Eugène Élie Beaudouin, né le à Paris 5e et mort le à Paris 16e[1], est un architecte et urbaniste français. Précurseur de l'architecture moderne dans l'entre-deux-guerres, il est à l'origine de nombreux grands programmes architecturaux au cours des Trente Glorieuses.
Biographie
Fils de Léon, architecte, et de Marie Durand, il a épousé Joséphine (Josette) Cals en 1928[1], artiste-peintre, connue sous le nom de Joséphine Beaudouin (1909-2005)[2]. Après des études à l'École nationale supérieure des beaux-arts dans l'atelier d'Emmanuel Pontremoli, il est lauréat du Premier Grand Prix de Rome en 1928. Il séjourne à la Villa Médicis de 1929 à 1932 : pendant cette période, il ne se contente pas de rester en Italie et effectue des relevés des monastères du Mont Athos et de la ville d'Ispahan.
Il prend la succession de son père et s'associe à Marcel Lods en 1930. Ils s'intéressent aux problèmes du logement collectif, de l'industrialisation du bâtiment et de préfabrication, en collaboration avec les ingénieurs Vladimir Bodiansky et Jean Prouvé. Au sein de cette association, jusqu'en 1940, il réalise une série de bâtiments considérés comme précurseurs de l'architecture moderne en France : la cité de la Muette à Drancy, dans le cadre des chantiers de cités-jardins de l'OPHLM de la Seine en 1935 y employant des carreaux de Lap, dont la fabrication est devenue industrielle (Sanilap)[3], l'école de plein air de Suresnes (toujours à la demande d'Henri Sellier) et la maison du Peuple de Clichy.
Il mène en parallèle une carrière d'urbaniste : il travaille sur le plan d'urbanisme de La Havane (1928), sur le plan Prost pour l'aménagement de la région parisienne (1934).
Pendant la Seconde Guerre mondiale, en remplacement du « plan Grébert » il réalise un nouveau plan de Marseille, approuvé en par l’État français (Marseille étant alors sous tutelle administrative). Ce plan est abandonné après la Libération par le nouveau pouvoir municipal. Le « plan Beaudouin »[4] prévoyait la destruction des quartiers insalubres du Vieux-Port ordonné en par l’occupant allemand[5].
Après la Seconde Guerre mondiale il continue cette activité d'urbaniste à Monaco, Saïgon, Toulon, Montpellier et Clermont-Ferrand. Architecte en chef des Palais nationaux et des bâtiments publics, reconnu internationalement, il est appelé à réaliser de nombreux projets architecturaux publics : ambassades, logements sociaux, lycées, bâtiments administratifs. Il remporte en 1951 le concours de la cité Rotterdam à Strasbourg, lancé par le gouvernement afin de développer les méthodes d'industrialisation du bâtiment. Il est par ailleurs urbaniste de la Zone à urbaniser en priorité (ZUP) des Minguettes et du quartier Maine-Montparnasse à Paris.
1931-1934 : cité de la Muette à Drancy qui, à peine achevée d’être construite, servit de camp d’internement (partiellement détruite, le reste étant classé MH)[8]
↑Collectif, Lap, le ciment-roi de l'Art déco, catalogue de l'exposition éponyme de la Maison des Arts à Antony du 17 septembre au 2 novembre 2014, Impr. Le Réveil de la Marne, juillet 2014. 20. p., et dépliant de l'exposition
Thèse d'architecture no 2943 de l'École polytechnique de Lausanne, 2004 [Présentation en ligne].
(it) Giuseppina Lonero, « Gli envois de Rome di Eugène Beaudouin : lo studio dell’antichità come lettura della composizione urbana », Annali di architettura, Vicence, no 13, , p. 181-192 (lire en ligne)
Article sur les envois de Rome de E. Baudouin.
Pieter Uyttenhove, Beaudouin et Lods, Paris, Carnets d'architectes, Paris, Éditions du Patrimoine, 2012.
Pieter Uyttenhove, Marcel Lods (1891-1978). Action, architecture, histoire, Collection Art et Architecture, Paris, Éditions Verdier, 2009, 504 pages
Paola Veronica Dell’Aira, Eugène Beaudouin, Marcel Lods : École de plein air, Momenti Di Archittetura Moderna, Firenze, Alinea, 1992.
Filmographie
Ruben Ter-Minassian, Histoire d'Eugène Beaudouin, architecte et urbaniste, Prod. Ministère de l'Urbanisme, Vidéothèque de Paris, 60 min, 1983