Après de brillantes études au collège de Moulins, Louis-Hector, marquis de Villars, entre aux pages de la Grande Écurie en 1670, puis aux mousquetaires en 1671. Il servit comme aide de camp du maréchal de Bellefonds et suivit le Roi au siège d'Orsoy. Il se trouva aux sièges de Zutphen, Crèvecœur et Doesbourg.
Le courage qu'il fit paraître au passage du Rhin, le fit nommer au grade de cornette à la compagnie de chevau-légers de Bourgogne, dont il fut pourvu par brevet du 22 juillet. Villars finit la campagne au sein de la gendarmerie d'ordonnance.
Il servit en 1675 en Flandre sous le Maréchal de Luxembourg qui se tint sur la défensive, et se contenta d'envoyer quelques partis. Le Marquis de Villars en commanda un de 400 chevaux avec lequel il chargea la nuit un détachement de cavalerie ennemie, le renversa le mit en fuite et fit plusieurs prisonniers. S'étant approché à la pointe du jour de l'armée, du Prince d'Orange pour en enlever les gardes avancées il vit un gros corps des ennemis marcher de la gauche pour le couper. Il se retira dans les bois voisins reparut quelques heures après comme s'il eût été un parti de Hollande qui revenait de la guerre, enleva les gardes de cavalerie, tua ou prit les Capitaines qui se promenaient le long du camp. Toute l'aile gauche des ennemis monte à cheval, le Marquis de Villars rentre dans le bois passe un ruisseau, forme ses troupes et demeure en bataille. Les ennemis n'osant pas passer le ruisseau en sa présence, Villars se retire alors avec ses prisonniers.
En 1687, en qualité d'envoyé officieux, il est dépêché à Munich en vue d'entamer des négociations avec l'électeur de Bavière pour le convaincre, en vain, d'infléchir sa politique dans un sens plus favorable aux intérêts français[3]. Son ascension est favorisée par Madame de Maintenon qui contrecarre son opposant, le ministre Louvois. Dans les années précédant la guerre de Succession d'Espagne, il est envoyé extraordinaire à Vienne où son action est appréciée par Louis XIV[4].
Nommé lieutenant général des armées du roi le , il est employé à l'armée d'Allemagne où il obtient le commandement de la cavalerie le 27 avril. En 1696, il est employé à l'armée d'Italie où il commande la cavalerie par commission du 17 avril. Il commande encore la cavalerie à l'armée du Rhin en 1697.
Maréchal de France
Villars sert à l'armée d'Allemagne sous le maréchal de Catinat le , et prend le commandement d'un corps détaché de cette armée le 18 septembre, devant faire la jonction avec les troupes de l'Électeur. Il se rend à Huningue le 30 septembre où il se retranche, puis prend Neubourg, sur la droite du Rhin, avec mille hommes le 11 octobre à la faveur d'un renseignement ; cette prise ouvrait le Brisgau et menaçait les communications du prince de Bade avec Fribourg.
En 1709, il est blessé à la bataille de Malplaquet, où les alliés victorieux subissent plus de pertes que les Français vaincus. À la suite de cette action, il est fait pair de France[2].
Entre 1710 et 1712, il est nommé gouverneur de la ville de Metz. Ceci lui permet de continuer la perception de revenus, mais surtout de lui assurer sa convalescence[7].
En 1712, par sa victoire de Denain, il sauve les armées de Louis XIV de la défaite. La même année, il devient gouverneur de Provence, fonction qu'il conservera jusqu'à sa mort, et à laquelle son fils lui succède. En 1713, par la reprise de Landau, il met en échec son vieil adversaire Eugène de Savoie. Les deux généraux se retrouvent l'année suivante comme négociateurs du traité de Rastatt en mars et du traité de Baden en septembre. Les deux hommes s'estimaient mutuellement et Villars aurait dit à Eugène : « Mes ennemis sont à Versailles, et les vôtres à Vienne ».
De 1715 à 1718, sous la Régence, il préside le Conseil de la guerre. Il s'investit consciencieusement dans sa présidence et sa collaboration avec le duc de Guiche, vice-président de ce Conseil de la guerre, se passe dans des conditions acceptables. Mais en 1718, le Conseil de la guerre devient, selon le mot de Saint-Simon, "une pétaudière". Villars est déstabilisé à la fois par les querelles de préséance avec le duc de Bourbon et par la concurrence de Claude Le Blanc, qui travaille directement avec le Régent. Ce dernier décide de se rendre régulièrement au Conseil de la guerre pour apaiser les tensions. Au cours de l'année 1718, l'activité du Conseil de la guerre, comme celle des autres conseils de la Polysynodie, décline considérablement, que ce soit en termes de fréquence des réunions ou de volume des affaires traitées. Finalement, le , le Régent met fin à la polysynodie, qui se grippe et est l'objet de critiques de plus en plus fortes. Le Conseil de la guerre est supprimé par une simple lettre du Régent à Villars[8].
Parmi les mots qu'on lui doit, quand il apprend que Berwick avait eu la tête emportée par un boulet lors du siège de Philippsburg (cinq jours avant sa propre mort), Villars dit : « Cet homme a toujours eu plus de chance que moi[9] ! »
Dans son testament, Villars a constitué près de 2 500 livres tournois de pension aux plus anciens soldats des régiments où il a servi ou qu'il a commandé. Ainsi, même proche de la mort, il se comporte en chef de guerre[10].
Mariage et descendance
Il épouse le 1er février 1702 Jeanne Angélique Roque de Varengeville, fille de Jacques Roque, chevalier, seigneur de Varengeville, ambassadeur à Venise, secrétaire des commandements du duc d'Orléans, et de Charlotte Angélique Courtin des Mesnuls. Beaucoup plus jeune que lui, elle meurt le 3 mars 1763. Elle lui apporte l'hôtel de Varengeville, construit par sa mère à Paris, dans le Faubourg Saint-Germain, qu'elle vendra en 1736, le comté des Mesnuls, provenant de sa famille maternelle, qu'elle vend en 1739, et la seigneurie de Galleville, provenant de sa famille paternelle, que leur fils vendra en 1764. Dont :
Armand Honoré de Villars, second et dernier duc de Villars, pair de France, brigadier des armées du Roi, gouverneur de Provence, grand d'Espagne, chevalier de la Toison d'or, membre de l'Académie Française (4 octobre 1702 - 27 avril 1770), marié en 1721 avec Gabrielle Amable de Noailles[11].
Louis de Villars (22 décembre 1703 - 8 août 1704).
Hyacinthe Rigaud exécuta de lui en 1705 un grand portrait d'apparat, dont il existe plusieurs répliques[13].
Jugement de ses contemporains
Voltaire a dit de lui : « Il savait par cœur les beaux endroits de Corneille, de Racine, et de Molière. Je lui ai entendu dire un jour à un homme d’État fort célèbre, qui était étonné qu’il sût tant de vers de comédie : « J’en ai moins joué que vous, mais j’en sais davantage[14]. ». Le vers souvent attribué à Voltaire, « L’heureux Villars, fanfaron plein de cœur », considéré par certains comme une juste appréciation du duc de Villars, serait une interpolation[15].
Le stratège
Le maréchal de Villars, rendu célèbre par la victoire de Denain, était un général prudent, mais savait dans l'occasion exposer sa vie comme un soldat. Comme on le pressait de mettre une cuirasse, pendant un combat qui paraissait devoir être sanglant, il s'y refusa, et dit à haute voix, au milieu des troupes : « Je ne crois pas ma vie plus précieuse que celle de tous ces braves gens ». Une autre fois, comme on lui conseillait de ne point aventurer une existence aussi importante que la sienne, il répondit qu’« un général devait exposer sa vie comme il exposait celle des autres[9]. »
Statue de Claude Louis Hector de Villars, Hôtel de ville d’Aix-en-Provence.
Claude Louis Hector de Villars, gravure éditée par Daumont.
Publications
Mémoires du duc de Villars, pair de France, Maréchal général des armées de S. M. T. C. (3 volumes, 1735-36). Les deux derniers volumes sont des faux fabriqués par l'abbé qui les édita.
Campagne de Monsieur le maréchal de Villars en Allemagne, l'an MDCCIII, contenant les Lettres de ce maréchal et celles de plusieurs autres officiers généraux au Roi et à M. de Chamillart, avec les Réponses du Roi et de ce ministre ; recueil formé sur les originaux qui se trouvent en dépôt au Bureau de la guerre de la Cour de France (2 volumes, 1762) ;
Mémoires du maréchal de Villars, publiés, d'après le manuscrit original, pour la Société de l'histoire de France, et accompagnés de correspondances inédites, par M. le Mis de Vogüé (6 volumes, 1884-1904).
Armoiries
Figure
Blasonnement
D'azur, à trois molettes (6) d'or, au chef d'argent chargé d'un lion léopardé de gueules.[16],[17],[18]
Notes et références
↑Né à Moulins selon le Grand Larousse encyclopédique, Victor Adolphe Malte-Brun, dans la France illustrée (v. 1882), le donne comme natif de Condrieu, Rhône.
↑ a et bFadi El Hage, « Villars et Denain », émission Au cœur de l'histoire sur Europe 1, 10 janvier 2013.
↑Klaus Malettke, Les relations entre la France et le Saint-Empire au XVIIe siècle, Honoré Champion, Paris, 2001, p. 479, 486.
↑« Il faudrait commencer les exécutions, desquelles je dois attendre d'autant plus d'effet que nos soldats n'ont rien brûlé jusqu'à présent, et que les ennemis verront que c'est par ordre, quant ils ressentiront les rigueurs de la guerre et qu'il dépend d'eux de les faire cesser. Enfin, Sire, il faut leur donner la loi. Je sais comme l'on mène les Allemands. » Lettre du 16 mai 1703 dans Malettke, p. 600.
↑Général Pierre Denis, Gouverneurs de Metz et commandeurs 1552-2002, Metz, Editions Serpenoise, , 439 p. (ISBN2-87692-678-4), p.48
↑Alexandre Dupilet, La Régence absolue. Philippe d'Orléans et la polysynodie (1715-1718), Seyssel, Champ Vallon, coll. « époques », , 437 p. (ISBN978-2-87673-547-7)
↑ a et bD'après Th. H. Barrau, Livre de morale pratique, Paris, Hachette et Cie, .
↑Simon Surreaux, Servir le Roi. Vie et mort des maréchaux de France au XVIIIe siècle, Paris, Vendémiaire, , 219 p. (ISBN978-2-36358-284-3)
↑Christophe Levantal, Ducs et pairs et duchés-pairies laïques à l'époque moderne (1519-1790), Paris, Maisonneuve & Larose, , 1218 p. (ISBN2-7068-1219-2), p. 972-976
↑Alexandre Maral & Valérie Carpentier-Vanhaverbeke, Antoine Coysevox, le sculpteur du Grand Siècle, Paris, Arthena, , 579 p. (ISBN978-2-903239-66-4), p. 380-382
↑Le siècle de Louis XIV, Catalogue de la plupart des écrivains français qui ont paru dans le Siècle de Louis XIV, pour servir à l’histoire littéraire de ce temps (1751).
Chronique historique-militaire, Pinard, tome 2, Paris 1760 ;
Ch Giraud, La Maréchale de Villars et son temps, 1881, Paris, Imprimerie nationale, IX-299 pages, Lire en ligne ;
« La Dernière Campagne de Villars », Revue historique de l'Armée, publication trimestrielle de l'État-Major de l'Armée, première année no I, ;
François Ziegler, Villars, le centurion de Louis XIV, édition Perrin, 1996.
Alexandre Dupilet, La Régence absolue. Philippe d'Orléans et la polysynodie (1715-1718), Seyssel, Champ Vallon, coll. « époques », , 437 p. (ISBN978-2-87673-547-7)