffont, Dictionnaire des églises de France : Belgique, Luxembourg, Suisse, t. III-D, Paris, , p. 104-105.
Corpus Vitrearum-France, Louis Grodecki (Directeur de publication) et Françoise Perrot (Directrice de publication), Les Vitraux du Centre et des pays de la Loire, t. 2, Paris, Éditions du CNRS, coll. « Corpus vitrearum France, recensement des vitraux anciens de la France », , 335 p., 32 cm (ISBN2-222-02780-2, BNF34730903), p. 204-206.
C. Humeau, « Mézières-en-Brenne (Indre) ; la Chapelle d'Anjou », Mémoires de l'Académie des sciences, belles-lettres et arts d'Angers, 8e série, vol. 8, , p. 86-90.
Maurice de Laugardière, « Les vitraux de Mézières-en-Brenne (Indre) », Bulletin archéologique du comité des travaux historiques et scientifiques, 1934-1935, p. 647-658 (lire en ligne).
Françoise Perrot, « L'église Sainte-Marie-Madeleine de Mézière-en-Brenne », dans Congrès archéologique de France 142e session 1984 Bas-Berry, Paris, Société française d'archéologie, , 386 p. (lire en ligne), p. 192-200.