Accents français régionaux du CanadaLes accents français régionaux du Canada sont les différentes variétés de prononciation de la langue française parlées dans les régions francophones du Canada. Ces accents se sont développés au fil des siècles depuis la colonisation française de l'Amérique du Nord au XVIIe siècle, sous l'influence de divers facteurs historiques, géographiques et socioculturels. Ces accents présentent des variations phonétiques, prosodiques et lexicales qui les distinguent non seulement du français standard européen, mais aussi les uns des autres. Ils constituent un élément important de l'identité culturelle des communautés francophones du Canada et font l'objet d'études linguistiques approfondies. Le Canada francophone compte une trentaine d'accents régionaux[1],[2]. Le nombre exact est toujours débattu. Ces accents principaux peuvent aussi avoir des sous-accents. Alberta et SaskatchewanPrairienLe français n'a jamais été une langue d'importance en Alberta ou en Saskatchewan, car il n'y a jamais eu d'épisode de colonisation francophone ici. Malgré cela, il existe une population d'environ 40 000 Fransaskois et Franco-Albertains qui portent un accent prairien. Ces gens descendent principalement d'immigrants européens et canadiens français qui ont colonisé l'ouest durant les années 1800 et 1900[3]. C'est avec le temps, l'isolation, et le mélange de caractéristiques européens et américains que le français prairien émergea. Le français prairien possède quatre sous-accents. Ces sous-accents sont ceux de Rivière-la-Paix (porté à Rivière-la-Paix, Saint-Isidore, Donnelly, Falher, Girouxville, etc.), Edmonton (porté à Edmonton, Beaumont, Legal, Morinville, etc.), Alberta-Est-Saskatchewan-Nord (ex. Bonnyville, Saint-Paul), et du Sud Saskatchewanais (ex. Gravelbourg, Ponteix). Le français prairien est fortement affecté par les hauts taux d'assimilation et d'immigration dans ses provinces[4],[5].
ManitobaFranco-Manitobain/ ManitobainLe français au Manitoba peut retracer ses origines à 1738. À cette date, l'explorateur La Vérendrye arriva du Canada avec son groupe de traiteurs et voyageurs à Saint-Boniface. Certains de ces Canadiens français s'y sont installés de façon permanente et se sont métissés avec la population autochtone locale, créant des descendants métis francophones. Ces descendants développèrent une identité partagée forte et ont formé la Colonie de la rivière Rouge (le précurseur de l'État manitobain). Au début des années 1800, une pluralité des habitants avaient le français comme langue maternelle. Le français avait tant d'influence qu'une langue mixte, le métchif, émergea. Mais, vers la fin des 1800, le Manitoba vécut une forte immigration anglophone. À cause de la perte du poids démographique des francophones et des mouvements anti francophones par les Anglais, le français fut dérobé de son statut officiel. Par la suite, plusieurs francophones se sont assimilés à l'anglais[6]. Au 21e siècle, malgré tout, le français manitobain vit encore et il est parlé par environ 40 000 personnes. Il existe quatre sous-accents : ceux de Saint-Boniface, La Rouge, La Seine, et La Montagne. Celui de Saint-Boniface porte certaines influences du français standard européen. Celui de La Rouge a plus d'influences métis. Certains Franco-Manitobains peuvent souffrir d'insécurité linguistique après leurs interactions avec des Québécois car leur accent n'est pas bien connu au Québec. Exemplaires : Saint-Boniface OntarioLa majorité de la présence Franco-Ontarienne se retrouve à l’Est et au Nord-est de la province. Puisqu’ils partagent un ancêtre commun, les accents de ces régions ressemblent à celui du Nord-ouest québécois. Estontarien/ Est OntarienAu 19e siècle, certains Québécois sont déménagés dans l'Est Ontarien - pas loin de la frontière - y installant le français. Ils ne se sentaient pas séparés du Québec et eux et leurs descendants continuaient de vivre comme s'ils étaient au Québec. Ils ne sont venus qu'à constater qu'ils étaient une minorité vulnérable en 1912, lorsque le gouvernement ontarien passa le Règlement 17, une loi mise en vigueur pour assimiler la population grandissante de francophones (qui, en 1912, constituait 10 % des Ontariens). Les francophones de l'Est ontarien ne sont aussi venus qu'à se séparer psychologiquement des Québécois lors des années 1960 à cause de la naissance du nationalisme québécois et du mouvement souverainiste ; ces idéologies les excluent. Contrairement à ce qu'on voit souvent au Nouveau-Brunswick, les francophones d'ici n'ont pas une identité régionale forte[7]. Cet accent est porté dans tous l’Est ontarien, mais on peut principalement l'entendre dans les comtés unis de Prescott et Russell et dans le côté est d’Ottawa. On le trouve à Orléans, Vanier, Rockland, La Nation, Alfred, L'Orignal, Casselman, Cornwall, et Hawkesbury, parmi bien plus. L'accent de l'Est ontarien porte plusieurs influences de l'anglais. Bien que l'accent estontarien soit porté par plus de 200 000 personnes et qu'il soit l'accent régional le plus populaire hors-Québec, il est peu connu par les Québécois[8].
Nord-EstDurant la Grande Hémorragie, plusieurs Québécois à la recherche de terres et d'opportunités sont déménagés au Nord-Est de l'Ontario pour travailler dans les mines nouvellement ouvertes[9]. L'accent qui a évolué depuis est retrouvé à Sudbury, Hearst, Kapuskasing, Cochrane, Timmins, Iroquois Falls, et Kirkland Lake, parmi d’autres.
WindsorVu la prépondérance écrasante de l’anglais au sud de l’Ontario, la présence de français à Windsor pourrait en surprendre plusieurs. En effet, le français d'ici date de loin : de la fondation de Détroit en 1701. Ses cousins les plus proches sont le français montréalais et le français du Pays des Illinois; en Nouvelle-France, Détroit était le point médian entre Montréal et le Pays des Illinois[10]. L'accent de Windsor est maintenant en voie d’extinction à cause de l’assimilation de ses francophones à l'anglais ou au Québécois standard. On estime qu’il serait encore porté par quelques milliers de locuteurs. L’ancien Premier ministre Paul Martin portais cet accent. Exemplaires : Paul Martin QuébecLa présence du français au Québec date des années 1600 lorsque les premiers colons français se sont installés en Nouvelle-France, à Québec. Puisque ces colons provenaient en grande partie des provinces françaises de l’Ouest et du Nord, ils parlaient généralement leurs langues régionales de la famille des langues d'oïl (plus spécifiquement, le gallo, normand, picard, poitevin et saintongeais). Vu la nécessité de se comprendre, les colons ont « unifié leurs patois », ce qui veut dire qu'ils ont créé un nouveau français qui agissait comme langue véhiculaire et qui portais certaines caractéristiques des langues d'oïl. Ce français fut influencé par des langues algonquiennes puis il évolua sur les bases de la cour de France, du fait de l’arrivée des filles du Roy qui inculquaient le français du roy. La conquête britannique de 1759 bouleversa l’évolution du français canadien en coupant les liens avec la France et en introduisant une forte influence anglaise. Puis, au fil des centenaires, à cause des grandes distances entre les francophones, du manque d’éducation et des différents modes de vie, plusieurs accents régionaux se sont éventuellement développés. Depuis le 20e siècle, il y a une forte tendance vers l’homogénéisation à cause de nouvelles technologies qui réduisent l’isolation linguistique, comme la radio, la télévision, l’internet et les téléphones cellulaires. Les changements politiques et culturels qui ont eu lieu durant la révolution tranquille (ex. création du Québécois standard et de l’OQLF) ont aussi eu un impact puisqu’ils encouragent l’assimilation à un accent considéré « acrolecte » et l’abandon de traits considérés « basilectes » comme les calques de l’anglais[11],[12],[13]. Québécois StandardLe Québécois standard est un français artificiel d'origine québécoise créée durant le 20e siècle. Il est le français typiquement utilisé par des animateurs de radio, de nouvelles et d'émissions. Au fil du temps, plusieurs régions québécoises ont perdu leurs excentricités locales et se sont modelé un accent qui concorde avec le Québécois standard. Il est ainsi devenu aujourd'hui le deuxième accent le plus populaire au Canada, étant porté par 1,5 à 2 millions de personnes. Il prédomine en Outaouais et au Centre-du-Québec[14]. Nord-ouestCet accent existe toujours dans certaines localités du Nord-ouest du Québec. Il est en train de s'affaiblir et de se faire remplacer par le Québécois standard. C'est pourquoi cet accent est souvent plus prononcé dans les petits villages que dans les villes. On le retrouve dans les environs de Rouyn-Noranda, Témiscaming, Abitibi et Val-d'Or, parmi d'autres localités du Nord-ouest québécois. Exemplaires : Témiscaming Grand MontréalL'accent des habitants du Grand Montréal est de loin l'accent régional le plus populaire au Canada puisqu'il est porté par plus de 3,5 millions de personnes. Exemplaires : Infoman Laval-Montréal-EstCet accent urbain se fait entendre sur le côté est de l'île de Montréal ainsi que sur l'île de Laval. Il est porté par environ 600 000 locuteurs. Exemplaires : Est de Montréal, Gilles Latulippe-humoriste, Personnages du film Mommy MauriciePorté à Shawinigan et dans les localités environnantes. L'ancien premier ministre Jean Chrétien portais cet accent. Il est porté par environ 150 000 personnes. Exemplaires : Jean Chrétien EstrieL’accent de l’Estrie a été influencé par l’anglais pendant plus de 200 ans, ainsi que par la présence d’Irlandais. Il s'affaiblit et pourrait se faire remplacer par le québécois standard dans les décennies à venir. Porté par 200 000 locuteurs. Il y a ici une tendance à nasaliser les voyelles avant un n. Exemplaires : Sherbrooke BeauceronL’accent parlé par les Beaucerons, les habitants de la région historique et culturelle de Beauce. La Beauce fut fondée en 1739, lorsque les anciennes seigneuries des années 1600 commençaient à déborder. L’accent commença à se développer peu après sa fondation puisque la Beauce était pas mal isolée - voyager à Québec prenait une semaine à cheval[15],[16].
Québec-CharlevoixCet accent est celui avec le plus d’influence politique et culturelle au Canada puisqu’il est utilisé abondamment dans l’administration gouvernementale du Québec (Québec est la capitale du Québec). Il a aussi joué un rôle prépondérant lors du développement du Québécois standard. Cet accent est parlé dans la région administrative Capitale-Nationale, à Lévis et sur la Côte-du-Sud.
Saguenay-Lac-Saint-JeanParlé au Saguenay–Lac-Saint-Jean[17],[18].
Côte-NordUn accent porté à Sept-Îles, Baie-Comeau, et d’autres localités de la Côte-Nord. On y remarque que certains "g" se font remplacer par des "h". Exemplaires : Côte-Nord GaspésienParlé par les gaspésiens[19],[20]. Il y a de nombreux sous-accents.
Île aux CoudresCet accent est porté exclusivement sur l’Île aux Coudres, une île qui se trouve à 200 km de Québec dans le fleuve Saint-Laurent. Cette île est habitée depuis 1720 et, jusqu’à l’ère moderne, isolait ses habitants des francophones continentaux chaque hiver. Un accent particulier s’y est ainsi développé. Aujourd’hui, l’accent est porté par moins de 1 000 locuteurs, il s'affaiblit chez les plus jeunes et il est en voie de disparition. Exemplaires : Personne plus âgée, Personne plus jeune Îles de la MadeleinePuisque les Îles de la Madeleine isolent leurs habitants des francophones du continent et des autres de l'archipel, la région a développé plusieurs accents. Puisque les Iles de la Madeleine n'ont qu'une population de 12 000, chaque accent n'est porté que par quelques milliers d'individus. Les accents comme tels portent des influences Amérindiennes, Basques, acadiennes et anglaises[21]. Havre-AubertL'accent d'Havre Aubert est porté par environ 2 000 personnes et se fait remarquer par ses « R » bien gras [ʀ]. Havre-Aux-MaisonsLa parlure d'Havre-aux-Maisons, porté par 2 000 locuteurs, a des «R» qui deviennent des «Y» [ʝ] et des «OU» [w]. Il est possible que ce sois à cause d'une ferveur anti-royaliste dans la région de France d'où sont venus les habitants de ce village. Villages MadelinotsLes autres villages sur les îles en dehors de Havre-Aubert et Havre-Aux-Maisons ont leur propre accent. Nouveau-Brunswick et Î.-P.-É.Le français a apparu dans ces provinces avec les premiers Acadiens qui s’y sont établis. Une grande variété d’accents et de sous-accents existent au Nouveau-Brunswick[22]. BrayonL’accent brayon est parlé par les Brayons, habitants de la région du Madawaska, au Nouveau-Brunswick. L’accent est aussi porté dans des villages québécois et de Maine qui ne sont pas loin de la frontière avec le Nouveau-Brunswick. Il est dit d'être le résultat d’influence et mélange entre des dialectes acadiens et québécois[23],[24],[25].
RestigoucheCet accent se retrouve dans la région Restigouche du Nord du Nouveau Brunswick. Il est parlé à Campbellton, Atholville, Balmoral, Dalhousie, Charlo, et Kedgwick, parmi d’autres. L'accent possède environ 30 000 locuteurs. Exemplaires : Campbellton Chaleur/ BathurstPorté dans la région Chaleur qui s'étend de la limite est de Restigouche jusqu'à Grande-Anse, un village occidental de la péninsule acadienne. Il est porté à Bathurst et dans les villages environnants. Péninsule AcadienneIl y a une si grande diversité de sous-accents sur la péninsule acadienne que presque chaque ville ou village a le sien. Shippagan, Tracadie, Caraquet, Lamèque, Bas-Caraquet, Miscou, parmi d'autres, ont tous leur sous-accent et ceux-ci ont peu changé avec le temps[26]. Cet accent serait porté par quelques dizaines de milliers de gens. Exemplaires : Tracadie Sud-Est/ KentPorté à sur le long de la côte est du Nouveau-Brunswick, surtout dans le comté de Kent, entre Miramichi et Moncton. C’est aussi l’accent porté par les Acadiens de l’Île-du-Prince-Edouard. Il y a quelques sous-accents dans cette région. Il est porté par environ 30 000 personnes. Exemplaires : Bouctouche, Miscouche ChiacCet accent qui est fortement influencé par l’anglais est bien connu à travers le Canada et n’y fait pas l’unanimité. Certains brandissent cet accent comme étant signe du déclin du français, tandis que d’autres la revendiquent. Selon certaines personnes, le fait que le chiac soit bien connu le rend une cible facile pour des intellectuels. Porté à Moncton, Dieppe, Shediac, Memramcook et Cap-Pelé, parmi d'autres[27].
Nouvelle-ÉcosseAvant la Déportation des Acadiens, il y avait beaucoup d’Acadiens en Nouvelle-Écosse. Maintenant, il ne reste que quelques milliers d'Acadiens ici. Baie Sainte-MarieLa région est parfois appelée le « berceau de l’Acadie » car c’est non loin de là que Port-Royal, la première ville acadienne, se situait. L’accent comme tel a été isolé d’autres formes de français pendant des siècles. Il se parle autour de la Baie Sainte-Marie et dans le comté de Digby et Yarmouth[28],[29],[30].
Cap-BretonLe français au Cap-Breton date de la fondation de Louisbourg, lorsque le Cap-Breton était un territoire français appelé l’Île-Royale[31],[32]. Cet accent est surtout retrouvé sur deux régions de l’île : la côte francophone du comté d'Inverness (plus spécifiquement les villages de Chéticamp, Saint-Joseph-du-Moine et Margaree) et l’Isle Madame (qui a une vingtaine de villages francophones, comme Port-Royal, Arichat, Petite-Anse, etc.). On estime que l’accent est parlé par environ 7 000 personnes. Exemplaires : Chéticamp Terre-Neuve et LabradorTerre-NeuvienLes origines du français sur la Péninsule de Port-au-Port sont double. Suivant le traité de Paris de 1763, certains pêcheurs de la France -dont plusieurs bretons connaissant le français- ont commencé à vivre clandestinement sur Port-au-Port malgré l’interdiction d’habitations permanentes. Puis, durant le 19e siècle, des Acadiens des Îles-de-la-Madeleine et du Cap-Breton sont venus s’installer à Cap-Saint-Georges, Codroy et à Stephenville. Durant le 20e siècle, le français terre-neuvien commença à disparaitre du à un contact accentué avec les anglophones et puisqu’il n’y avait pas de scolarisation en français disponible avant les années 1980. Plusieurs croient que cet accent s'est maintenant éteint, mais d’autres croient encore que l’accent vit chez une poignée de Terre-Neuviens âgés[33],[34],[35].
Articles connexesRéférences
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