Carlos Tavares est né le 14 août 1958 à Lisbonne de deux parents portugais, un père comptable travaillant chez un assureur français et une mère professeur de français[1].
Sa passion pour l'automobile vient à 14 ans quand il découvre la course automobile, lors d'une journée porte ouverte du circuit d'Estoril, près de Lisbonne[2].
Formation
Après des études au lycée français Charles-Lepierre de Lisbonne, il quitte son pays natal pour la France à l'âge de 17 ans pour suivre une prépa en maths au lycée Pierre-de-Fermat à Toulouse[3].
Depuis 2016, il possède un domaine viticole au Portugal dans la vallée du Douro dans lequel il produit son propre vin de Porto sous la marque Porto Amalho[7].
Carrière professionnelle
Renault et Nissan
Entré chez Renault dès 1981[8], à 23 ans, comme ingénieur d’essais à Aubevoye, il pilote la conception de la Mégane 2 (programme X84) et l'industrialisation de ses dérivés[9].
Envoyé chez Nissan en 2005 comme patron pour la zone Amériques où il siège au conseil d'administration, il est nommé en 2011 directeur général délégué aux opérations de Renault[10], soit le « numéro 2 » du groupe après Carlos Ghosn[11].
Sa méthode d'encadrement de ses collaborateurs est jugée sans états d'âme[6]. Le , jour de ses 55 ans, il déclare dans un entretien : « À un moment donné, vous avez l'énergie et l'appétit pour devenir no 1 [...] Mon expérience serait bonne pour n'importe quel constructeur[11]. ». Cela marque une rupture avec Carlos Ghosn, dont le mandat chez Renault-Nissan arrive à échéance en mai 2014[12]. Quinze jours plus tard, le 29 août 2013, faute de perspective lui permettant de devenir numéro un de Renault-Nissan, il annonce son départ[13],[14],[15].
Groupe PSA
Le , Carlos Tavares prend la direction opérationnelle de la branche automobile du Groupe PSA, alors que le groupe était au bord de la faillite. Il est chargé de la relance économique et stratégique du Groupe et a pour objectifs « une trésorerie bénéficiaire, 2 % de marge opérationnelle, et pas de dettes »[16]. Il poursuit une politique de réduction de l'effectif et de mise sous tension du personnel en place[6].
En 2014, sous son impulsion, DS Automobiles est créée sous la forme d'une marque à part entière[17].
En 2015, l'assainissement est réalisé, dans un marché européen favorable, alors que la stratégie du groupe reste à matérialiser, notamment dans la recherche de nouveaux marchés[18].
Après s'être opposé sans succès à la Ville de Paris en 2015 dans sa limitation de la circulation des véhicules les plus polluants, Carlos Tavares conteste publiquement les objectifs jugés élevés de la Commission européenne en matière de réduction de la pollution atmosphérique[6].
Redressé, PSA achète en mars 2017 le constructeur Opel, structurellement déficitaire, au groupe américain General Motors[19] et ramène rapidement la marque allemande aux bénéfices.
Le 19 janvier 2021, lors de la première conférence de presse du groupe, Carlos Tavares y annonce qu'il souhaite réaliser 5 milliards d'euros de synergies, notamment en investissements, du partage de moteurs et de plateformes, et de l'intensification de la recherche[25]. Il annonce également vouloir relancer les marques les plus fragiles, qui pourront bénéficier de nouveaux investissements[26].
Autres activités
Il est depuis 2016 membre du conseil d'administration d'Airbus[27],[28].
Il a également été membre du conseil d'administration de Faurecia entre 2014 et 2019 et membre du conseil d'administration de Total entre 2017 et 2020[29],[30].
Le 20 septembre 2021, le média Les Échos annonce que Carlos Tavares quitte Airbus pour concentrer les pouvoirs chez Stellantis[31].
Synthèse des fonctions
De 1981 à 2004 : différents postes au sein du groupe Renault
De 2005 à 2011 : responsable de la zone Amériques chez Nissan
De 2011 à 2013 : directeur général délégué aux opérations de Renault
De 2014 à 2019 : membre du conseil d'administration de Faurecia
De 2014 à 2021 : président du directoire du Groupe PSA
De 2016 à 2021 : membre du conseil d'administration d'Airbus
De 2017 à 2020 : membre du conseil d'administration de Total
En avril 2015, Carlos Tavares défend le moteur diesel, en déclarant à l'antenne d'une station de radio : « Le diesel moderne est parfaitement propre »[32]. Cette opinion exprime l'inverse des résultats scientifiques publiés, notamment ceux de l'INSERM[33].
Pollution
En 2019, il fustige la « pensée unique » sur « ce qui est bien ou mal » en matière d’empreinte carbone, évoque le risque « de ne plus pouvoir passer ses vacances au-delà d’un rayon de cent kilomètres », et suggère que les objectifs climatiques de l’Union européenne vont porter atteinte à la « liberté de mouvement »[34],[35].
Salaire et rémunérations
En mars 2016, l'annonce de son niveau de salaire, qui s'établit en 2015 à 5,24 millions d'euros, ainsi que du taux de progression de celui-ci, avec une multiplication par deux depuis son arrivée à la présidence du directoire de PSA, a engendré une vive polémique[36]. L'État, qui est actionnaire de PSA à hauteur de 13,68 %, a contesté la nouvelle rémunération de Carlos Tavares. La CGT, quant à elle, a considéré cette rémunération comme « complètement indécente »[37].
En 2018, une prime d'un montant d'un million d'euros devrait lui être versée pour l'achat d'Opel[38].
En 2019, son salaire annuel, en hausse de 14 %, s'établit à 7,6 millions d’euros[39].
En 2022, Mediapart relate une information révélée par une société de gestion au nom de Phitrust, actionnaire minoritaire de Stellantis, quant à un salaire annuel qui atteindrait les 66 millions d'euros pour l'année 2021[40]. Pour Stellantis, Carlos Tavares devrait toucher, pour 2021, 19 millions d’euros : 2 millions d’euros de salaire fixe, 7,5 millions de bonus lié à la performance 2021, une prime de 1,7 million liée à la création de Stellantis, ainsi que des attributions d’actions gratuites fondées sur des objectifs à 2026 évaluées à 5,6 millions d’euros[41]. Ce niveau de rémunération a soulevé une fois de plus des controverses, alors que le groupe Stellantis est détenu à hauteur de 6,15 % par l'État au travers de la Bpifrance[42].
Il perçoit effectivement une rémunération de 66,7 millions d'euros pour l'année 2021[43]. En 2022, Emmanuel Macron a jugé "« choquant et excessif » la hauteur « astronomique » de cette rétribution[44]. Selon un rapport d'Oxfam France, 3h30 de travail du PDG de Stellantis suffisaient cette année-là pour gagner le salaire annuel moyen de ses employés[45]. Pour 2022, sa rémunération a été ramenée à 23,4 millions d’euros[45].
Le 15 février 2024, alors que son groupe a fait un bénéfice record de 18,6 milliards d'euros, Carlos Tavares promet que près de 1,9 milliard d'euros de ces bénéfices seront redistribués aux employés, sous forme d'« un intéressement de 4 100 euros » par salarié[46]. Cependant, sa propre rémunération pour 2023 fait à nouveau parler d'elle en repartant à la hausse : elle pourrait atteindre 36,5 millions (soit une augmentation de 56 % sur l'année 2023), en raison, selon un rapport financier du groupe (publié le 23 février 2024), d'une prime de 10 millions d'euros liée à la « transformation » du groupe créé en 2021[44]. Cette somme inclut des éléments divers, comme des pensions de retraite qui seront touchées sur le long terme, ainsi que des bonus potentiels touchés seulement si les objectifs fixés pour 2025 sont atteints. En ce qui concerne 2023, Tavares touchera donc d'abord 23,5 millions d'euros, en grande partie sous forme d'actions (dont la valeur, pour ce groupe, a presque doublé depuis 2021)[44]. La CFDT à Sochaux note que « 36,5 millions d’euros divisés par 365 jours, cela donne une moyenne de 100 000 euros par jour. Tavares continue sur sa lancée. Il ne change pas son fusil d'épaule. C'est une politique mondiale du groupe, les salariés en France ne pèsent pas grand-chose. »[44] ; les syndicats jugent « scandaleux » ces émoluments qui font de ce patron l'un des mieux payés du CAC 40[44]. Stellantis indique dans son rapport qu'il faut plutôt comparer cette rémunération avec celle de patrons de multinationales comme Boeing aux États-Unis ou Volkswagen en Europe. Le constructeur tire en effet l'essentiel de ses profits du marché américain, bien que réalisant la majorité de ses ventes sur le Vieux Continent[44].
Pilote et amateur d'automobiles anciennes
Passionné d'automobile, il se porte déjà volontaire à 14 ans pour être commissaire de piste sur le circuit d'Estoril[47]. Il est pilote de course amateur depuis l'âge de 22 ans.
En 1983, il se lance comme pilote dans les rallyes et les courses d'endurance avec ses amis Bruno Cébile, comme copilote, et Arnaud Montagné, comme assistant technique. Il a notamment participé au Rallye de Monte-Carlo et il possède sa propre écurie Clementeam Racing, par analogie au prénom de sa fille[11].
En 2014, associé à Jean-Louis Dauger, Denis Gibaud et Jérôme Maudet, Carlos Tavares remporte la classe A2 des 24 Heures de Barcelone à bord d'une Peugeot RCZ Cup exploitée par Milan Compétition[48].
Il collectionne les voitures anciennes et possède une Peugeot 504 V6 Coupé de 1979, une Alpine A110 de 1976 et une Porsche 912 de 1966[49].
↑« Carlos Tavares, directeur général de Stellantis : sa rémunération estimée à 66 millions d’euros choque », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )