Sa carrière cinématographique longue et hétéroclite commence en 1910 et s'achève en 1988, durant laquelle il joue dans plus de deux cents films, sur une période de soixante-dix-huit ans, où il incarne une grande variété de rôles : Napoléon pour Karl Grune, Javert pour Raymond Bernard, amoureux éconduit chez Duvivier, vieux policier que rien n'abuse chez Clouzot, banquier pour Melville, truand pour Deray...
Charles Vanel naît sous le nom de Charles-Marie Vanel en 1892 en Bretagne. Ses parents, commerçants, s'installent à Paris lorsqu'il a 12 ans. Il est renvoyé de tous les établissements scolaires qu'il fréquente et n'a pas une adolescence heureuse. Il tente de s'engager dans la marine, ce que sa vue insuffisante ne lui permet pas. Finalement, en 1908, il commence à jouer dans des spectacles de théâtre. Il débute au cinéma en 1912 dans Jim Crow de Robert Péguy. Il fréquente les Russes émigrés de la troupe de Iossif Ermoliev et Alexandre Kamenka, nourris de l'enseignement de Stanislavski.
Mobilisé le , il est réformé le suivant pour « troubles mentaux » et renvoyé dans ses foyers[1]. Plus tard, surtout dans les années 1930, on lui rappellera ses deux mois de mobilisation, surtout chez les nationalistes, dont des adhérents des Croix-de-Feu, ou de la Cagoule, en particulier pour sa participation au film Les Croix de bois, de Raymond Bernard, qui abordait la détresse des Poilus au front. Ses détracteurs l'accusèrent d'être un faux ancien combattant, un déserteur (alors qu'il ne l'était pas), un "embusqué", etc. Cette polémique affectera profondément Charles Vanel. Pendant la guerre, il suit de nombreuses tournées théâtrales, notamment avec Lucien Guitry. Il entre par la suite chez Firmin Gémier, au théâtre Antoine, avant de se consacrer exclusivement au cinéma. Il joue dans de nombreux films muets dans les années 1910 et 1920, particulièrement dans des rôles de personnages bourrus et amers et mène une fructueuse carrière de comédien.
Charles Vanel réalise en 1929 son unique long métrage, un film muet, Dans la nuit. En 1931, il tourne encore un court métrage, Affaire classée avec Pierre Larquey et Gabriel Gabrio, ressorti en 1935 sous le titre Le Coup de minuit.
Le succès
Lors de l'avènement du parlant, sa voix phonogénique et les inflexions qu'il lui donne consolident sa popularité, et il atteint la consécration. Il travaille souvent pour Maurice Tourneur et Raymond Bernard. Il a souvent Gaby Morlay pour partenaire.
À la Libération, en 1944, il est inquiété par la Résistance, mais finalement mis hors de cause, son soutien au maréchal Pétain s'expliquant, d'après lui, par ses souvenirs d'ancien combattant de la Première Guerre mondiale alors qu'il n'y avait pas participé. Charles Vanel dénonce les dérives de la France de Vichy, et surtout, étant patriote, ne cautionne pas la collaboration avec les Allemands.
À partir de 1948, il tourne beaucoup en Italie.
Il interprète Jo dans Le Salaire de la peur d'Henri-Georges Clouzot, en 1953. Il y incarne un conducteur de camion, dur à cuire qui dévoile au fur et à mesure du film sa fragilité intérieure. Il a pour partenaire Yves Montand. Avec ce film, Vanel obtient le prix du meilleur acteur au festival de Cannes.
L'acteur est de nouveau dirigé par Clouzot deux ans plus tard dans Les Diaboliques où il est Alfred Fichet, commissaire à la retraite. La même année, il joue avec Grace Kelly dans La Main au collet d'Alfred Hitchcock. Dans ce film, il interprète le cauteleux et ambigu Bertani, restaurateur niçois, ancien collègue de John Robie (Cary Grant) dans la Résistance.
Un de ses derniers rôles est celui de Trois Frères en 1981, également réalisé par Rosi, où, presque nonagénaire, il joue le personnage d'un vieux fermier de la région des Pouilles, veuf, qui reçoit la visite de ses trois enfants. Il obtient en Italie le David di Donatello du meilleur acteur dans un second rôle.
En 1986, il enregistre la chanson La vie rien ne la vaut en duo avec Mireille Mathieu.
À partir de 1972, même si Charles Vanel souhaitait continuer à poursuivre une carrière régulière au cinéma, il sera néanmoins freiné dans cet élan, car pour les compagnies d'assurances, il venait de dépasser l'âge de 80 ans et sa présence dans un film pouvait potentiellement être risquée. Désormais, pour ces nouveaux films et projets, il suivra rigoureusement des visites médicales obligatoires qui d'ailleurs ne diagnostiqueront rien d'alarmant.
En 1975, Charles Vanel sera très affecté par la mort de son ami comédien Michel Simon décédé à l'âge de 80 ans.
Vanel se retire sur la Côte d'Azur, à Mouans-Sartoux (Alpes-Maritimes), dans l'arrière-pays cannois. En 1982, il est victime d'un cambriolage et réussit à mettre en fuite le cambrioleur. C'est dans cette région, qu'il meurt et est incinéré en 1989. Une partie de ses cendres a été dispersée au large de Menton, le reste a été placé au cimetière de Mougins ou Mouans-Sartoux[2],[3],[4], où il vivait avec Arlette Bailly, sa troisième épouse, de 36 ans sa cadette, morte en 2015 à 87 ans.
En 2002, à la demande du cinéaste Bertrand Tavernier, Louis Sclavis a composé et enregistré une musique pour le seul long métrage réalisé par Charles Vanel, un film muet de 1929 : Dans la nuit.
1972 : Les Thibault, feuilleton en six épisodes de quatre-vingt-dix minutes d'André Michel, pour les trois premiers et Alain Boudet, pour les trois derniers : Oscar Thibault
↑film tourné en dix épisodes : L'ami félon, Le secret de l'étang, L'ambition au service de la haine, L'implacable verdict, Le pont vivant, La voix du sang, Les caprices du destin, En champs-clos, Les angoisses de Corradin, Le triomphe de l'amour