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« [la peinture dramatique de Balthus] ramène au jour quelque chose d'une époque électrique de l'histoire, un de ses points où le drame se joue[4]. »
Biographie
« La meilleure façon de commencer est de dire, Balthus est un peintre dont on ne sait rien. Et maintenant, regardons les peintures », telle est la réponse laconique que le peintre adresse à la Tate Gallery, qui en 1968, organisant une exposition de ses œuvres, souhaitait également agrémenter le catalogue de quelques éléments biographiques[5].
Le Roi des chats — titre d’un de ses autoportraits peint à 27 ans — a en effet toujours souhaité s’entourer d’une aura de mystère, ce qui a sans aucun doute contribué à occulter sa personnalité et son œuvre aux yeux du grand public.
Dans ce tableau, le peintre, en pied et le corps déformé, peint sur un fond ocre jaune. À sa gauche un chat se frotte à ses jambes trop longues, alors que sur un tabouret à sa droite repose un fouet sous lequel est écrit en anglais « The portrait of H.M, the King of Cats painted by Himself, MCMXXXV[6] ». « Son autoportrait est à la fois ironique, teinté de comique, d’emphase mélodramatique et de solennité » et décrit l’art de Balthus comme « celui qui laisse ses sujets en paix mais qui veut inquiéter le spectateur[7] », par une étrangeté explorant rêveries et pulsions secrètes plus ésotériques qu’érotiques.
Une enfance artistique
Portrait de Louise Vernet avec son chat (1808) par Théodore Géricault. Un des portraits d'enfants dont l'œuvre de Balthus semble procéder.
Rare et discret, il l'est dès sa naissance, un 29 février ; un anniversaire qu'il ne peut fêter que les années bissextiles qui fait aussi partie de la « légende Balthus ».
Ses parents sont prussiens, d'ascendance catholique polonaise mais convertie au protestantisme pour son père, Erich Klossowski, historien d’art, peintre et décorateur de théâtre, et ashkénaze[8] et russe pour sa mère Baladine Klossowska, peintre également. Ils se sont mariés à Londres en 1904. Le 9 août 1905, Baladine donne naissance à Paris à Pierre, son premier enfant. Balthus naît trois ans plus tard à Paris, mais sa famille, du fait de ses origines allemandes, se réfugie en Suisse lors de la Première Guerre mondiale, puis à Berlin où elle est hébergée par Eugene Spiro et Emil Trebicky[9]. Les parents de Balthus se séparent peu après. Baladine et ses fils s'installent à Berne, puis à Genève, tout en effectuant des séjours chez Erich à Munich ou chez les oncles de Berlin.
Baladine s'engage dans une relation amoureuse avec le poète Rilke à Genève en 1919 : le jeune Balthasar Klossowski a 11 ans. Il suit dès cette époque à Beatenberg les cours de la sculptrice Magrite Bay et de son amie la graveuse sur bois Dora Timm et ce régulièrement jusqu'en 1923[10]. En 1921, le garçon publie son premier livre de dessins, Mitsou, avec une préface de Rilke. Il signe le recueil du surnom de « Baltusz » qu'on lui donnait à l'époque et qu'il transformera en « Baltus », puis en « Balthus » par la suite.
En 1922, il échoue au concours d'entrée de l'école des Beaux-Arts de Berlin.
Piero della Francesca, détail du Rêve de Constantin (fresque) Arezzo. Balthus est profondément marqué par la géométrisation des corps que met en pratique Piero della Francesca.
En 1925, Rilke lui dédie le poème Narcisse. En 1926, il va en Italie étudier les peintres de la Renaissance, en particulier les fresques de La Légende de la Vraie Croix de Piero della Francesca à Arezzo, ainsi que celles de Masaccio à Florence qui ont une influence déterminante sur son style. Il écrit dans ses mémoires :
« De Piero della Francesca, j'ai tant appris : sa manière d'occuper l'espace dans ses tableaux, de le diviser, de loger des diagonales qui donne l'ordre à l'ensemble[12]. »
En 1929, il expose pour la première fois à Zurich à la galerie Forter. En 1932, il revient à Paris. Il illustre Les Hauts de Hurlevent d’Emily Brontë, dont la thématique plastique deviendra centrale dans le reste de son œuvre, en particulier dans les tableaux La Chambre, Les Enfants, Les Poissons rouges[13] et rencontre Antonin Artaud, qui voit en Balthus son double[14].
Il entre en contact avec le mouvement surréaliste par l'intermédiaire de Pierre Loeb, et participe à la revue Minotaure, mais il ne se sent guère de point commun avec la mouvance d'André Breton : Balthus récuse la notion d'inconscient freudien. Il expose à la galerie Pierre Loeb en 1934 une série de tableaux mettant en avant des jeunes filles à la pose équivoque, thème qui crée le scandale et qui fera sa célébrité. Mais l'exposition est un échec, aucun tableau n'est vendu[15]. Il réalise alors son autoportrait en « roi des chats » en 1935, dont le titre fait directement allusion à Alice au pays des merveilles de Lewis Caroll. La thématique des contes pour enfants apparaît par des citations plus ou moins directes, en particulier Struwwelpeter, « Pierre l'ébouriffé » en français que sa mère Baladine lui avait offert. Balthus affirme qu'il peint comme il avait vu les contes dans son enfance[13].
En mai 1935, Balthus devient le scénographe, décor et costumes de Les Cenci, pièce d'Antonin Artaud[16] dont le thème central est la souffrance injuste des enfants, la culpabilité du père destructeur et l'inceste[17].
En 1936, il expose à Londres la série de dessins sur Les Hauts de Hurlevent. Il entame des séries de portraits, dont celui de Derain, puis de Miró avec sa fille Dolores (1937), aujourd'hui tous deux au Moma de New York. Il peint alors les portraits de Lady Abdy, Thérèse, Marie-Laure de Noailles, Lady Schuster, la baronne Alain de Rothschild…
Son épouse lui sert de modèle dans plusieurs toiles, dont La Toilette[18] et Jeune fille en costume d'amazone[19].
En 1938 a lieu sa première exposition à New York avec la galerie Pierre Matisse. La même année, il peint Thérèse rêvant[20] qui présente une jeune femme assoupie posant un pied sur un tabouret alors qu'un chat au premier plan lape une assiette de lait, faisant de ce thème l'emblème du peintre :
« Les petites filles de Balthus sont aujourd'hui un lieu commun au même titre que les gares de Delvaux, la pipe de Magritte ou les ready-made de Duchamp[21]. »
La Seconde Guerre mondiale et les années 1950
Gustave Courbet, Portrait de Juliette Courbet (1844), une des œuvres de Courbet admirée et citée par Balthus.
Balthus est mobilisé en Alsace au début de la Seconde Guerre mondiale mais est rapidement démobilisé. Il s'installe alors à Champrovent en Savoie, puis à Fribourg en Suisse, où naissent ses fils, Thadeus et Stanislas, et enfin à Cologny près de Genève. Il expose à la galerie Moos de Genève en novembre 1943. Il rencontre l'éditeur Albert Skira et André Malraux en 1945. L'année suivante, il se sépare de sa femme et retourne à Paris. Il achève cette année-là Les Beaux Jours[22].
En 1953, Balthus quitte Paris pour le château de Chassy[24], à Montreuillon, Nièvre, dans le Morvan, en Bourgogne, où il reste jusqu'en 1961, après l'avoir loué puis acheté[25], et où il s'installe avec sa nièce par alliance Frédérique Tison. Il y achève La Chambre et Le Passage du Commerce-Saint-André[26]. Il y peint plusieurs paysages, vus de ses fenêtres, dont les deux Jeune fille à la fenêtre, de 1955 et 1957, deux portraits de Colette, la fille des métayers de Chassy. Il se crée un personnage de dandy et d’aristocrate « féodal », alors que son appartenance à la noblesse est non établie et fantasmée[27].
En 1956, Balthus est exposé au MoMA de New York. En novembre à Chassy, il reçoit la visite d’Alberto et Annette Giacometti et du galeriste Pierre Matisse. Il peint Grand paysage à l'arbre[28].
Directeur de la Villa Médicis à Rome
Le Carré des Niobides imaginé par Balthus à la Villa Médicis.La façade de la Villa Médicis, côté jardins.L'obélisque de la villa Médicis copie moderne de l'original aujourd'hui à Florence.
En 1961, Balthus est nommé directeur de l'Académie de France à Rome, à la villa Médicis, par André Malraux. Il reste 16 ans en poste marquant profondément l'institution. Setsuko Ideta (née en 1943), jeune étudiante japonaise francophone et peintre qu'il a rencontrée à Tokyo en 1962 et dont il tombe amoureux, l'y rejoint. Elle lui sert de modèle dans plusieurs tableaux dont La Chambre turque[29]. Il l'épouse en 1967 au cours d'un voyage au Japon[30].
Lors de son séjour romain, à son initiative[31], Balthus rénove la villa Médicis, ses ateliers et les jardins[32] en leur redonnant l'esprit qu'ils avaient au XVIe siècle[33]. Son élève et pensionnaire, le sculpteur Michel Bourbon (1937-2014) réalise la copie de l'obélisque Médicis en poudre de marbre et résine synthétique, placé au centre du jardin de la villa à l'endroit où était au XVe siècle l'original aujourd'hui à Florence dans le jardin de Boboli. Ils réalisent ensemble, avec la même technique, le Carré des Niobides ou Jardin des Dioscures, installation de copies de statues antiques et académiques présentées avec humour[34].
Balthus intègre le décor de Horace Vernet qu'il a fait restaurer à la villa Médicis dans sa toile La Chambre turque. Son successeur, l'historien d'art Jean Leymarie, qui professe son admiration pour le peintre, respectait cette ré-invention et l'empreinte du Maître dans la Villa[35]. Sous le règne du « prince de la villa Médicis », l'institution est un des hauts lieux de l'influence française dans la vie culturelle et mondaine de Rome. Les relations avec les pensionnaires ne sont pas toujours aisées comme en témoignera Hervé Guibert dans son récit L'Homme au chapeau rouge.
En 1977, à la fin de son mandat romain, le peintre prend le thé au Grand Chalet de Rossinière, en Suisse - alors un hôtel - il s'éprend du lieu et l'achète. Il y vivra jusqu'à sa mort avec son épouse et leur fille, Harumi. Travailleur infatigable, selon son fils Stanislas :
« Il se lève très tôt. Son atelier est orienté pour recevoir la lumière du nord. Il travaille toute la journée et ne déjeune pas. Quand la lumière baisse, comme il ne travaille jamais à la lumière artificielle, il rentre, mange un sandwich et se repose[21]. »
Ses toiles sont présentées dans de nombreuses expositions de par le monde et il est encensé par la presse et les critiques. Il apparaît parfois, dans les interviews filmés et les reportages, vêtu d'un costume traditionnel japonais comme sa femme, qui donne de lui une image ascétique.
En 1983-1984 ont lieu plusieurs rétrospectives à Paris (Centre Pompidou), New York, Kyoto.
En 1991, Balthus reçoit le Praemium Imperiale japonais pour l’ensemble de son œuvre.
De 1994 à 1996, il a comme secrétaire l'écrivaine d'origine chinoise Shan Sa[36] qui participe à l’organisation de ses expositions à Taiwan, Hong Kong et Pékin.
Dans le village de Rossinière où il repose, une chapelle est dédiée à son souvenir avec la projection d'un film et une bibliothèque. Elle est accessible toute l'année au public.
La famille a déposé en 2020 les archives du peintre ainsi que de nombreuses œuvres au MCBA à Lausanne.
Stash de Rola(de) ou Stanislas, son fils (né en 1942), connu sous le nom de « Prince Stash », est une figure du swinging London et du Paris des années 1960, écrivain, musicien et jet-setter[37].
Son fils Thadeus ou Thadée (né en 1944) est un écrivain, époux de Loulou de la Falaise (1947-2011), dont il a une fille, Anna.
Eugene Spiro, son oncle maternel, peintre allemand.
Emil Trebicky, son oncle maternel, peintre autrichien, époux de la sœur de Baladine.
Abraham Ber Spiro, son grand-père maternel, hazzan de la synagogue de Breslau.
L'œuvre
Balthus photographié par Oliver Mark, Rossinière 2000.
L'œuvre peint de Balthus, figuratif, est relativement peu abondant et se répartit en deux grands thèmes : des paysages (dont le fameux paysage « Larchant 1939 ») qui sont « inertes et calmes » suivant le mot d'Antonin Artaud[4], des portraits et quelques scènes de genre (La Rue[38] où figure une citation directe de Picasso) ; peintures qui puent « la mort, la peste et les épidémies »[4].
Dans une première partie de sa carrière, jusqu'aux années 1950, son œuvre est profondément marqué par Courbet[39] et Géricault, avec une texture ample et des couleurs sombres, puis, dans une seconde partie, son œuvre est marqué par des textures plâtreuses avec de nombreuses citations de la Renaissance et de Piero della Francesca en particulier.
L'artiste a réalisé durant sa vie trois cents peintures environ, dont beaucoup ne sont pas datées[40].
Déclarant ne pas aimer les artistes, il se veut le continuateur de « ses véritables contemporains » que sont les peintres de la Renaissance, Pisanello, Masaccio et Piero della Francesca[21]. Parlant de son projet pictural, il écrit dans une lettre à sa première femme :
« Je veux y mettre beaucoup, beaucoup de choses, de la tendresse, de la nostalgie enfantine, du rêve, de l’amour, de la mort, de la cruauté, du crime, de la violence, des cris de haine, des rugissements et des larmes ! Tout cela, tout ce qui est caché au fond de nous-mêmes, une image de tous les éléments essentiels de l’être humain dépouillé de sa croûte épaisse de lâche hypocrisie[41] ! »
Artiste méticuleux — certains tableaux nécessitant plusieurs années pour être achevés et après de nombreuses études préparatoires —, Balthus est resté célèbre pour ses tableaux de jeunes filles nubiles, souvent peintes dans des poses ambiguës, jouant sur l'idée de l'innocence perdue à l'adolescence[42] :
« Je vois les adolescentes comme un symbole. Je ne pourrai jamais peindre une femme. La beauté de l’adolescente est plus intéressante. L’adolescente incarne l’avenir, l’être avant qu’il ne se transforme en beauté parfaite. Une femme a déjà trouvé sa place dans le monde, une adolescente, non. Le corps d’une femme est déjà complet. Le mystère a disparu. »
1934 : La Leçon de guitare (collection privée[41]) L'œuvre « met en scène une jeune fille renversée sur les genoux d’une femme, le sein droit sorti de sa chemise. Une main tire les cheveux de l’enfant, l’autre lui écarte les jambes[43]. » Sans doute son œuvre la plus célèbre, elle provoqua d'intenses controverses. À quoi Balthus répondit dans une lettre adressée à Antoinette de Watteville dans les années 1930 : « C’est une scène érotique. Mais comprends bien, cela n’a rien de rigolo, rien de ces petites infamies usuelles que l’on montre clandestinement en se poussant du coude. Ce tableau représente une leçon de guitare, une jeune femme a donné une leçon de guitare à une petite fille, après quoi elle continue à jouer de la guitare sur la petite fille. Après avoir fait vibrer les cordes de l’instrument, elle fait vibrer un corps[43]. »
Le Peintre et son modèle (Centre Pompidou, Paris) La texture de la toile comme souvent chez Balthus est lourde, empâtée de chaux et évoque ou imite les fresques murales de la Renaissance italienne. La toile présente un homme de dos à contre-jour ouvrant un rideau à droite, au premier plan une adolescente[45] lit, agenouillée et appuyée sur une chaise basse avec, derrière elle, une table qui porte une corbeille de pomme. La pièce rappelle les ateliers de la Villa Médicis, pourtant le tableau est peint à Rossinière, en Suisse. Pour Jean Leymarie, c'est le mur nu souvenir italien, « d’une substance admirablement vivante, vibrante » qui forme le sujet principal du tableau ; ainsi « une mélancolie certaine se dégage de ce théâtre immobile, sur fond de couleurs délicatement usées, mettant en scène l’étrange relation entre un peintre sans pinceau et sans chevalet, tourné vers l’extérieur, et un modèle dont le statut est tout aussi incertain[46]. »
Expositions
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2011 : « Balthus ou le temps du sablier » au musée Rolin d'Autun, du au , exposition d'une soixantaine de dessins, croquis, études et esquisses du peintre
1921 : Mitsou, préface de Rainer Maria Rilke, Zurich, Rotapfel-Verlag[48] ; réédition en fac-similé de l'édition originale, Paris, Librairie Séguier, 1988 ; réédition reliée accompagnée d'un CD, Paris, Les Belles Lettres-Archimbaud, coll. « Romans, Essais, Poésie, Documents », 2010, 94 p. (ISBN978-2251443980)
1998 : Balthus, les dessins. Réflexions sur le dessin, accompagné de « Balthus et la couleur des lignes » de Jean-Pierre Faye, Paris, Adam Biro, Archimbaud (ISBN2-87660-231-8)
2001 : Balthus à contre-courant, entretiens avec Costanzo Costantini, trad. de l'italien par Nathalie Castagné, postface par Jan Michalski, Montricher (Suisse) - Paris, éd. Noir sur Blanc (ISBN2-88250-105-6)
2001 : Balthus, Correspondance amoureuse avec Antoinette de Watteville, Paris, Buchet/Chastel, coll. « Littérature française », 498 p. (ISBN978-2283018606)
Dans le film de François TruffautDomicile conjugal (1970 ; scène reprise in extenso dans L'Amour en fuite, 1979), les deux personnages principaux, Antoine Doinel (interprété par Jean-Pierre Léaud) et sa femme Christine (Claude Jade), se sont disputés et vivent séparément. À un moment donné, Christine décroche du mur un petit dessin d'environ 25 × 25 cm et le tend à son mari qui est venu voir leur enfant, Alphonse :
« Christine : – Tiens, prends le petit Balthus.
Antoine : – Ah, le petit Balthus, je te l'ai offert, il est à toi, garde-le. »
Dans Péril en la demeure de Michel Deville, les allusions à Balthus font partie de la trame même du film. Celui-ci baigne dans un érotisme cérébral directement inspiré de l'œuvre du peintre, la reproduction d'un tableau de Balthus, représentant une demeure, y est aperçue à plusieurs moments-clés de l'intrigue, dont le personnage principal donne des leçons de guitare à une adolescente aguicheuse, qu'il rejoindra dans la scène finale.
En littérature
Dans ses Messages révolutionnaires (publié en 1979, rédigé en 1936), Antonin Artaud consacre un article à « La jeune peinture française et la tradition ». Il y est principalement question de Balthus, dont il est fait l'éloge, présenté comme « ascète », « surnaturel » (c'est-à-dire plus-que-surréaliste), et comme l'un des rares représentants d'une peinture de la « révélation », opposée à une tradition de la renaissance dite de « représentation ».
Dans le roman L'Incognito (1989) d'Hervé Guibert, Balthus apparaît sous le nom de Doria. Cette autofiction se déroule à l'« Académie espagnole » pour transposer l'Académie de France à Rome dont Balthus fut le directeur de 1961 à 1977. Il est notamment question d'une photographie volée[49].
Dans le roman Hannibal (1999), de Thomas Harris, il est fictionnellement affirmé que Balthus est le cousin du DrHannibal Lecter : « son cousin qui vivait en France, le célèbre peintre Balthus » (chapitre 54).
↑Son grand-père Victor Kłossowski, catholique, s'est converti au protestantisme et naturalisé prussien, sa grand-mère Doerk de Freval est prussienne de Breslau, in Biographie.
↑Elisabeth Dorothea Spiro est la cadette des neuf enfants du hazzan lituanien et compositeur Abraham Baer Spiro (1833-1903) et de Fanny Form (1837-1901) originaire de Minsk.
↑Laurence Bataille fut actrice et psychanalyste, Balthus a peint plusieurs portraits d'elle.
↑Il semblerait qu'il y a deux châteaux de Chassy, l'un à Chassy, l'autre à Montreuillon, et les deux communes revendiquent d'y avoir vu passer Balthus…
↑Le château de Chassy dans WP ne semble pas avoir Balthus comme propriétaire (en tout cas, non mentionné).
« Balthus découvre une villa quasi abandonnée. Décorée et meublée comme une préfecture de la IIIe République, elle n’est plus que l’ombre d’elle-même. "Elle avait été très négligée pendant de longues années, dira-t-il, et lorsque je suis arrivé les murs étaient enduits de plusieurs couches d’une peinture hideuse." Son souhait est de restituer à l’édifice et à son jardin leur état d’origine, de renouer le dialogue avec Rome et de moderniser l’institution. Le nouveau directeur fait exécuter des copies des statues qui étaient en place avant 1770, met au jour les frises peintes pour le cardinal Ricci, redonne vie à la “chambre turque” d’Horace Vernet. Il fait aménager une galerie d’exposition avec sept grandes salles au rez-de-chaussée et dote la villa d’infrastructures contemporaines. "Rendre tout son lustre à la villa Médicis fut pour moi une véritable obsession. C’était une affaire qui avait quelque chose à voir avec la vie spirituelle, une manière de conserver la vie", avouera-t-il. »
↑Michel Conil-Lacoste, « Le peintre Balthus veut rendre la villa Médicis à sa pleine vocation culturelle par un rapprochement des disciplines », Le Monde, 17 février 1961.
« Au-delà du tableau, la réouverture de la Chambre turque, restaurée avec le concours de la Fondation du patrimoine et la Fondation Total, est un hommage au long règne de Balthus, qui dirigea la Villa Médicis de 1961 à 1977. "Il a dépoussiéré l'institution en y introduisant le cinéma, la BD, une bibliothèque contemporaine et en y organisant d'importantes expositions (Poussin, Giacometti, Derain)", confie la commissaire de l'exposition, Cécile Debray. Pour Jean Clair, de l'Académie française, il faudrait restaurer la villa dans l'état exact où l'avait laissée Balthus. Car il l'a transformée en véritable œuvre d'art en jouant avec la peinture des murs et le mobilier. »
↑Cf. Jean-Pierre Boulé, Hervé Guibert. L'entreprise de l'écriture du moi, qui évoque également la photo Le comte et la comtesse Klossowski de Rola, 1988, reproduite dans Hervé Guibert. Photographies, Gallimard, 1993.
1997 : Jean-Louis Balleret, De Corot à Balthus : Un siècle de grands peintres dans la Nièvre et le Morvan, préface de Jacques Thuillier, Paris, Éditions Cercle d’art, 1997, 168 p. (ISBN9782702205228). Une réflexion sur la géographie et l'histoire de l'art, illustrée par l’œuvre paysagiste de six peintres : Jean-Baptiste Camille Corot, Henri Harpignies, André Lhote, Johan-Barthold Jongkind, Balthus et Rosa Bonheur.
1998 : Rainer Maria Rilke, Lettres à un jeune peintre, suivi de Mitsou, préface de Marc de Launay, Paris, Somogy-Archimbaud, édition poche, Paris, Rivages, 2002 (ISBN978-2850563348)
1999 :
Jean Clair et Virginie Monnier, Balthus, catalogue raisonné de l'œuvre complet, Paris, Gallimard, coll. « Hors série Beaux Livres », 575 p. (ISBN978-2070114610)
Peter Berger, Robert Martin, François Rouan et René Char, Balthus. Portraits privés, éditions Noir sur Blanc, coll. « Beaux Livres », 192 p. (ISBN978-2882502032) Témoignages de sa famille, de sa femme Setsuko, de sa fille Harumi et d'amis.
Jean Clair, Le charme de Chassy - Présence de Balthus dans les collines du Morvan ("Architectural Digest", n°4 / septembre 1988, pp 116 à 121, ill. de photos de Hans Namuth);
1996 : Balthus de l'autre côté du miroir de Damian Pettigrew, long métrage documentaire Tourné en Super 16 pendant quatre saisons en Suisse, en Italie, en France, et en Angleterre (dans les landes désolées du Yorkshire), le film, plusieurs fois primé, éclaire surtout la démarche artistique du peintre.