D'origine afro-caribéenne, Colin Powell naît dans une famille d'immigrants jamaïcains et est élevé dans le quartier de Harlem à New York[1]. Il est le fils de Luther Theophilus Powell (1898-1978), un magasinier expéditionnaire, et de Maud Ariel McKoy (1901-1984), une couturière. Ses ancêtres sont Africains, Écossais et Irlandais[2]. Il a grandi dans le quartier du South Bronx à New York[1].
Alors que Colin Powell n’avait guère de projet, il découvre lors de sessions à la Reserve Officers' Training Corps (ROTC) ses capacités de commandement[5]. Il suit l'ensemble du programme en tant qu'élève-officier-cadet et sort avec le grade de " cadet colonel ", qui est la plus haute distinction pour un élève-officier. En 1958, il entre dans l'armée de terre avec le grade de Second Lieutenant[6] et sert dans l'infanterie.
Carrière militaire
Colin Powell en tant que général, chef d’État-Major des armées.
Conseiller, en tant que capitaine, placé auprès d'une unité de l'armée sud-vietnamienne, il tente de couper la guérilla du Front national de libération du Sud Viêt Nam de ses bases sociales en incendiant des villages dans la vallée d'A Shau. Cette stratégie sera critiquée comme cruelle et contre-productive par d'autres conseillers américains mais il justifiera ses actions dans ses mémoires publiées en 1995[9].
Pendant qu'il patrouillait le long de la frontière séparant le Viet-Nam du Laos[3], il est blessé en chutant dans un piège du type pieu Punji[10],[11],[4],[12] ; une infection au pied se déclare écourtant ainsi sa présence au Viet-Nam[13]. À la fin de sa première mission au Viet-Nam, il est décoré de la Purple Heart et de la Bronze Star[8].
En 1968, il est à nouveau envoyé au Viet-Nam comme commandant au sein de la 23e division d'infanterie[13].
Lors de cette seconde période au Viet-Nam (1968-1969), il est victime d'un accident d'hélicoptère et s'illustre par ses actes de bravoure pour sauver ses soldats ; pour cela, il sera décoré de la Soldier's Medal[3]. Il est également chargé d'enquêter sur le massacre de Mỹ Lai et il dissimulera cet « incident » (comme le montrent les journalistes Solomon et Parry)[8].
Après deux périodes au Viêt-Nam, il profite d'une bourse de l'armée pour suivre des cours à la George Washington University, où il obtient un MBA en 1971[14],[15].
En 1972, Colin Powell est nommé commandant du 1er bataillon du 32e régiment d’infanterie de la 2e division d'infanterie[16], stationnant sur la zone démilitarisée de la Corée du Sud[17],[18].
Il est nommé officier de liaison de l'U.S. Army auprès du département de la Défense, en poste à Washington.
En tant que chef d’État-Major des armées, il conduit les troupes américaines et alliées à la victoire face à Saddam Hussein lors de la guerre du Golfe (1990-1991)[21].
Une doctrine militaire porte son nom, la doctrine Powell, dans laquelle il définit les règles pour un engagement des États-Unis dans un conflit militaire.
De 1987 à 1989, Colin Powell est le conseiller à la sécurité nationale du président Ronald Reagan et à ce titre préside le Conseil de sécurité nationale en remplacement de Frank Carlucci. Il est le premier Afro-américain et le plus jeune officier à occuper de telles fonctions. De sensibilité plutôt démocrate[réf. nécessaire], le général Powell reste fidèle au parti de Reagan (républicain), entraînant avec lui bon nombre de Noirs américains, séduits par le culte de l'effort personnel (« self-help ») et de la réussite individuelle, spécifiques des années Reagan. Grand admirateur aussi de Martin Luther King, il dit un jour que « le temps des droits civiques appartient désormais à l'histoire ancienne des États-Unis. »
Un temps pressenti comme candidat républicain à la présidence des États-Unis, il y renonce, tout comme il décline la proposition du candidat Bob Dole d'être son colistier pour la présidentielle de 1996.
Secrétaire d'État des États-Unis
George W. Bush, 43e président des États-Unis, le nomme secrétaire d'État — le 65e à occuper ce poste — le et le Sénat approuve ce choix à l'unanimité : Colin Powell entre en fonction le .
Le , Colin Powell est amené de manière très controversée à présenter devant le Conseil de sécurité des Nations unies[22],[23] un épais dossier à charge contre le régime de Saddam Hussein contenant des preuves fabriquées (ou ayant été reconnues comme telles par la suite)[24], relatives à l'existence d'armes de destruction massive en Irak. Selon U.S. News & World Report, découvrant le discours au contenu douteux rédigé par Lewis Libby, directeur du cabinet du vice-président Dick Cheney, Colin Powell se serait écrié « Je ne vais pas lire cela. C’est des conneries »[25],[26]. Dans ce discours, qui apparaîtra comme l'un des prologues de la guerre d'Irak, il affirme : « il ne fait aucun doute que Saddam Hussein possède des armes biologiques et la capacité de produire rapidement plus, beaucoup plus » ; puis il déclare : « [il n'y a] aucun doute dans mon esprit que Saddam travaille pour obtenir des composants clefs pour produire des armes nucléaires ». Le dossier cité par Colin Powell a été fourni par l'administration de Tony Blair, qui reconnaît dès le des « gaffes » dans le dossier. Le , les journaux anglais identifient les véritables auteurs du rapport — les services de communication de Downing Street — et la pauvreté des sources qu'ils ont utilisées : plagiat universitaire et sources suspectes[27].
Lors de la campagne électorale de 2004, Powell informe le président George W. Bush de son souhait de ne pas conserver ses responsabilités au sein du futur Cabinet : il présente ainsi sa démission le , dès lors que la réélection de George Bush est acquise. Il quitte son poste le et la conseillère à la sécurité nationale Condoleezza Rice lui succède.
En , il exprime son « amertume » à propos de sa présentation du dossier irakien devant l’ONU : interrogé sur ABC News, il explique que cette présentation, en grande partie fausse, fait « tache » dans sa carrière[28]. En 2011, Colin Powell demande à la CIA et au Pentagone des explications sur les fausses informations qui lui avaient été communiquées en 2003[29].
Dans un entretien en 2013, Colin Powell reconnaît qu'au sujet des armes de destruction massive en Irak« Saddam Hussein (...) n'en possédait pas un gramme »[31]. Selon le journaliste Jon Schwartz, Powell aurait délibérément menti durant son discours du et n'ignorait pas que l'Irak ne disposait plus d'armes de destruction massive[32].
(en) coécrit avec Joseph E. Persico, A Soldier's Way : An Autobiography, Arrow, .
(en) coécrit avec Eliot A. Cohen et Lawrence J. Korb, U.S. Defense Policy, Council on Foreign Relations Press, .
J'ai eu de la chance : Mes conseils pour réussir dans la vie et dans l'exercice du leadership, Paris, Odile Jacob, 2013.
Notes et références
↑ a et b(en-US) Eric Schmitt, « Colin Powell, Who Shaped U.S. National Security, Dies at 84 », The New York Times, (ISSN0362-4331, lire en ligne, consulté le )
↑(en) Jon Schwartz, « Lie After Lie: What Colin Powell Knew About Iraq 15 Years Ago and What He Told the U.N. », The Intercept, (lire en ligne, consulté le ).