Sur cette photographie figurent les anarchistes Alexander Berkman et Marie Ganz (auteur de Rebel into anarchy and out again) lors d'un rassemblement en faveur des mineurs du Colorado, à Mulberry Bend Park (aujourd'hui Columbus Park), New York.
L'anarchisme est un courant de philosophie politique développé depuis le XIXe siècle sur un ensemble de théories et pratiques anti-autoritaires[1]. Fondé sur la négation du principe d'autorité dans l'organisation sociale et le refus de toutes contraintes découlant des institutions basées sur ce principe[2], l'anarchisme a pour but de développer une société sans domination, où les individus coopèrent librement dans une dynamique d'autogestion[3].
Le , le président américain William McKinley est assassiné par l'anarchiste Leon Czolgosz. L'année 1920 est marquée par de nombreux attentats anarchistes : les responsables politiques sont touchés, comme le maire de Seattle, chez qui une bombe explose. Un attentat a lieu à Wall Street. Les bureaux de la banque Morgan sont soufflés par un attentat qui fait 38 morts et 200 blessés[6]. Les autorités prennent des mesures de répression contre les anarchistes mais aussi les communistes et les socialistes américains, notamment en promulguant des lois contre l'« anarchie criminelle ». Certains sont emprisonnés, d'autres contraints de s'exiler. L'opinion publique amalgame les étrangers et « les Rouges ». C'est dans ce climat de tension que sont exécutés les anarchistes d'origine italienne Nicola Sacco et Bartolomeo Vanzetti en 1927.
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À la fin du XIXe siècle, le mouvement en faveur de l'amour libre fut un courant majeur de l'anarchisme individualiste aux États-Unis[7]. Josiah Warren et les communautés expérimentales en sont les précurseurs. Ils voient la liberté sexuelle comme une expression claire et directe de l'auto-détermination des individus. L'engagement en faveur de l'amour libre se conjugue avec la lutte pour les droits des femmes dans la mesure où ce sont elles qui sont les premières victimes des discriminations inscrites dans les lois, comme celles sur le mariage ou sur l'interdiction des moyens de contraception[7].
Autre journal libertaire majeur aux États-Unis de la fin du XIXe siècle, début du XXe siècle : Free Society[9] (1895-1897 sous le titre The Firebrand et 1897-1904 sous Free Society) défend farouchement l'amour libre et les droits des femmes, et critiquait la « Comstockerie » - la censure de l'information sexuelle. En 1897, afin de provoquer délibérément les défenseurs des lois Comstock, dans un acte de désobéissance civile, The Firebrand publie « A Woman Waits for Me » (Une femme m’attend), un poème de Walt Whitman. Tous les rédacteurs et éditeurs du journal sont arrêtés et accusés d'avoir publié des écrits « obscènes » pour le poème de Whitman et une lettre intitulée « It Depends on the Women » signée AEK. La lettre de AEK présentait différentes situations hypothétiques dans lesquelles des femmes refusaient de consentir à des relations sexuelles avec leurs maris ou leurs amants, et défendait la position selon laquelle la véritable libération nécessite une éducation des deux sexes et celle des femmes en particulier[10].
Par ailleurs, Emma Goldman formule une critique radicale des relations hommes-femmes (voir Philosophie politique de Emma Goldman). Elle met en évidence la persistance de « l'instinct de propriété du mâle », même parmi les révolutionnaires : « dans son égocentrisme, l'homme ne supportait pas qu'il y eut d'autres divinités que lui »[15], une analyse qu'elle développe dans La Tragédie de l'émancipation féminine publié dans Mother Earth en [16].
Elle s'oppose aux conceptions traditionnelles de la famille, de l'éducation et des rapports de genre[17]. Elle s'attaque à l'institution du mariage[18] dont elle dit que « c'est premièrement un arrangement économique... [la femme] le paie avec son nom, sa vie privée, son estime de soi, toute sa vie »[19].
Collectif, Paroles claires : la bonne guerre des anarchistes italiens immigrés aux États-Unis (1914-1920), L’Assoiffé, 2018.
Audiovisuel
Olivier Azam, Daniel Mermet, Howard Zinn : une histoire populaire américaine, premier volet, Du pain et des roses, Les Mutins de Pangée, 2015, 101 minutes.
(en) Joel Sucher, Steven Fischler, Anarchism in America, The National Endowment for the Humanities, Pacific Stree Film Projects, 1981, voir en ligne.
Notes et références
↑Jean Maitron, Le mouvement anarchiste en France, Gallimard, coll. « Tel », 1992
↑Sébastien Faure, Encyclopédie anarchiste, Paris, La Librairie Internationale
↑Emmanuel de Waresquiel, Le siècle rebelle, dictionnaire de la contestation au XXe siècle, Larousse, coll. « In Extenso », 1999
↑Sylvie Arend, Christiane Rabier, Le Processus Politique : Environnements, Prise de Decision et Pouvoir, Ottawa, University of Ottawa Press, 2000 (ISBN2760305031)
↑(en) Peter Marshall, Demanding the Impossible: A History of Anarchism, Fontana Press, 2008 (ISBN0006862454)
↑A. Kaspi, Les États-Unis au temps de la prospérité, 1919-1939, 1994, p. 40.
↑Joanne E. Passet, "Power through Print: Lois Waisbrooker and Grassroots Feminism, " in: Women in Print: Essays on the Print Culture of American Women from the Nineteenth and Twentieth Centuries, James Philip Danky and Wayne A. Wiegand, eds., Madison, WI, University of Wisconsin Press, 2006; p. 229-50.
↑"Free Society was the principal English-language forum for anarchist ideas in the United States at the beginning of the twentieth century." Emma Goldman: Making Speech Free, 1902-1909, p. 551.
↑L'Épopée d'une anarchiste. New York 1886 - Moscou 1920, Hachette, 1979, page 91.
↑Nicole Beaurain, Christiane Passevant, Femmes et anarchistes : De Mujeres Libres aux anarchaféministes, L'Homme et la société, no 123-124, 1997, Actualité de l'anarchisme, page 76.
↑Emma Goldman, Marriage and Love, dans Alix Kates Shulman, Red Emma Speaks : An Emma Goldman Reader, Schocken Books, N.Y., 1982, p. 204-13.